26 février 2010

Dracula, de Bram Stoker


La lecture commune pour le Book Club de Livraddict du mois de février portait sur le fameux "Dracula" de Bram Stoker. L'occasion de retourner aux sources de la littérature bit-lit en vogue en ce moment et de découvrir un classique de la littérature que je ne connaissais pas du tout.


Résumé:

Jonathan Harker, clerc de notaire londonien, est envoyé en Transylvannie pour aider le comte Dracula à préparer un futur voyage en Angleterre. Il se rend rapidement compte que son hôte est un être très étrange qui ne se nourrit pas, n'apparaît pas dans les miroirs, vit uniquement la nuit et marche horizontalement le long des murs... Au fil des jours, Jonathan réalise qu'il est en réalité prisonnier du comte, et que sa vie est en danger.


Mon avis:

De façon générale, j'ai été très heureuse de découvrir ce classique de la littérature anglo-saxonne et de la culture populaire, le genre de livres dont tout le monde connaît le titre sans rien en savoir. L'histoire est intéressante et, d'après Wikipédia, si ce n'est pas le premier récit mettant en scène un vampire, c'est en tous cas celui qui crée les caractéristiques du vampire tel qu'on le connaît à l'heure actuelle. 

Un des aspects intéressants d'après moi, c'est la narration sous forme épistolaire - ou plutôt, pour être précise, sous la forme d'écrits par des personnages divers. Il s'agit principalement des journaux pas très intimes des personnages principaux, leurs memoranda, correspondance, des articles de journaux, etc. Le récit est donc divisé en parties de longueurs différentes et raconté par la voix de plusieurs protagonistes. Certains faits sont découverts indirectement, via quelques mots dans une lettre ou un télégramme. En plus de ça, ces documents font également partie de l'histoire: s'ils n'ont aucun lien au début, lorsque les différents auteurs se rencontrent et entament leur chasse au vampire, ils les rassemblent pour en faire le dossier qu'ils utilisent pour documenter leur enquête. Ca n'empêche que les différents narrateurs ne se limitent pas aux faits mais n'hésitent pas à dévoiler leurs sentiments et impressions, comme s'ils ne pouvaient s'empêcher d'exprimer les émotions qui les submergent dans les moments les plus impressionnants. Ceci rajoute une dimension au livre que j'ai beaucoup appréciée.

Il y a aussi beaucoup à dire concernant la construction de ce roman classique (XIXè siècle, dans la lignée des romans dits gothiques) et la vision du monde qu'il reflète.  Je m'interroge encore sur le but de Stoker: dépeindre les moeurs de son temps, ou les dénoncer subtilement ?  

Il ne cesse par exemple de dépeindre les différences de classes sociales: il y a les personnages principaux représentant la noblesse (Lord Arthur Godalming), la richesse récente (Quicey Morris) et la bourgeoisie éduquée (les deux docteurs, et dans une moindre mesure, Jonathan et Mina); et puis il y a le reste du peuple, qui parle un argot difficilement compréhensible assorti à une orthographe complètement fantaisiste, qui ne cesse de demander de l'argent pour le moindre renseignement et l'utilise pour s'enivrer, et qui devient obséquieux dès que Lord Godalming apparaît. Mais ces différences sont tellement accentuées et répétées que ça en devient soit une maladresse assez évidente de l'auteur, soit une façon pour lui de dénoncer la condescendance des classes "supérieures" envers le peuple. 

Le même genre de condescendance apparaît envers le docteur Van Helsing: même s'il est considéré comme un très éminent docteur, jamais critiqué, toujours admiré et le chef du petit groupe de héros, ses écrits et discours sont quand même parsemés (en anglais) de fautes de grammaire dont certaines sont très graves et assez peu crédibles pour un personnage qui possède un si large vocabulaire dans cette langue. Encore une fois: une façon très lourde de présenter l'étranger comme inférieur puisqu'incapable de maîtriser la langue, ou une insistance sur ce point dans le but de dénoncer ce genre de préjugé ?

Un dernier exemple de ce procédé s'applique à la vision des femmes: sans cesse, elles sont présentées par les personnages masculins comme de jolis objets destinés à rester à la maison et à apporter au ménage la sensibilité d'une femme tout en laissant à l'homme le rôle de dirigeant, la capacité et l'intelligence. Ce sont aussi des êtres très fragiles, qu'il faut protéger à tout prix (c'est le rôle de tout gentleman) et à qui il faut épargner la moindre contrariété sous peine de mettre leur santé en péril. Pourtant, la principale personnage féminine de cette histoire contradit entièrement ces principes. Elle est bien la plus forte de tous, capable de prendre des décisions très dures, elle résiste admirablement au pouvoir du vampire, et c'est son intelligence qui permet de reprendre la traque quand tout semble perdu. D'ailleurs, c'est quand les hommes essaient de l'épargner en lui cachant leurs activités pour ne pas la troubler qu'ils la mettent le plus en danger...  Comme dit Van Helsing, Mina a la sensibilité d'une femme et l'intelligence d'un homme - une assertion assez contradictoire, puisqu'elle prouve justement que l'intelligence n'est pas l'apanage des hommes.

Au niveau des personnages, quelqu'un a fait remarquer pendant le Book Club la correspondance entre Van Helsing et Dracula, qui représentent un peu les faces bonne et mauvaise de la même personnalité. Dracula lui-même est plutôt décrit par ses pouvoirs que par son état mental; on sait juste qu'il représente le mal absolu qui a envahi une pauvre âme interdite de paradis. D'ailleurs le chasser est en réalité lui rendre service, tuer le monstre qui le possède depuis des centaines d'années. Mais ni Van Helsing ni Dracula ne sont exempts d'erreurs: si Van Helsing avait fait moins de mystères de ses connaissances des vampires, il aurait pu éviter de gros dommages, et si Dracula avait agi de façon plus intelligente à Londres, il aurait pu ne pas s'y faire repérer. Les quatre autres hommes sont un peu en retrait face à ces deux fortes personnalités. Seule Mina tient la comparaison: une femme admirable qui, comme je le dis plus haut, sort de sa condition sans vraiment la combattre.

