11 février 2013

Neverwhere, de Neil Gaiman


Depuis que j'ai découvert Neil Gaiman avec American Gods, je m'étais promis de poursuivre l'aventure. Quelle excellente idée j'ai eue !


Résumé :

Richard Mayhew a quitté son Ecosse natale pour venir travailler à Londres. Depuis, il a appris à connaître la ville, s'est construit une petite vie tranquille et s'est fiancé avec Jessica. Mais tout va basculer le jour où il décide d'aider une jeune fille blessée qui apparaît sur le trottoir devant lui. Du jour au lendemain, il bascule dans le "Londres d'En Bas", un monde parallèle et dangereux où une adolescente recherche les assassins de son père...


Mon avis :

Vous vous souvenez d'American Gods que j'ai chroniqué il y a quelques semaines ?  J'avais été séduite par son côté "fantasy urbaine" (un monde magique caché dans notre monde réel et moderne), ses personnages très réalistes, son style de narration particulièrement naturel. J'avais quand même regretté de ne pas avoir saisi les nombreuses références plus ou moins discrètes aux religions et mythologies en tous genres. 

Eh bien ici, j'ai retrouvé tous ce que j'avais adoré dans American Gods, sans avoir l'impression de rater quoi que ce soit. Autant vous dire que les paragraphes qui suivent vont être particulièrement élogieux : je n'ai absolument rien à reprocher à cette lecture et c'est d'ores et déjà une des très bonnes surprises de cette année qui commence ! 

L'histoire est presque classique sans l'être du tout. L'idée d'un monde caché et magique au coeur de notre monde, voire au coeur de Londres, ça ne vous rappelle rien ?  Je vous arrête tout de suite : Neil Gaiman n'a en rien copié les aventures du petit sorcier, puisque ce roman est sorti un an avant le premier Harry Potter. D'ailleurs, j'ai lu ici et là que Neverwhere serait le premier roman de fantasy urbaine. Savoir qui a eu l'idée en premier et qui a copié qui est pour moi un débat stérile : il me semble tout à fait possible que le même genre d'idée naisse indépendamment dans deux têtes différentes.  C'est presque étonnant que, dans une métropole de plusieurs millions d'habitants, seulement deux auteurs aient eu l'idée d'imaginer un peu de magie cachée dans les ruelles sombres...

D'ailleurs, sous la plume de Neil Gaiman, Londres est un personnage à part entière. J'imagine sans difficulté la genèse de ce roman : notre auteur, Londonien classique juste un peu plus observateur et un poil plus imaginatif que la moyenne de ses concitoyens, se promène dans sa ville. Il y remarque une ruelle étroite, encore éclairée au gaz, et imagine qu'il s'agit d'un passage vers une "bulle de passé" ; il prend le métro, et la voix qui répète inlassablement "mind the gap" (attention à l'espace entre la plateforme et la rame) l'incite à penser que peut-être, il y a un monstre étrange prêt à sauter aux chevilles des voyageurs inconscients ; il remarque de temps en temps une rame de métro vide et sans éclairage, et se demande si elle ne pourrait pas cacher les habitants d'un monde caché...  Et voilà comment on glisse dans un espace parfaitement réel un monde parallèle surprenant. Il suffit ensuite de le peupler avec des personnages hauts en couleur, de préférence de bons matériaux de légendes urbaines : les humains qui parlent aux rats, une communauté de type "cour des miracles", les dégoûtants habitants des égouts, des moines noirs du coté de l'arrêt de métro "Blackfriars" ou un véritable comte et sa court à "Earl's Court"... Après ça, l'illusion est si bonne que le lecteur en vient à se dire que ça ne peut pas ne pas exister. 

Les personnages principaux ne manquent pas de charme. Richard manque horriblement de caractère au début, mais à force de faire face à des moments de plus en plus difficile, il se transforme en un mélange amusant de lâcheté et de courage inconscient. Il représente surtout la normalité dans son côté le plus extrême, et les touches d'humour qu'il s'autorise aux moments les plus difficiles en font un guide sympathique pour le lecteur. Porte (mon dieu comme ce nom est moche en français !) a tendance à être peu reconnaissante, voire carrément égocentrique face à ce pauvre Richard, et j'ai eu un peu de mal à la cerner, entre son coté adolescente et sa maturité peu ordinaire. Mais elle, par contre, ne manque pas de courage et saura nous étonner. Comme souvent, c'est dans les personnages secondaires que l'auteur se permet des fantaisies : le Marquis de Carabas est extraordinaire, et les deux méchants, Mr Croup et Mr Vandemar, sont tellement savoureux dans leurs rôles de tueurs sadiques et leur langage très particulier qu'on tremble de plaisir plus que de peur lorsqu'ils débarquent au tournant d'une page ! 

Que dire de l'intrigue, sinon qu'elle ne cesse de rebondir en prenant la forme générale d'un jeu de piste sous-terrain. Je ne me suis pas ennuyée une seconde. La plume de Neil Gaiman est si naturelle, la narration si réussie, que j'ai du mal à croire qu'il en était encore au tout début de sa carrière d'écrivain lorsqu'il a publié ce roman. Par contre, je l'ai lu en VO et je me demande très sincèrement comment le traducteur en français a pu faire passer tout l'humour et les jeux de mots qui font une grande partie du charme.

Voilà, donc pour résumer : j'ai adoré, encore plus qu'American Gods. Totalement séduite. L'urban fantasy sous son meilleur jour. Il FAUT que vous le lisiez, et de préférence en anglais, et encore mieux, après (ou avant) une petite virée à Londres. Le plaisir de voir la ville s'animer de page en page... Aaaaaah  *soupir heureux*  :)


Pour en savoir plus :
- acheter ce livre sur Amazon (en français)
- l'avis de Miss Spooky Muffin, qui apprécie les mêmes choses que moi, et celui de Frankie, qui y a trouvé quelques longueurs


8 commentaires:

  1. Ah, tu m'arraches les mots de la bouche (enfin, chronologiquement, pas vraiment :p) avec ta remarque de la fin ! À te lire décrire le côté fantastique tiré des anecdotes londoniennes, je me disais justement que ce serait une lecture parfaite pour la prochaine fois que je vais faire un tour dans cette ville !

    En tout cas, encore une fois, une très belle chronique. J'ai très envie de le lire maintenant ^^

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  2. Ah ah ah, bien fait pour toi, na ! :)

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  3. je me tâtais mais je crois que maintenant je vais me laisser tenter

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  4. Bonne idée, il en vaut la peine :)

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  5. Je l'avais trouvé super également ! Comme toi, je me demande comment le traducteur a pu faire passer toutes les subtilités et les jeux de mots qui sont vraiment savoureux ! Et tu vois, je ne me rappelle même plus des longueurs dont je parlais dans mon article ! :D Presque 3 ans après, je n'ai gardé que le meilleur de cette lecture. Merci pour le lien en tout cas, c'est gentil.

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  6. Gaiman est un auteur fabuleux, je suis d'accord avec toi. :-)

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  7. Eh bien maintenant je suis fixée : une lecture VO de plus dans ma Wish-list ! Merci Nathalie pour cette jolie chronique!

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  8. Merci à vous pour tous ces retours positifs :)

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