Grande fan de "Jane Eyre" et "Les hauts de Hurlevent", il a fallu que je découvre aussi l'oeuvre de la troisième soeur Brontë, Anne. Une lecture commune organisée par Evertkhorus (toujours elle !) me donne l'occasion de partager mon avis. Alors, Anne mériterait-elle la renommée de Charlotte et Emily ?
Résumé :
Cadette d'une famille heureuse mais ruinée, Agnès, fille de pasteur, devient gouvernante pour soutenir financièrement ses parents. La gouvernante au XIXème siècle a un statut spécial: au-dessus du domestique, aussi ou mieux éduquée que les maîtres, mais malgré tout inférieure et obligée d'obéir. Agnès est pleine d'enthousiasme, persuadée qu'elle va participer à l'éducation de jeunes filles qui deviendront des demoiselles accomplies grâce à ses soins. Mais la déception est grande: dans la première famille où elle trouve un emploi, elle est considérée comme une simple servante et doit faire face à de petits enfants totallement insupportables, dont les parents lui interdisent toute marque d'autorité tout en lui reprochant de ne pas les mettre au pas. Sa deuxième expérience sera elle aussi assez loin des attentes d'Agnès...
Mon avis :
Je suis un peu mitigée par rapport à ce roman. Il ressemble quelque peu à ceux des autres soeurs Brontë, mais il lui manque aussi quelque chose pour être à leur niveau.
Dans les "plus", ce que j'ai aimé, il y a le style d'écriture: je l'ai lu en anglais, comme d'hab, et il y a un véritable plaisir à lire des phrases aussi joliment construites, dans le style "classique" légèrement ampoulé que j'aime beaucoup. Sur le fonds, l'histoire est une très belle description de la condition des gouvernantes à l'époque et de la vie dans les maisons nobles/riches. Il y a un peu le même type de critique que dans "Orgueil et préjugés", avec l'humour en moins. La gouvernante a de l'éducation, de la morale, est là pour les transmettre à des jeunes filles qui doivent un jour devenir des jeunes épouses modèles. Mais elle doit faire face à l'isolement de sa position, ni au niveau des serviteurs ni à celui des maîtres. Elle est aussi le témoin des dépravations des classes supérieures, des jeunes enfants gâtés, de leur morale et de leur éducation très limités, de la vérité derrière les façades. Elle est responsable des bonnes manières et de l'apprentissage de jeunes gens sur lesquels elle n'a que peu d'autorité vu sa classe sociale inférieure...
Dans les "moins", il y a le personnage principal : trop parfaite (selon les critères de son époque). Trop bien éduquée, trop morale, trop raisonnable, trop bonne chrétienne... Evidemment, l'histoire est racontée par sa plume, mais on n'y distingue aucun défaut, au point que ça en devient énervant, surtout par rapport aux autres personnages (toute la famille d'Agnès est parfaite, tous les autres - sauf un - sont hautement criticables). D'ailleurs, il y une morale trop évidente : Agnès est une jeune fille sobre et morale, elle sera heureuse, les autres se comportent mal malgré le fait qu'elle essaie de les changer, ils seront malheureux. Il y a aussi quelques longueurs pénibles, de longues descriptions et surtout, de longs prêches chrétiens. Et puis ça manque un peu de rebondissements : une petite histoire d'amour légèrement entravée, mais rien de bien palpitant. Cependant, c'est encore le moins grave des défauts: la description de la vie d'Agnès est, pour moi, suffisante pour faire la trame de l'histoire.
Bref, j'ai globalement aimé cette oeuvre, une très belle description sociale dans la lignée de Jane Austen plutôt que de ses soeurs, mais elle n'est pas sans critiques. Il y manque en particulier cette passion dévorante qui agite les protagonistes de Jane Eyre ou des Hauts de Hurlevent et qui font leur spécificité au sein du romantisme anglais. A la place, on y trouve trop de morale chrétienne à la Comtesse de Ségur ; un trait de l'époque me dira-t-on, mais que l'on ne retrouve absolument pas dans les oeuvres de ses soeurs où les dévots sont plutôt tournés en dérision. Je suis donc heureuse d'avoir lu ce roman, mais je conçois parfaitement qu'il n'ait pas traversé l'histoire comme une oeuvre majeure de la littérature.
Résumé :
Cadette d'une famille heureuse mais ruinée, Agnès, fille de pasteur, devient gouvernante pour soutenir financièrement ses parents. La gouvernante au XIXème siècle a un statut spécial: au-dessus du domestique, aussi ou mieux éduquée que les maîtres, mais malgré tout inférieure et obligée d'obéir. Agnès est pleine d'enthousiasme, persuadée qu'elle va participer à l'éducation de jeunes filles qui deviendront des demoiselles accomplies grâce à ses soins. Mais la déception est grande: dans la première famille où elle trouve un emploi, elle est considérée comme une simple servante et doit faire face à de petits enfants totallement insupportables, dont les parents lui interdisent toute marque d'autorité tout en lui reprochant de ne pas les mettre au pas. Sa deuxième expérience sera elle aussi assez loin des attentes d'Agnès...