Pourtant, si j'ai beaucoup à dire sur ce roman, ce n'est pas pour ça que je suis totalement séduite. J'ai mis longtemps à le lire, en partie parce que j'étais occupée, en partie parce que je n'étais pas particulièrement impatiente de connaître la suite, ce qui est un assez mauvais signe pour un roman d'aventure et de suspense. L'histoire est loin d'être effrayante, et à mon avis ce roman a mal vieilli. 

Il y a d'abord le fait que les lecteurs d'aujourd'hui sont familiers avec la représentation des vampires que les premiers lecteurs de cette oeuvre découvraient; tout le suspense sur la nature de la maladie  de Lucy se transforme aujourd'hui en longueurs pénibles puisqu'on sait immédiatement de quoi il s'agit.  Il y a aussi le style narratif, un peu long, un peu pompeux; ce n'est pas dérangeant chez un grand écrivain comme Dickens, mais sous la plume de Bram Stoker, les longs discours de Van Helsing ou les fréquentes descriptions du comportement de Renfield pèsent assez lourd. Entre le début, au château de Dracula, et la dernière partie, la chasse à proprement dite, j'ai eu de nombreuses fois l'occasion de m'ennuyer. Ce sentiment a peut-être été accentué par le fait que j'ai dû hacher ma lecture en plusieurs fois, c'est possible... D'autant plus que d'autres lecteurs d'aujourd'hui ont beaucoup aimé, comme par exemple Thalia.

Au final, un livre que je suis contente d'avoir lu et contente d'avoir enfin fini. Je vous le recommande si vous êtes curieux, peut-être moins si vous cherchez un moment de détente... 

20 février 2010

Petits suicides entre amis, d'Arto Paasilinna

Je vous remets ici une critique publiée il y a plusieurs mois sur le blog littéraire de Jessica, qui m'avait fait le plaisir de me laisser publier mes premières critiques sur ses pages...

Il y a une chose que vous devez savoir à propos de moi, Nathalie, contributrice à temps très partiel sur ce joli blog: j'habite depuis plus d'un an et demi dans un beau pays nordique qui s'appelle la Finlande. Vous savez, ce pays peu connu tout en haut à droite de la carte européenne, coincé entre la Suède et la Russie, qui s'étire au nord jusqu'au cercle polaire; le pays du Père Noël (le vrai !) et des 100.000 lacs; celui où l'on a inventé le sauna, à la fois pour se réchauffer en hiver et pour se donner l'occasion de boire beaucoup d'alcool; ce petit état  de cinq millions d'habitants fournisseur officiel de pilotes automobiles tel que Mika Häkkinen, Kimi Räikkönen et Heikki Kovalainen...  Un pays très étrange, coupé du monde pendant si longtemps que ses habitants, descendants de bûcherons et d'éleveurs de rennes façonnés par la vie dure et le froid, ont gardé jusqu'à aujourd'hui le côté pragmatique, honnête, taiseux et le goût pour la nature de leurs ancêtres...

Les Finlandais n'ont pas une grande tradition littéraire; leur langue a été mise par écrit il y a seulement deux cents ans et en-dehors de Mika Valtari, auteur de "Sinuhé l'Egyptien", peu d'oeuvres littéraires ont fait leur chemin vers la traduction. Mais il y a un auteur finlandais que je lis avec énormément de plaisir et que je voudrais vous faire découvrir: Arto Paasilinna. Je n'ai pas lu toutes ses oeuvres, mais ma préférée (jusqu'à présent) c'est "Petits suicides entre amis".


L'histoire:

Un matin de Saint-Jean, alors que toute la Finlande fête le jour le plus long de l'été, l'homme d'affaires Onni Rellonen décide de se suicider dans une vieille grange. Malheureusement, la place est déjà prise: le colonel Hermanni Kemppainen est occupé à s'y pendre. Les deux hommes se prennent d'amitié sans renoncer à leur projet, et constatent ensemble que se suicider n'est pas une mince affaire; ne serait-ce pas plus facile de faire ça en groupe ?  En réunissant les candidats à l'auto-destruction, on pourrait tenter de trouver des solutions aux déprimes des uns et des autres, et pour ceux qui persisteraient dans leur projet, élaborer des méthodes de suicide élégantes ou originales, se faire des amis dans les derniers instants, ou obtenir des prix de groupes auprès des pompes funèbres... Enthousiasmés par leur idée, Rellonen et Kemppainen passent une petite annonce, engagent une secrétaire, organisent un symposium de suicidaires, montent une association, et de fil en aiguille, s'en vont en groupe pour un grand tour d'Europe à la recherche du suicide idéal - ou peut-être d'une nouvelle raison de vivre...


Mon avis:

Ce roman est absolument en-dehors de tous les schémas traditionnels. Honnêtement, qui oserait écrire tout un roman sur un fait de société aussi sensible que le suicide (dont la Finlande a l'un des taux les plus élevés au monde), et qui plus est, le traiter avec dérision ?  Quel auteur pourrait prendre cette gageure sans tomber dans le morbide ou l'humour lourd ?  La réponse est: Paasilinna. Malgré le thème terriblement sombre, pas une seule phrase de ce roman ne met mal à l'aise. Il ne s'agit pas ici d'êtres désespérés dont la souffrance ne peut conduire qu'à la mort, mais d'une bande d'hommes et de femmes pragmatiques jusqu'à l'extrême derrière lesquels se cachent, en fait, de joyeux lurons. Il n'y a pas le moindre brin de sentimentalisme chez ces personnages, ils restent pratiques avant tout et prennent des décisions purement logiques qui les entraînent dans un périple de plus en plus loufoque. Pour ceux qui cherchent un roman sensible et torturé sur les causes du desespoir, passez votre chemin.

