J'ai encore beaucoup de chroniques en retard à publier, alors voici l'une de mes découvertes du début de l'année, un roman dérangeant qui fait beaucoup réfléchir...
Lorsque Myriam, mère de deux jeunes enfants, décide malgré les réticences de son mari de reprendre son activité au sein d'un cabinet d'avocats, le couple se met à la recherche d'une nounou. Après un casting sévère, ils engagent Louise, qui conquiert très vite l'affection des enfants et occupe progressivement une place centrale dans le foyer. Peu à peu le piège de la dépendance mutuelle va se refermer, jusqu'au drame.
Mon avis :
Ca fait trèèèès longtemps que j'ai lu ce livre ; je l'avais reçu comme cadeau il y a probablement deux ou trois ans, mais entre-temps j'ai un peu laissé tomber la "littérature blanche" et il s'était enfoncé dans les profondeurs de ma PAL. Je ne l'en ai sorti qu'à l'occasion du Book Club de mars 2017 sur Livraddict, voici donc une chronique qui m'aura pris sept mois à publier. Heureusement que c'est patient un livre !
Comme souvent, j'ai ouvert le roman en refusant de lire la quatrième de couverture pour ne rien en savoir et dès le départ j'ai été décontenancée. L'histoire commence par la fin : un drame, parmi les pires que l'on puisse imaginer, vient d'avoir lieu. Personne ne s'y attendait, surtout pas les premiers concernés. L'histoire reprend ensuite au début, pour tenter de déterminer comment on a pu en arriver là.
C'est une "chanson douce" qui est en fait très dure. Le malaise s'installe petit à petit, et le lecteur qui sait comment tout ceci va finir se rend vite compte que quelque chose cloche sans nécessairement pouvoir mettre le doigt dessus. Où est l'erreur, où est-ce que ça a commencé à déraper ? Est-ce la faute d'une mère, femme moderne poussée à tout concilier et dont la vie prend la forme d'un combat permanent qu'elle ne gagnera jamais ? Est-le la faute d'un père qui visiblement ne prend aucune responsabilité en ce qui concerne les enfants ? Est-ce la faute d'un milieu ultra-culpabilisant, notamment des grands/beaux-parents qui imposent à la mère les attentes d'une autre génération ? Est-ce la faute d'une société où deux mondes se font face, emménagent littéralement ensemble, jusqu'au moment où les inégalités explosent ?
Plus l'histoire progressent, plus bourreau et victime se mélangent. On a juste deux femmes qui finissent par devenir chacune le reflet de tout ce qui manque chez l'autre : l'une a la richesse, la famille, l'équilibre ; l'autre a l'organisation, le temps, le don de s'épanouir dans le soin aux enfants. Leur collaboration avait l'air parfaite, mais les fissures sont trop profondes, l'injustice de leurs situations respectives trop importante. La folie joue son rôle aussi, celle qui pousse à passer à l'acte démesuré, sans prévenir... ou presque. Il y a donc deux questions que je me suis posée en cours de route : la responsabilité de cet acte horrible vient-elle d'un seul côté ? Et aurait-il été possible de prévoir et de prévenir ? Je n'ai de réponse à aucune des deux questions, et pour cette raison j'ai terminé ma lecture avec la chair de poule.
En résumé, c'est un roman prenant, bien écrit, qui fait réfléchir et met très mal à l'aise. Je le déconseillerais peut-être aux mères de famille sensibles, car il raconte avec un réalisme désarmant ce qui est probablement leur pire cauchemar. Mais je pense qu'il touchera particulièrement tous ceux qui aiment les drames et les situations moralement compliquées narrées avec brio.
Pour en savoir plus :
Tout à fait d'accord avec cette critique : le roman est bien écrit et fait réfléchir à la société inégalitaire dans laquelle on vit et qui est peut-être source de drames.
RépondreSupprimerLeïla Slimani est une auteur que j'aimerais bien découvrir depuis que je l'ai vue présenter ce titre dans la Grande Librairie (et Livrés à domicile aussi il me semble). Son nouveau titre a l'air aussi terrible. Il va falloir que je me penche sur ses titres. Vivement la sortie poche ;)
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