Mon avis :
Je suis un peu mitigée par rapport à ce roman. Il ressemble quelque peu à ceux des autres soeurs Brontë, mais il lui manque aussi quelque chose pour être à leur niveau.
Dans les "plus", ce que j'ai aimé, il y a le style d'écriture: je l'ai lu en anglais, comme d'hab, et il y a un véritable plaisir à lire des phrases aussi joliment construites, dans le style "classique" légèrement ampoulé que j'aime beaucoup. Sur le fonds, l'histoire est une très belle description de la condition des gouvernantes à l'époque et de la vie dans les maisons nobles/riches. Il y a un peu le même type de critique que dans "Orgueil et préjugés", avec l'humour en moins. La gouvernante a de l'éducation, de la morale, est là pour les transmettre à des jeunes filles qui doivent un jour devenir des jeunes épouses modèles. Mais elle doit faire face à l'isolement de sa position, ni au niveau des serviteurs ni à celui des maîtres. Elle est aussi le témoin des dépravations des classes supérieures, des jeunes enfants gâtés, de leur morale et de leur éducation très limités, de la vérité derrière les façades. Elle est responsable des bonnes manières et de l'apprentissage de jeunes gens sur lesquels elle n'a que peu d'autorité vu sa classe sociale inférieure...
Dans les "moins", il y a le personnage principal : trop parfaite (selon les critères de son époque). Trop bien éduquée, trop morale, trop raisonnable, trop bonne chrétienne... Evidemment, l'histoire est racontée par sa plume, mais on n'y distingue aucun défaut, au point que ça en devient énervant, surtout par rapport aux autres personnages (toute la famille d'Agnès est parfaite, tous les autres - sauf un - sont hautement criticables). D'ailleurs, il y une morale trop évidente : Agnès est une jeune fille sobre et morale, elle sera heureuse, les autres se comportent mal malgré le fait qu'elle essaie de les changer, ils seront malheureux. Il y a aussi quelques longueurs pénibles, de longues descriptions et surtout, de longs prêches chrétiens. Et puis ça manque un peu de rebondissements : une petite histoire d'amour légèrement entravée, mais rien de bien palpitant. Cependant, c'est encore le moins grave des défauts: la description de la vie d'Agnès est, pour moi, suffisante pour faire la trame de l'histoire.
Bref, j'ai globalement aimé cette oeuvre, une très belle description sociale dans la lignée de Jane Austen plutôt que de ses soeurs, mais elle n'est pas sans critiques. Il y manque en particulier cette passion dévorante qui agite les protagonistes de Jane Eyre ou des Hauts de Hurlevent et qui font leur spécificité au sein du romantisme anglais. A la place, on y trouve trop de morale chrétienne à la Comtesse de Ségur ; un trait de l'époque me dira-t-on, mais que l'on ne retrouve absolument pas dans les oeuvres de ses soeurs où les dévots sont plutôt tournés en dérision. Je suis donc heureuse d'avoir lu ce roman, mais je conçois parfaitement qu'il n'ait pas traversé l'histoire comme une oeuvre majeure de la littérature.
Pour en savoir plus :
- les critiques de me co-lecteurs : Nymi partage et à la fois complète mon avis, Evertkhorus va aussi dans le même sens.. Je viendrai ajouter d'autres critiques au fur et à mesure où je les découvrirai.
- la page Bibliomania du livre, avec toutes les infos techniques le concernant, et les critiques d'autres blogueurs.
Un classique que je lirai sans doute mais pas maintenant, beaucoup de déceptions en ce moment dans ce domaine...
RépondreSupprimerJe me rends compte que nos points de vue sur cette oeuvre sont réellement similaires, j'avais peur d'être la seule à avoir trouvé ce roman trop "moral".
RépondreSupprimerJ'aurai aimé avoir un niveau d'anglais suffisant pour tenter une VO, mais je dois reconnaître que j'ai eu peur de ne rien comprendre. Pourtant une telle lecture doit être un plaisir !
Wow, c'est fou comme c'est une LC unanime, j'espère qu'il y aura d'autres avis. Je n'ai pas parlé du côté moral, mais je suis tout à fait d'accord! On se retrouve pour une autre LC Nathalie??? ;)
RépondreSupprimerLes soeurs Bronte sont notées pour un challenge, mais pas encore commencé. Ce roman n'a pas l'air bien attirant!
RépondreSupprimerCe n'est pas le meilleur des Bronte mais je me souviens avoir passe un bon moment...evidemment compare quoi que ce soit a Jane Eyre ou Les hauts de Hurlevent, ce n'est pas gagne !
RépondreSupprimerJolie critique, je te rejoins totalement !
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