29 mai 2018

De l'eau pour les éléphants, de Sara Gruen


Longtemps après tout le monde, je découvre enfin ce roman dont on a beaucoup parlé ! 


Résumé :

Jacob, 93 ans, est un vieux monsieur bougon en maison de retraite qui supporte très mal les limites imposées à sa liberté. Un cirque de passage dans sa ville lui rappelle l'époque où, au coeur de l'Amérique pendant la Grande Dépression des années 1930, il était sur le point de terminer ses études de vétérinaire quand sa vie a basculé.  Devenu par hasard soigneur de ménagerie, le jeune Jacob a joué le rôle de catalyseur dans un drame impliquant homme et animaux, cruauté et amour.


Mon avis :

Encore un livre que j'ai lu en suivant mon schéma préféré : acheté il y a longtemps à l'occasion d'une bonne affaire (probablement en soldes sur Audible), longtemps oublié dans ma bibliothèque virtuelle, retrouvé récemment, dévoré sans a-priori. L'avantage dans ce cas-ci, c'est que ce roman a eu un succès imprévu et puis a fait l'objet d'un film, mais que moi qui l'ai lu longtemps après tout le monde, j'ai pu le découvrir sans attentes démesurées. J'ai lu ensuite sur Goodreads plusieurs commentaires de lecteurs qui en espéraient trop. Ce n'était pas mon cas ; j'avais au contraire un peu peur de l'aspect romantique indiqué dans la quatrième de couverture, moi qui suis extrêmement difficile quand il s'agit de romance. 

Le résultat, c'est que j'ai pu m'offrir une très belle surprise. Après un passage un peu mystérieux (j'y reviendrai), le roman commence, de façon un peu surprenante, par la narration à la première personne d'un vieux monsieur bougon en maison de retraite qui supporte très mal toutes les règles de l'institution où il réside - il est vrai que, si on en croit son point de vue, la priorité est mise largement sur sa sécurité physique et sa santé, au détriment de son bien-être, de sa liberté, et de la plupart des plaisirs de la vie. Ce qui est plus surprenant, c'est quand il s'énerve de façon apparemment démesurée lorsqu'un autre résident affirme avoir dans sa jeunesse porté de l'eau aux éléphants d'un cirque. Alors on s'offre un flash-back dans sa jeunesse, quand un drame particulièrement brutal lance un enchaînement de situations qui l'amèneront à entamer une nouvelle vie au service de la ménagerie d'un cirque. 

L'époque est celle de la grande dépression des années 30 et de la prohibition, et le milieu est celui, très particulier, d'un cirque itinérant qui sillonne les Etats-Unis. Il y a un côté très nostalgique où se mélangent la liberté, l'aventure, le spectacle, les animaux exotiques, et la grande famille du voyage. Mais il y a aussi énormément de cruauté, la misère de ces travailleurs qui n'ont aucune assurance pour l'avenir, l'injustice d'un groupe divisé en classes sociales extrêmement rigides, l'alcoolisme à coup d'alcool frelaté et extrêmement dangereux, l'inhumanité d'un dirigeant qui peut tout se permettre, y-compris retenir les paies et se débarrasser sans scrupules de ceux qui ne lui servent plus... Et puis il y a l'énorme cruauté envers les animaux, qui m'a particulièrement touchée, peut-être parce que je sais qu'elle est encore largement acceptée de nos jours. Certains aspects me semblent quand même exagérés et peu crédibles, mais quoi qu'il en soit, le récit crée un contraste particulièrement frappant entre le spectacle grandiose et joyeux proposé au public, et les horreurs qui se déroulent en toute impunité dans les coulisses.

Sans trop en dévoiler sur l'intrigue, Jacob se trouve au coeur d'un drame impliquant hommes et animaux, amitié et amour. C'est le genre d'histoire dont on sait très vite qu'elle évolue vers une catastrophe - un peu comme "Au-revoir là-haut" de Pierre Lemaître. C'est d'autant plus clair que la scène introductive nous a laissé entrevoir un petit bout de la scène finale. C'était peut-être un peu facile comme procédé, j'aurais peut-être préféré moins en savoir. La vie du Jacob âgé se dévoile également petit à petit, car les passages des deux intrigues sont alternés - sans aucun souci pour faire la différence, je vous rassure tout de suite, surtout dans la version audiolivre en VO qui emploie deux narrateurs différents. Et Jacob âgé se dirige aussi vers une crise, moins impressionnante, mais tout aussi grave pour ce monsieur dont la vie est devenue très étriquée. J'ai tremblé pour les deux versions de Jacob, j'ai passé la deuxième moitié du roman avec une appréhension de plus en plus difficile à supporter, mais bizarrement je suis aussi déçue par la façon dont les deux intrigues se dénouent. A nouveau, peut-être un peu trop facile. 

En-dehors de ces petites réticences, j'ai vraiment été enthousiasmée par ce beau récit. Il est un peu trop gentil, les personnages sont un peu trop tranchés, la fin un peu trop jolie, et il utilise des ficelles narratives un peu grosses. Mais il est terriblement efficace, les deux versions de Jacob sont très attachantes, la construction de l'intrigue est parfaitement maîtrisée, la narration parfaite. Sa plus grande qualité est à mon sens de nous plonger dans une époque et un milieu très particuliers et de le faire de telle façon que l'on est immergé, pour quelques heures, dans la beauté et la cruauté d'un mode de vie heureusement révolu. 


Pour en savoir plus :
- la fiche Bibliomania du livre
- la fiche Goodreads du livre

1 commentaire:

  1. Je l'ai lu lors de la hype qui entourait le livre et c'est vrai que j'ai été moins emballée que beaucoup à l'époque. Mais j'ai quand même beaucoup apprécié cette histoire aussi bien avec Jacob jeune qui vieux. Le film était pas mal aussi mais peut-être plus axé sur la romance.

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