Par contre, ceux qui veulent passer 292 pages à sourire jusqu'aux oreilles tout en se surprenant à chaque page de trouver autant de comique dans un sujet aussi grave, vous êtes ici chez vous. Paasilinna a un humour extraordinaire emballé dans un style extraordinairement pince-sans-rire. Il se moque sans pitié mais avec tendresse de ses compatriotes, et souligne, l'air de rien, leurs défauts et leurs qualités. On ne peut s'empêcher de suivre les aventures de ses personnages avec avidité, et ce n'est qu'en levant les yeux au détour d'une page qu'on se rend compte de toute l'absurdité de leur histoire. En fin de compte, ce n'est pas vraiment le périple de désespérés vers le suicide que l'on a l'impression de suivre, mais plutôt le Petit Nicolas en colonie de vacances !

En résumé, je vous conseille chaudement ce roman qui m'a séduite: la découverte en vaut la peine, et il permet en plus d'en apprendre un peu sur la Finlande et ses étranges habitants. Ceux qui l'apprécient peuvent continuer l'aventure avec d'autres oeuvres de Paasilinna, comme "Le Lièvre de Vatanen" (un Finlandais décide de tout laisser tomber après avoir adopté un petit lièvre sauvage, et part vivre au jour le jour sur les routes de son pays), ou "Prisonniers du Paradis" (après un accident d'avion, un groupe de bûcherons finlandais et d'infirmières suédoises se retrouvent prisonniers sur une île déserte). Dans chacune de ces oeuvres on retrouve cet humour pince-sans-rire que j'ai vraiment adoré.

Petits suicides entre amis de Arto Paasilinna
Traduit du finnois par Anne Colin du Terrail
aux Éditions Denoël, Collection Folio, n°4216
Publié en 2003 pour la version française, 1990 pour la version originale
292 pages

14 février 2010

Les Prophéties du Centenier, de Simon Le Centenier

Il y a quelques temps, Livraddict a proposé un partenariat un peu particulier avec les éditions Alphée: les inscrits recevraient des livres "surprises" de temps en temps, qu'ils ne choisiraient pas et sans être prévenus des titres à l'avance. J'aime l'aventure alors je me suis lancée de bon coeur. Le premier livre reçu fut "Les Prophéties du Centenier". Et je dois bien avouer que je ne m'attendais pas à ça !


Résumé:

"Les quatrains ici présentés sont des textes révélés.  Celui qui les a "reçus", mon ami, disparu depuis 1959, souhaitait rester dans l'ombre, et ne voulait pas qu'ils fussent connus avant au moins un demi-siècle.  Aujourd'hui, en cette fin d'année 2008, je me sens enfin autorisé à les faire apparaître en pleine lumière."
Celui que l'auteur de la préface présente sous le nom de Simon le Centenier était un moine bénédictin au début du XXème siècle. En l'espace de plusieurs décénies, il eut des "révélations", 179 quatrains mystérieux soufflés à son oreille qui semblent prédire le destin de notre planète. Le livre a pour but de présenter ces textes en laissant aux lecteurs le soin de les déchiffrer leur sens caché.


Mon avis:

Le livre commence par une longue préface signée de la main d'Albio Falberi, un ancien ami de Simon qui se présente comme son légataire.  D'une jolie plume, il nous parle de sa rencontre avec le moine, de leur amitié et de la façon dont il a découvert les quatrains. Il dévoile ensuite l'analyse qu'il a lui-même faite de ces petits textes: beaucoup lui sont restés mystérieux, mais il a pu en déchiffrer certains et retrouver un certain ensemble de sens pour d'autres.

Parce qu'il faut bien l'avouer, l'analyse des vers qui constituent le reste du livre est loin, très loin d'être facile. Un passage qui exprime bien cette difficulté:

Ces jeux du verbe et ces images poétiques, avec l'usage fréquent de mots peu usités et de syntaxes étranges, créent un style déconcertant. Je m'en suis toujours étonné, car dans la vie courante Simon s'exprimait avec simplicité.  On mesure là toute la distance entre la langue de tous les jours et le langage prophétique.  Toutes les ressources de l'exégèse seraient nécessaires pour s'y retrouver, ce qui dépasse de loin mes compétences.

Ce qui ne m'interdit pas quelques observations simples. Prenons, par exemple, le quatrain auquel ma pioche aléatoire a attribué le n°172:

De Curaçao épigone en pillage
Arbore sur lagans lettrine en proue
Mordache noire à lige mariage
Que Rio combat et Bélem dénoue.

Dans l'Antiquité grecque les épigones étaient les descendants des généraux qui se partagèrent l'empire à la mort d'Alexandre. L'emploi de ce terme, associé à celui de pillage et de "lige mariage", semble désigner les auteurs de la reprise en main en 2006 de Curaçao par les Pays-Bas, sur arrière-fond d'intérêts pétroliers au large de l'île (les lagans sont une expression scandinave peu connue qui désigne des biens apportés en abondance par la mer). Le peuple a été bâillonné (la mordache était une sorte de poire d'angoisse utilisée par les Capucins pour punir les novices qui n'avaient pas respecté la règle du silence). Le quatrain semble annoncer des difficultés ultérieures avec le Brésil. Mais cette interprétation est presque trop évidente et dissimule peut-être un piège, car d'autres quatrains ne se livrent pas si facilement.
"Facile", vous dites ? On ne doit pas parler tout à fait la même langue...

