Les challenges littéraires servent parfois à sortir de notre zone de confort. C'est ce que je fais aujourd'hui en vous parlant d'une lecture que je n'aurais pas mentionnée en temps normal.
A 38 ans, Jennifer est tout à coup victime d'une grave crise d'encéphalite qui manque de la tuer. Lorsqu'elle quitte l'hôpital, elle espère retrouver toutes ses capacités pour pouvoir continuer à élever ses six enfants... mais ce ne sera pas le cas : elle reste handicapée, incapable de marcher plus de quelques mètres, avec des douleurs et une fatigue permanentes. Pendant huit ans, elle devra changer complètement de mode de vie, subir de nouvelles crises qui risquent à tout moment de l'emporter, et elle subit une dépression. Puis elle et sa famille s'adaptent petit à petit... jusqu'à ce qu'un miracle mette brutalement fin à ses souffrances.
Mon avis :
Cette chronique est plutôt particulière ; d'habitude je chronique un livre dans l'idée de fournir un avis qui peut aider de futurs lecteurs a se décider (ou non) à acquérir le livre. Ce sont des des livres que je lis pour le plaisir dont je vous parle. Il y a toute une série de bouquins que je me mentionne même pas, que ce soit ici, sur Livraddict ou sur Facebook : les livres que je lis dans le cadre de mon activité professionnelle et ceux que je lis et que j'enregistre pour une jeune femme à qui de graves problèmes de santé interdisent la lecture. C'est elle qui choisit les livres que je lis et nos centres d'intérêts sont très différents, ce qu'il fait que je lis pour elle des livres que je n'aurais pas choisis pour moi - et ce qui fait aussi que je ne vous en parle pas ici.
Cette fois-ci pourtant je vais vous en parler, d'une part parce que ça me permet de remplir mes obligations de septembre pour le challenge "Un genre par mois" (et je suis déjà en retard), d'autre part parce que je trouve que ça peut être intéressant de parler d'un livre comme on parle d'un blog personnel : pas pour ses qualités littéraires mais plutôt pour la vie personnelle qu'il nous permet de découvrir.
Celui-ci est donc un témoignage d'une femme dont la vie bascule tout à coup dans le handicap. Le premier tier décrit sa maladie, le second ses efforts pour s'adapter à sa nouvelle vie, et le troisième son rétablissement miraculeux et sa réadaptation à la vie normale.
Quand je dis "miraculeux", c'est au sens stricte du terme : la dame en question est une fervente protestante et est persuadée que sa guérison lui a été annoncée par une message divin puis réalisée par la prière et bénédiction d'une autre croyante. Le livre aborde donc pas mal d'aspects religieux, y-compris la lutte de l'auteur pendant sa maladie pour garder confiance en Dieu qui la fait tant souffrir. Pour moi qui ne lis pas de littérature religieuse et vit dans un monde séculier, j'ai trouvé intéressant de découvrir le point de vue de quelqu'un comme ça. Mais j'ai été un peu déçue aussi. Je m'attendais à ressentir plus de ferveur, plus de confiance. Pas un moment dans son histoire elle n'envisage la possibilité que sa maladie puisse être un test divin, une épreuve non pas à surmonter mais à accepter ; elle semble beaucoup attendre de ses prières et de sa vie pieuse, comme un marché dont Dieu n'aurait pas rempli sa part. Je n'ai pas vraiment ressenti la beauté d'une foi profonde qui donnerait presque envie d'y croire aussi.
En fait l'aspect le plus intéressant à mes yeux, c'est la double épreuve d'adaptation à travers laquelle l'auteur a dû passer. Lorsqu'elle tombe malade et pendant les années qui suivent, elle vit très mal ce qui devient vite un handicap. Elle ne supporte pas l'idée de se déplacer en chaise roulante, par exemple. Il m'a semblé qu'au-delà de la perte d'autonomie, ce qui la dérangeait profondément, c'est de se retrouver dans une position qu'elle, lorsqu'elle était bien portante, avait toujours méprisé. Elle craint de voir dans les yeux des autres des choses que je ne songerais jamais à penser : que les handicapés sont des poids, que c'est une honte de dépendre de la sécurité sociale quand on est physiquement incapable de gagner sa vie, qu'une femme méritante est toujours active, ce genre de choses. Malgré le fait que ça se passe il y a 30 ans et que depuis lors les mentalités ont peut-être évolué, j'ai été surprise de trouver un tel manque de compassion, en particulier sous la plume d'une croyante. Ceci dit, tout l'aspect difficile de la vie d'une personne constamment malade et à mobilité réduite n'est pas à négliger : l'adaptation est douloureuse, il n'y a aucun doute, et la société peut être très cruelle. De plus, de façon surprenante, la réadaptation à une vie normale après des années de handicap a elle aussi été très difficile. Je ne m'y attendais pas et c'est un aspect que j'ai trouvé vraiment intéressant.
Le problème avec les autobiographies, c'est que j'ai toujours du mal à faire confiance à la personne qui raconte et à ne pas la juger. J'y trouve trop souvent un fond de justification ou d’auto-apitoiement, peut-être parce que je suis trop méfiante. Ici l'auteur raconte sa vie sans exagérer dans un sens ou dans l'autre, mais j'ai quand même eu l'impression que ce n'est pas le genre de personne que je voudrais rencontrer. Par moment elle a l'air particulièrement difficile à vivre ; c'est le type à dire "je suis de mauvaise humeur aujourd'hui, tant pis pour vous, je ne peux rien y faire". Plus je lis d'auto-biographies, plus je me dis que je serai toujours incapable d'en écrire une, c'est vraiment une mise à nu terrifiante.
Voilà donc un avis un peu long et assez différent, notamment parce que je ne m'attends pas à ce qu'il y ait des lecteurs qui aient déjà lu ce livre pour en discuter. Par contre, j'imagine que d'autres ont lu des autobiographies et témoignages ; qu'est-ce que vous en pensez ? Est-ce que vous avez les mêmes méfiances que moi ?
Pour en savoir plus :
- un témoignage vidéo (en anglais) de l'auteur concernant sa maladie (avant son rétablissement).
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