15 août 2010

Le K, de Dino Buzzati

J'aime beaucoup les lectures communes.  D'abord, parce que c'est une façon agréable de lire en commun, même à distance, avec le plaisir de comparer son avis à celui d'autres lecteurs. Ensuite, parce que ça me remet en tête des livres oubliés, déjà lus ou pas, qui méritent mon attention.  "Le K" traînait dans ma bibliothèque depuis environ quinze ans ; je l'avais lu mais je n'en gardais aucun souvenir.  Mais Mélusine l'a remis à l'ordre du jour en le proposant comme lecture commune et il le méritait bien.


Résumé :

"Le K" n'est que la première nouvelle de ce recueil qui en compte cinquante.  "Autant d'histoires merveilleuses, tristes ou inquiétantes pour traduire la réalité vécue de ce qui est par nature incommunicable", comme le dit si bien la quatrième de couverture.


Mon avis :

Je ne sais pas pourquoi, j'avais gardé de ce recueil un souvenir un peu haustère, celui d'une lecture relativement difficile et très classique.  Aussi, j'ai été étonnée dès les premières pages : ces petites histoires sont très faciles à lire et assez modernes (autant qu'elles puissent l'être en sachant qu'elles ont été publiées en 1975).  Elles sont aussi étonnamment courtes, même pour des nouvelles : une dizaine de pages au maximum, souvent moins. Elles sont toutes surprenantes d'originalité et certaines sont même franchement amusantes - j'ai notamment souri à la représentation de la création.  Certaines histoires sont visiblement réfléchies et longuement mûries, d'autres sont l'élaboration d'impressions fugitives mises spontanément sur le papier. La plupart sont des récits fantastiques, soit légèrement (un élément fantastique dans un monde réel), soit plus profondément (la visite des enfers par exemple). 

Mais toutes ces histoires ont en commun leur forme de parabole moderne.  De chacune d'elle ressort une métaphore, une représentation imagée d'un sentiment très humain et très profond comme la peur de la mort, l'amour, la vieillesse, le besoin de gloire, de surpasser les autres, la jalousie, la solitude des villes... Ce qui fait que ces petites lectures a priori si légères et plaisantes sont en réalité beaucoup plus profondes qu'elles n'en ont l'air.  L'auteur a un don très particulier pour nous plonger dans l'univers des émotions qu'il décrit : on sort mélancolique de ses histoires sur le temps qui passe, tremblant de ses récits concernant la peur de la vieillesse ou de la mort, effarés de ses descriptions de l'orgueil, etc.  Son utilisation du fantastique pour représenter des réalités très humaines est remarquable, on ne peut pas en sortir insensible.

En bref, voici une lecture à plusieurs degrés qu'il faudrait savourer à petites doses, une histoire par jour par exemple.  On commencerait par apprécier l'intrigue en tant que telle et son originalité ; mais il faudrait aller plus loin, parce que souvent, il faut l'avouer, ces petites histoires se terminent un peu brusquement.  Alors on se laisserait le temps de s'imprégner des impressions que l'auteur a fait naître ; et, pour le reste de la journée, on réfléchirait profondément avec lui sur les questions intemporelles et profondément humaines qu'il se pose.

Voici donc un recueil de nouvelles à plusieurs niveaux, une expérience littéraire profonde et pourtant à la portée de tous. 


Pour en savoir plus :
- la fiche Bibliomania du livre ;
- Les avis de mes co-lectrices : Mélusine, qui vous offre de nombreux exemples de nouvelles résumées, pour vous donner une idée, et Fleurdusoleil, qui vous présente ses trois histoires préférées. 

2 commentaires:

  1. Merci pour ta participation! Beau billet, ton enthousiasme fait plaisir à voir.

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  2. j adore !! Ma preferee c est le petit ballon rouge
    ....

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