Il faut dire que l'interprétation d'Albio Falberi est par moments assez convaincante. D'après lui, les quatrains avaient prévu les attaques du 11 septembre, les dangers écologiques, l'écroulement de l'ex-URSS et la montée en puissance de l'intégrisme islamique.  Ils parlent aussi, notamment, de la fin de la République française et des Etats-Unis d'ici 30 à 60 ans et parlent d'une apocalypse qui aurait lieu au moment où le monde arabe s'unirait avec la Chine. A lire les textes et les explications sur leur interprétation, on ne peut pas s'empêcher de penser que c'est difficilement une coïncidence.

N'empêche que pour croire à ces révélations et à leur côté prophétique, il faut d'abord croire à ce genre de "magie", qu'on l'appuie sur le surnaturel ou sur une origine divine. Il faut aussi faire confiance à Albio Falberi: il nous présente un prêtre dont il tait le vrai nom et l'origine, des quatrains qu'il dit avoir reçus il y a cinquante ans et dont, bizarrement, il a perdu presque immédiatement les copies originales... Si l'on considère qu'il n'a donc aucune preuve que ces lignes ont été écrites à l'époque qu'il nous annonce, toutes les révélations qui se sont vues confirmées et qu'il nous présente pour nous convaincre perdent leur crédibilité. Un peu gênant quand même.

Reste que l'analyse de ces petits vers mystérieux peut être amusante pour ceux qui aiment ce genre de jeux: armé d'un très bon dictionnaire, d'un peu de patience et de beaucoup d'imagination, c'est une base idéale pour un exercice d'exégèse. Mieux que Nostradamus, puisque même si les vers sont assez incompréhensibles, ils sont au moins formés dans une langue actuelle. D'ailleurs, si vous vous prenez au jeu, les éditions Alphée organisent justement un concours à ce sujet sur leur site

En ce qui me concerne, ça ne me tentait pas plus que ça, je dois bien l'avouer. J'ai parcouru les vers sans qu'aucun ne s'illumine a priori, et ma patience limitée pour ce genre d'exercice ne m'a pas incitée à aller plus loin. Mais si ça vous tente, n'hésitez pas à vous procurer ce petit livre: ce n'est pas tous les jours qu'on publie un héritier de Nostradamus...

Merci donc à Livraddict et aux éditions Alphée pour cette découverte, même si je préférerais la prochaine fois recevoir un bon vieux roman...

12 février 2010

L'éclat du diamant, de John Marcus

Pour ce premier article déposé directement sur ces nouvelles pages, je compte marquer le coup en vous parlant de mon gros coup de coeur de ces derniers mois - en fait, de l'année 2009, puisque je l'ai lu pour la première fois en décembre.  L'éclat du diamant est un livre reçu en partenariat de la part d'un tout nouvel éditeur lançant un tout nouvel auteur; une double découverte donc. Dans ces cas-là, on ne sait jamais trop à quoi s'attendre, surtout quand on nous annonce ce roman policier comme une oeuvre assez particulière.  J'étais donc très curieuse avant d'ouvrir ces pages, et je n'ai pas été déçue du tout. Voyez plutôt...


Résumé:

Quatre morts simultanées, quatre assassinats exécutés par des professionnels, quatre hommes qui se connaissaient: le journaliste, son frère le génie en marketing, et leurs amis le dirigeant d'entreprise de communication et le rentier épris d'Afrique. Dès le début, l'équipe du Commissaire Delajoie à la Criminelle de Paris sent venir l'affaire complexe et politique.  Pourtant, quand ils partent au petit matin sur le sentier de la guerre, armés de leur professionalisme aguerri, ils ne s'attendent pas à être entraînés dans les méandres les plus profonds des techniques de marketing, de la diffusion publicitaire, de la grande distribution et de toute une machine bien rôdée qui à force de faire de l'argent pourrait bien prendre le contrôle du monde.


Mon avis:

Sérieusement, je vais vous confier quelque chose: ce livre a dû être écrit pour moi. D'abord, les romans policier, j'aime beaucoup. Mais je suis devenue difficile à force d'en lire: j'exige une intrigue pleine de surprises, quelques rebondissements indispensables et des indices qui se cachent bien. Et là-dessus, rien à dire: je me suis laissée emportée de bout en bout dans une enquête d'autant plus crédible qu'elle est minutieusement menée. Aucun détail de procédure ne nous est épargné, aucun raccourci, chacun des enquêteurs est suivi comme son ombre pour que se dévoilent petit à petit les indices. Nous découvrons en même temps que l'équipe les potentiels meurtriers et les noeuds compliqués d'un énorme mobile, et les questions que l'on se pose - vaguement, parce qu'en ce qui me concerne j'ai préféré me laisser porter par l'histoire - trouvent finalement toutes leurs réponses, qui ne sont évidemment pas celles auxquelles on s'attendait. 

Une chose qui m'insupporte dans les polars, ce sont les personnages caricaturaux. La belle femme volontaire et à l'aise partout, le flic torturé à tendance violente, les jeunes riches insupportables, les journalistes sans scrupules et les patrons qui passent leur temps à réprimer toutes les bonnes idées de leurs subordonnés...  Mais ici, rien de tel: l'équipe marche du tonnerre, chacun respecte les lois et ils ont chacun leur histoire qui leur apporte tout ce qu'il faut d'intéressant sans glisser vers l'improbable. Des personnages agréables à côtoyer et que l'on respecte, c'est sympathique. 

