Pour une fois, je suis en phase avec l'actualité littéraire ! Il faut vraiment que je vous parle de ce roman maintenant parce que d'une part, il sort en français le 27 février (sous le titre "Les Flammes de l'Empire" chez L'Atalante), et d'autre part, le troisième tome de cette trilogie (dont celui-ci est le deuxième tome), The Last Emperox, sort le 14 avril en VO. Avouez que le moment est bien choisi !
Attention : spoilers concernant le premier tome, The Collapsing Empire/L'Effondrement de l'Empire !
A la suite des événements de "L'Effondrement de l'Empire", l'emperox Grayland II est persuadée que le "flow" qui permet de voyager entre les planètes habitées par l'humanité est en train de disparaître. Les prédictions du scientifique Marce Claremont sont confirmées par le fait que la planète End est subitement devenue inaccessible, comme il l'avait prévu. Cela signifie que d'ici peu toutes les planètes seront isolées, une catastrophe pour une civilisation qui ne survit que par les échanges commerciaux et dont aucune des planètes n'a les ressources pour subsister par elle-même. Claremont fait tout ce qu'il peut pour expliquer la situation au plus grand nombre mais se heurte toujours au scepticisme de ses contemporains, alors Grayland fait valoir sa position à la tête de la religion impériale et annonce qu'elle a eu des visions lui annoncant la fin de l'empire. De son côté, Marce Claremont découvre qu'il n'a peut-être pas parfaitement évalué la situation. Et pendant ce temps, les maisons nobles, qui controlent le commerce intergalactique, complotent pour évincer Grayland et tourner cette catastrophe à leur avantage...
Mon avis :
Je ne suis pas le genre de lectrice à suivre les sorties et rester fidèle à un auteur, mais je fais une exception pour John Scalzi. D'abord parce que j'attends toujours le roman de sa plume qui me décevra, et pourtant j'en ai déjà lu pas mal. Ensuite parce que je le suis sur Twitter où il est à la fois intéressant, amusant et touchant, et où bien sûr il annonce ses nouvelles sorties. Enfin parce que ses livres en version audio sont narrés (en anglais) par Wil Wheaton, que j'adore également. Bref, quand The Consuming Fire est sorti en 2018, je n'ai pas attendu pour me jeter dessus, d'autant plus que j'avais beaucoup aimé le premier tome et étais impatiente d'en savoir plus sur les aventures de Grayland, Marce, Kiva et l'empire dans lequel ils vivent.
Ce tome est la suite parfaite du premier. Comme précédemment, il s'inscrit dans une trilogie (et il vaut mieux lire le premier tome avant celui-ci), mais il a son propre arc narratif avec une montée en puissance, quelques rebondissements et un final jouissif. Le casting aussi est le même : l'intrigue tourne autour de Grayland, Kiva et Mace, qui sont maintenant réunis la plupart du temps. On découvre d'autres personnages, dont certains plutôt amusants, mais globalement ces trois-là restent le fil conducteur. Grayland a pris un peu de bouteille dans son nouveau boulot, on découvre certains aspects nouveaux de la personnalité de Kiva, et Marce part temporairement à l'aventure, mais ils restent les mêmes.
En fait, comme dans le tome précédent et dans pas mal de romans de Scalzi, ce qui prime c'est l'action. C'est dans ce domaine-là qu'il est bon. C'est le genre de roman où on ne s'ennuie pas une seconde. Tout bouge tout le temps, tout le monde intrigue dans tous les sens, les trahisons suivent les plans machiavéliques qui suivent les retournements de situation. Le rythme est parfaitement maîtrisé et la narration aussi : malgré toutes ces complexités et une gallerie de personnages qui s'étoffe, on ne se perd jamais, même moi qui suis toujours beaucoup moins attentive à l'écoute qu'à la lecture. C'est aussi pour ça que j'adore ces romans au format audiolivre : ils sont faciles à suivre et n'ont aucun temps mort où je risquerais de m'ennuyer.
Une autre caractéristique de Scalzi c'est son humour. Là c'est comme toujours avec l'humour, on aime ou on n'aime pas. Celui-ci est ce que j'appelle hollywoodien : des réparties cinglantes ou pince-sans-rire, quelques situations rocambolesques, des personnages qui se plaisent dans leur propre caricature. Ce n'est pas subtil, mais ça fonctionne pour moi. Kiva Lagos est celle avec laquelle l'auteur s'est le plus lâché : son sans-gêne et ses profanités ponctuent le récit, comme dans le premier tome. A nouveau, on aime ou on n'aime pas, personnellement j'ai trouvé sa façon très particulière de s'exprimer amusante et réaliste plutôt que vulgaire et pénible.
En fait cette chronique pourrait se résumer à un arbre décisionnel très simple : si vous avez aimé le premier tome, vous aimerez celui-ci ; si vous n'avez pas aimé le premier tome, vous trouverez exactement les mêmes défauts dans celui-ci ; si vous n'avez pas lu le premier tome, commencez par là. Je peux très bien concevoir qu'on attende plus de la science-fiction que ce qu'offre ce récit. Ca reste simpliste et superficiel, pas franchement innovant, avec pas mal de choses à accepter sans trop d'explications - Blackwolf parle très bien de ces défauts dans sa chronique du premier tome. Je suis entièrement d'accord avec ses critiques. Et pourtant, j'adore cette série. Scalzi se positionne dans le créneau de la science-fiction-divertissement, sans d'autre ambition que de faire passer au lecteur un bon moment aux côtés d'un texte difficile à lâcher. Ce n'est pas si facile, et il est devenu maître dans cette catégorie. Si c'est ce que vous recherchez, vous ne trouverez pas mieux. Si vous souhaitez de la SF ambitieuse et qui fait réfléchir, vous ne la trouverez pas ici. Ca ne veut pas dire que c'est inintéressant : il y quand même de l'originalité dans les prémices du récit (un monde qui s'effondre parce que ses relations commerciales disparaîssent) et des parallèles évidents avec l'actualité (le réchauffement climatique). Mais ce n'est pas un roman qui renouvellera la SF, ce n'est pas son but. A chaque roman son public. En ce qui me concerne, vous l'aurez deviné, je suis conquise.
Rendez-vous fin avril pour la chronique du troisième et dernier tome !
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