En parlant de ça, j'ignore si j'ai le droit de vous prévenir, vous qui n'avez pas encore lu le livre, mais... allez, je me lance: l'auteur a un talent particulier pour nous décrire les personnages qui jalonnent son histoire, c'est un fait. Son truc à lui, pourtant, c'est de mettre sous le projecteur aussi bien les acteurs principaux que les seconds rôles. On s'en rend compte très tôt, et pourtant, j'avais beau le savoir, je me suis laissée bluffer à tous les coups: impossible de distinguer les victimes des héros. J'ai adoré me faire avoir, pour ne rien vous cacher, et j'en ri encore. Un seul petit regret cependant: celui qu'on n'ait pas croisé plus longuement Manda, la seule femme de la brigade; elle méritait mieux. 

Je vous disais donc que ce livre a été écrit pour moi. Parce que non contente d'être exigeante dans mes choix de polars, je suis aussi à l'affût du style trop facile, des métaphores éculées et des auteurs qui accumulent artificiellement le vocabulaire trop pédant, que je pourfends sans hésiter d'une critique vengeresse. Ici, rien de tel; si l'auteur nous étale sa culture, c'est toujours pour une bonne raison, et sa plume est un véritable plaisir pour les yeux. Rien de tel qu'un petit extrait pour vous mettre l'eau à la bouche:
Ils ne l'avouent jamais publiquement, mais ce que les vrais flics préfèrent le plus dans leur boulot, c'est cette montée d'adrénaline qui précède toute belle chasse.  Mais il n'y a de belle chasse que la chasse a courre.  Dans l'ancien temps, l'aristocratie nommait cette activité "la chasse à courre, à cor et à cri". Et il fallait bien reconnaître qu'à la Criminelle, cette noblesse de la police, on courait effectivement beaucoup, on donnait moult coups de sirènes, on attrapait des corps et, souvent, tout commençait et finissait dans les larmes et les cris.
Avouez que ça, c'est de la métaphore qui ressemble à une oeuvre d'art !

Tout ceci, ci-dessus, ce sont les ingrédients pour faire un bon polar. Mais il n'est pas le seul, et ça ne vous dit pas pourquoi ce bon polar a été expressément écrit pour moi. Pour le comprendre, il faut savoir une chose: je suis avidement curieuse et j'adore accumuler plein d'informations extrêmement variées. Je suis capable de passer des heures sur Wikipédia, surfant d'un lien à l'autre, démarrant sur la page du panda (qui possède 6 doigts à chaque patte, vous le saviez ?) pour finir, sans m'en rendre compte, par dévorer les aventures des sous-marins allemands de la deuxième guerre mondiale (expérience vécue). Je veux tout savoir, mais j'ai quand même quelques domaines de prédilection: le droit, l'économie, la politique m'intéressent particulièrement. 

Or, ce polar, ce n'est pas qu'un polar: c'est également un documentaire.  Ca veut dire d'abord que l'auteur s'est visiblement très bien renseigné sur le fonctionnement d'une enquête criminelle, qu'il en a retenu tous les rouages, la procécure, le vocabulaire et jusqu'au mobilier du 36 quai des orfèvres, et qu'il nous restitue toute cette information au fur et à mesure. Ca pourrait tourner au cours magistral ou au charabiat incompréhensible, mais pas du tout: c'est clair, précis, et terriblement prenant; on s'y croirait, jusqu'au plus petit détail, jusqu'à la moindre règle - le droit, vous voyez où je veux en venir ?

Et le côté documentaire va plus loin. L'auteur profite visiblement de l'histoire pour nous ballader dans le monde du marketing, des OPAs hostiles, de la grande distribution et de ses vampires se nourrissant de "marges arrières"... Toute l'intrigue est basée sur un réseau économique complexe visant à entourer le pauvre peuple d'un bout à l'autre de la chaîne de consommation, et page après page, on nous en dévoile toutes les finesses, sans rien nous épargner.  Alors bien sûr, il faut aimer. Il faut peut-être y être prêt, aussi (ce n'était pourtant pas mon cas, mais puisque le livre a été écrit pour moi...). Il ne faut pas avoir peur de coupes claires dans l'histoire, de longs paragraphes et de pages denses d'informations pas nécessairement faciles à assimiler. Et là, l'horrible banderolle "le polar de l'été" imprimée sur l'édition que j'ai reçue est visiblement une grosse erreur, car c'est plutôt le polar pour les longues soirées d'hiver où l'on a le temps de faire travailler ses méninges.

Mais quel effort de vulgarisation !  J'ai été subjuguée. Depuis le temps que je souhaitais savoir comment on mesurait l'audience télévisée: maintenant je le sais !  Depuis le temps que je fais mes courses dans les grands supermarchés sans m'être une seule fois rendue compte à quel point c'est une invention originale, et un empire honteusement dictatorial !  Juriste fan d'économie, consommatrice curieuse, esprit qui tente de rester informé et méfiant: c'était vraiment fait pour moi. 

Vous n'êtes toujours pas convaincu ?  Alors j'ai l'argument imparable que ce livre a été écrit pour moi: en plus d'être fan de polars, exigeante dans le style, curieuse, juriste et économiste, je suis aussi dopée aux réseaux sociaux et autres internetisteries - pour preuve, ce blog et deux autres, un compte twitter, facebook, google reader, tumblr, picasa, posterous... j'en passe et des meilleures. Or, non seulement le livre a un site web où on retrouve notamment des bonus (passages coupés, interview de l'auteur etc)... ...mais son héro, le commissaire Delajoie, a lui-même un compte facebook. Par curiosité je l'ai mentionné dans un statut au moment où j'ai terminé ma lecture, et il m'a répondu seulement quelques heures plus tard !  Je dois dire qu'être contactée par le héro du roman qu'on vient de terminer, c'est une expérience toute bête mais assez époustoufflante. 

Voilà, maintenant je suis sûre que je vous ai convaincus: ce roman m'était destinée. Il m'a trouvée jusqu'en Finlande, via un partenariat entre un site que je suis depuis sa naissance et un éditeur plein d'enthousiasme (à la Team Livraddict, on est fans de cette petite maison d'édition). Je l'ai adoré.  Et je suis "amie" sur facebook avec son héro. Que demander de plus ?  Si vous me ressemblez un tant soit peu, plongez sans états d'âmes, vous adorerez.

Avant d'envoyer vite fait cette "critique" (le commissaire vient de m'écrire pour me dire qu'il l'attendait avec impatience), je remercie encore une fois Livraddict et L'Autre Editions pour cette magnifique découverte sur laquelle je ne serais pas tombée toute seule, mais je vous préviens: pour le prochain tome, pas besoin de partenariat, je l'achèterai dès sa sortie, c'est sûr et certain. Et j'espère qu'il fera au moins autant de pages que le premier (478, grand format)...


Voici la page Bibliomania avec toutes les informations concernant ce livre et des liens vers les critiques d'autres bloggueurs. Ce livre a aussi fait l'objet d'une discussion très intéressante sur le forum Livraddict que vous pourrez parcourir ici. Le 15 février aura également lieu une rencontre avec l'auteur sur le forum, n'hésitez pas à venir participer !

Bienvenue sur mon nouveau blog !

Ca y est, je me suis décidée à ne plus envahir mon blog perso avec des critiques de livre qui deviennent de plus en plus nombreuses. Quand j'ai commencé à chroniquer mes lectures, après la création de Livraddict, je n'imaginais pas que j'allais devenir aussi accro à cet exercice: je lis de plus en plus et les billets se multiplient.  Je n'imaginais pas non plus entrer dans une blogosphère littéraire aussi accueillante et aussi active; de blog en blog, d'échange de commentaires en lectures communes, de rencontres sur livraddict en challenges variés, j'ai l'impression d'être entrée dans un un petit bout d'internet chaleureux que je ne connaissais pas !

Au total, je finis avec un blog avec deux publics différents: ceux qui viennent pour mes critiques de livres et ne sont pas intéressés par ma petite vie en Finlande, et ceux qui viennent pour découvrir ma vie et n'ont rien à faire de mes lectures. J'ai donc décidé d'entrer enfin de plein pied dans la blogosphère littéraire francophone.  Il y a tellement à lire et tellement à dire que je suis certaine de pouvoir remplir ces pages !  J'ai déjà importé mes critiques précédentes, ma bibliothèque virtuelle n'est donc pas vide...

En tous cas, bienvenue par ici !  La peinture est encore fraîche, ne vous appuyez pas aux murs, mais n'hésitez pas à laisser un petit mot quand ça vous tente. Page à page, j'espère que vous me suivrez longtemps !

08 février 2010

La croix d'ossements, de Patricia Briggs


Je m'apprête à écrire là un article qui va en faire baver plus d'une... Il se trouve que "La croix d'ossements" est le quatrième tome des aventures de Mercy Thompson. Un tome qui ne paraîtra en français qu'en mai, mais déjà sorti en "paperback" pour sa version anglaise... Pour vous, toutes les fans qui trépignent d'impatience, je vais essayer de faire une critique honnête et qui ne dévoile pas trop l'intrigue. Mais ne m'en veuillez pas trop si elle est alléchante :)


Résumé:

Mercy n'est pas encore remise de sa dernière aventure particulièrement traumatisante, qu'elle est déjà replongée dans le drame. Stefan, son ami vampire, atterit chez elle en piteux état: il a été torturé par Marsilia, la reine vampire qui a appris que Mercy avait assassiné un de ses plus fidèles lieutenants. Sous la protection de la meute des loups-garous, Mercy semble relativement en sécurité, mais ça n'empêche pas Marsilia de s'attaquer à ceux qu'elle aime. Pour une fois, elle pense agir avec prudence en s'éloignant des Tri-Cities pour appaiser les esprits, mais ce n'est que pour tomber entre les pattes d'un ennemi encore plus dangereux...


Mon avis:

Le tome 4 commence exactement à l'endroit où le tome 3 se termine, à la minute près. Il commence d'ailleurs par les quelques paragraphes qui ont terminé le tome 3, ce qui est légèrement perturbant quand on enchaîne les deux tomes sans reprendre son souffle comme je l'ai fait. Pas de répit pour Mercy non plus, donc, et que ceux qui espèrent voir évoluer sa relation avec son nouvel amoureux n'attendent pas trop: elle n'en a tout simplement pas le temps !

Par contre, au niveau de l'intrigue, ce tome est plutôt la continuité du tome 2. Les fae ne sont plus le centre de l'histoire ici, on retrouve les vampires, avec l'apparition en "guest stars" des fantômes sur lesquels on en apprend un peu plus. Pour eux aussi, Patricia Briggs crée quelques règles de fonctionnement, quelques déclinaisons sur ce thème ultra-connu, et j'ai beaucoup aimé cet aspect du livre - comme j'avais déjà aimé découvrir les autres types d'êtres surnaturels qui peuplent son monde.

On en apprend également beaucoup sur les relations qui se tissent au sein des peuples surnaturels. Comment devient-on membre d'une meute de loups-garous, et qu'est-ce que cela signifie ? Quelle est la relation entre un vampire et sa proie, entre un vampire et sa reine ? Il y a là-dessus plus à savoir que ce qu'on imagine, et évidemment Mercy se retrouve prise au milieu de tout ça. Je ne vous en dis pas plus, mais j'ai beaucoup aimé cet aspect-là aussi, qui implique un côté émotionnel toujours bien maîtrisé par l'auteur.

Au final, un très bon tome encore une fois. Je suis incapable de nommer mon préféré mais ça pourrait bien être celui-ci. L'histoire gagne en profondeur à chaque tome, et à la fin de celui-ci il reste encore plusieurs ancrages pour des aventures à venir. Le cinquième tome, "Silver Borne", sort en avril en anglais; je pense attendre l'édition poche pour que ma collection reste au même format, mais je ne sais pas si j'en aurai le courage...

Pour plus d'infos, la page Bibliomania de ce livre vous attend. Elle n'est pas encore très fournie en critiques mais ça viendra :)

07 février 2010

Le baiser du fer, de Patricia Briggs


Voici le troisième tome des aventures de Mercy Thompson; comme je vous l'avais promis après la lecture du tome 2, il a fallu que je commande immédiatement le livre suivant. Et comme les précédents, je l'ai dévoré !


Résumé:

Lors du dernier tome, Mercy avait reçu l'aide de son ancien patron fae, Zee. C'est maintenant à son tour de lui rendre service: une série de meurtres ont été commis dans la réserve des fae et le nez de coyote de Mercy pourra peut-être aider à identifier l'auteur. Ce qui est le cas; mais les choses se compliquent lorsque le meurtrier est lui-même assassiné et que Zee est arrêté sur le lieu du crime. Puisque personne ne veut aider le vieux Gremlin, Mercy va devoir encore se mêler de ce qui ne la regarde pas !


Mon avis:

Pour beaucoup de lecteurs de cette série, c'est le tome 3 qui serait le meilleur. J'étais pour ma part très impatiente de découvrir le monde des fae après celui des loups-garous et des vampires. Les fae, dans le monde de Mercy Thompson, ce sont toutes les vieilles créatures magiques d'origine européenne, ce qui regroupe pas mal de bestioles plutôt étranges et diversement dangereuses: fées, ogres, gremlins, êtres des forêts, des mers... Un mélange peu homogène que j'avais du mal à me représenter.

Sur ce point-là, j'ai été un peu déçue: je trouve que comparé à ce qu'on apprend sur les loups-garous et les vampires dans les deux tomes précédents, on en apprend finalement peu sur les fae, on ne fait qu'effleurer leur monde via une petite visite de leur réserve. Ceux que l'on croise plus sérieusement, on ne fait que sous-entendre leurs pouvoirs. Mercy est sans cesse menacée des pires représailles parce qu'elle en sait trop et en fait, elle ne sait pas grand-chose ! Encore maintenant, je ne sais pas trop comment les fae interagissent alors que j'ai une idée très précise des rapports de force entre loups-garous et entre vampires.

Mais ça n'empêche pas que ce roman soit dans la lignée des précédents: plein d'aventures, palpitant à souhait ! Au milieu de l'enquête de Mercy vient se greffer ses dilemmes amoureux qui prennent de l'importance: Samuel ou Adam ? Je dois dire que son choix m'a plutôt étonnée, j'aurais à sa place pris l'autre option. Ce n'est qu'une fois le choix fait qu'on comprend un peu mieux ses motivations. Mais no souci pour ceux qui craignent que l'eau de rose dégouline un peu trop: tout ceci reste bien dosé, l'aventure est toujours le premier moteur, et je m'en réjouis pleinement.

En réalité, ce qui m'a vraiment séduite dans ce volume, c'est la fin. Mercy subit une épreuve particulièrement difficile, physiquement et moralement, et j'ai adoré la façon dont c'était traité. Les sensations décrites sont très crédibles, et sans que ça soit larmoyant on souffre avec cette pauvre Mercy. Du beau boulot sur un sujet particulièrement difficile. L'intrigue a beau tourner autour d'une série d'êtres surnaturels, finalement on retrouve des situations et des sentiments très humains, le tout bien traité. Je ne sais pas si ce tome est mon préféré, mais en tous cas ce passage - l'attaque et ce qui vient après - est certainement le plus intense à mes yeux.

Bref, je suis et reste fan de la série Mercy Thompson ! Rendez-vous dans peu de temps sur ce blog pour mon avis sur le tome 4, le dernier sorti en anglais...

Toutes les infos sur ce livre sur sa page Bibliomania !

Et au passage, ça me fait le deuxième livre lu sur les six que je me suis engagée à lire pour le Challenge Livraddict, youpeee !




06 février 2010

Thérapie, de Sebastian Fitzek

Le roman dont je vous parle aujourd'hui, Thérapie, a fait l'objet d'un partenariat entre les éditions du Livre de Poche et Livraddict. Je n'ai pas fait partie des heureux élus qui ont reçu ce livre (les dix exemplaires sont partis comme des petits pains) mais je n'en ai lu que des critiques positives. Je l'ai ensuite reçu en prêt de Miss Spooky Muffin et c'est maintenant à mon tour de vous en chanter les louanges...


Résumé:

La vie de Viktor Lorenz, célèbre psychiatre bernois, a sombré le jour où sa fille Josy a disparu sans laisser de traces dans le cabinet d'un médecin, après avoir souffert pendant des mois d'une étrange maladie. Quatre ans plus tard, Viktor a abandonné son métier et vit renfermé sur son chagrin. En séjour, seul, au bungalow de sa famille sur l'île de Parkum, il y reçoit contre son gré une jeune femme mystérieuse qui demande à être soignée. Anna Spiegel, romancière, affirme être atteinte d'une schizophrénie qui lui fait rencontrer, dans la vie réelle, les personnages de ses romans. Et sa dernière oeuvre parle d'une petite fille malade qui disparaît chez le médecin... Dès lors, Viktor ne cherche qu'à interroger cette femme qui semble de plus en plus dangereuse, sur une île rendue inaccessible par la tempête.


Mon avis:

Ami des thrillers en huis clos, bonsoir ! J'ai ce qu'il te faut: "Thérapie" ne risque pas de te guérir de cette passion mais te procurera un bon moment de plaisir, traitement recommandé après l'avoir personnellement testé !

Bon, soyons honnêtes: ce n'est peut-être pas le roman de l'année. L'écriture est assez banale - mais traduite de l'allemand. Le thème permet quelques facilités: sur fond de maladie mentale, l'auteur peut jouer avec les pieds du lecteur sans lui révéler ce qui est vrai et ce qui est faux. Encore faut-il le faire avec subtilité pour ne pas laisser au lecteur l'impression d'avoir triché.

Et là, l'auteur s'en sort à merveille. Pour tout vous dire sans rien vous révéler, je me suis un peu doutée du problème; à partir du moment où l'histoire devient vraiment incompréhensible, on ne peut pas s'empêcher d'émettre des hypothèse. Je n'avais pas tort en imaginant les miennes, mais j'ai malgré tout été totalement bernée. Dans les dernières pages, Fitzek nous offre plusieurs retournements de situation consécutifs qui laissent pantois le lecteur le plus aguerri. Ca vaut la peine de se traîner jusqu'à l'explication, même si en cours de route on a tendance à s'ennuyer un rien; pas que ça manque d'action, mais plutôt qu'à force de s'enfoncer dans la brume, on aimerait quand même entrevoir la lueur du phare.

Le livre en lui-même n'est pas trop épais - 309 pages édition poche - mais c'est le genre de choses qu'on a du mal à lâcher: on veut savoir ! Et si, une fois qu'on sait, on en reste époustoufflé sans se sentir trahi, moi je dis: c'est un bon thriller. "Thérapie" correspond tout à fait bien à cette définition.

Bref, une chouette lecture que je recommande à tous les amateurs du genre. A commencer pas trop tard dans la journée, au risque d'y passer une nuit blanche...

05 février 2010

Tête de piaf, de Philippe Crognier


Ce que j'adore dans les livres reçus en partenariats, c'est la magie de la surprise. Même si j'ai la possibilité de choisir de postuler pour tel livre plutôt que tel autre, ce sont généralement des oeuvres que je n'aurais pas achetées par moi-même, tout simplement parce que je ne les connaissais pas. De temps en temps, je tombe ainsi sur une merveille totalement inattendue... comme ce petit livre vert que je vous présente.


Résumé:

Ils sont tous paumés, d'une façon ou d'un autre. Il y a les deux SDF, le gamin traumatisé, le mari confiant mais trompé, la PDG qui en a assez de ne pas pouvoir rire et son chauffeur divorcé... Ils n'ont rien en commun mais ils se retrouvent ensemble au Point du Jour, la grande maison où Robin et Jeannine accueillaient les repris de justice. Parfois il faut une petite pause pour mieux redémarrer.



Mon avis:

Autant le dire tout de suite, ce livre rappelle irrésistiblement "Ensemble, c'est tout", d'Ana Gavalda. En beaucoup plus court: face au pavé de 600 pages de Gavalda, nous avons un petit volume de 108 pages au format un peu étrange (légèrement plus grand et plus allongé qu'un livre de poche classique) et aux lignes aérées. Presque une nouvelle, qui se dévore en deux heures. Face à Gavalda, Philippe Crognier oppose aussi une écriture qui a un peu moins tendance à l'élipse, des phrases un peu plus complètes, quelques descriptions en plus. Et un style un tantinet plus distant: là où Gavalda fait parler les personnages, lui s'amuse plutôt à les suivre de l'extérieur tout en gardant un style très naturel.

Mais là s'arrêtent les différences: j'ai adoré "Ensemble c'est tout" et je suis restée scotchée à "Tête de piaf". En deux ou trois pages, l'auteur nous présente un ou deux nouveaux personnages qu'il rend tout de suite attachants, un petit miracle à chaque fois. Et il recommence au chapitre suivant, et à celui d'après, jusqu'à ce qu'au bout de quelques chapitres on se retrouve face à une belle brochette de bras cassés tous bien implantés dans le coeur du lecteur.

Une fois les ingrédients mis en place, vient le moment de faire prendre la mayonnaise: comme dans "Ensemble, c'est tout", ce petit livre réunit pour quelques semaines de miracle ces cassés de la vie qui vont se réparer ensemble. Avec ici, en plus, une petite touche de vengeance délicieuse à la Amélie Poulain quand elle s'attaque à Collignon. C'est doux, c'est frais, ça fait croire qu'il reste encore de l'espoir quand on touche le fond, ça laisse entrevoir un bonheur simple fait de petites choses et de grandes gens, loin des contingences de la vie. Un peu de naïveté dans un monde de brutes.

Bref, ce n'est peut-être pas une nouveauté dans l'idée mais une très jolie perle qui met les larmes aux yeux le temps d'un instant. Le genre de petites délicatesses à dévorer dans un moment de mélancolie. Soit vous avez comme moi adoré "Ensemble, c'est tout" et vous aurez beaucoup de plaisir à retrouver ce genre d'univers; soit vous ne l'avez pas encore découvert et avant de vous attaquer à ce plat de résistance dans lequel il faut une bonne fourchette pour entrer, je vous conseille de déguster "Tête de Piaf" en amuse-gueule. Vraiment, en ce qui me concerne, un petit coup de coeur et un titre que je recommande.

Un grand merci aux éditions Abel Bécanès, une jeune maison d'édition que je félicite au passage pour les présentation et mise en page très agréables de ce petit livre !

Pour les informations techniques complètes sur ce livre et les avis d'autres lecteurs, c'est sur la fiche Bibliomania. Jetez notamment un oeil à l'avis de Cynthia :)