20 janvier 2012

La route, de Cormac McCarthy

Je prononce ce blog officiellement réouvert pour la saison 2012 ! A ceux qui me sont resté fidèles malgré la pause hivernale, merci pour votre patience...  Et la reprise se fera sur le roman qui a fait l'objet du dernier (et magnifique) book club !


Résumé :

Un homme et son fils parcourent les USA dévastés pour descendre vers le sud où ils espèrent trouver des températures plus clémentes. Le pays qu'ils traversent est devenu invivable depuis un événement non précisé quelques années auparavant : des nuages gris cachent le soleil et rendent la nuit impénétrable, de la cendre recouvre le sol, les animaux et la végétation sont morts, des incendies géants ont détruit les forêts. Les quelques êtres humains épargnés ont pour la plupart perdu toute humanité dans la bataille pour survivre. Mais l'homme et son fils, eux, portent le feu et sont chacun la raison d'être de l'autre.

Mon avis :

Voila un livre qui a beaucoup fait parler de lui à sa sortie en 2006 et lorsqu'il fut adapté en film en 2009, avec Viggo Mortensen dans le rôle de l'homme. J'ai un peu de mal à imaginer comment on peut transposer en images un roman tellement psychologique, mais je vois très bien ce qui a pu susciter autant de commentaires autour de l'œuvre originale. Il s'agit, typiquement, du genre de lecture qui éblouit ou qui ennuie profondément.

Pour être ébloui, il faut d'abord accepter ce que ce roman n'est pas. Ce n'est pas de la science-fiction, en tous cas pas au sens strict. Ce n'est même pas entièrement un roman post-apocalyptique, car nous ne saurons rien de la catastrophe qui a dévasté la terre. Nous ignorons tout de nos héros également : leurs noms, leur origine, leur but. Le centre d'intérêt ici, c'est la survie, et par-dessus tout, la bataille constante de nos deux protagonistes pour conserver un peu d'humanité dans un monde ravagé physiquement et moralement.

C'est là que cette histoire vous prendra aux tripes si vous êtes fait de l'étoffe appropriée. La peur et le courage de l'enfant, la patience et la ténacité du père, toute les abominations qu'ils endurent épouvantent et émeuvent à la fois. Au fil des pages, je n'ai cessé de m'interroger : mais pourquoi continuent-ils ? Où trouvent-ils la force de poursuivre leur route quand, visiblement, ils n'ont plus rien à espérer dans ce monde ? Ils sont d'ailleurs tous les deux prêts à accueillir la mort comme une délivrance. La seule chose qui les retient, c'est la peur d'être séparés, celle de voir l'autre mourir.

C'est ce qui fait la différence entre un récit trop noir, où l'auteur s'amuse à faire souffrir ses personnages pour nous horrifier, et ce roman tout en nuances, ou l'on peut admirer la force des héros et pleurer sur leur sort avec d'autant plus de sincérité qu'on ne sait pas si, à leur place, on aurait leur courage.

Point de vue style, un certain côté épuré dans les description évite les larmoiements et donne un ton réaliste. Je sais que certains lecteurs ont été déroutés par les monologues du père avec peu ou pas de ponctuation. Pour moi, ce style étrange représente bien l'entrée dans la tête du personnage et sa tendance à "déraper" mentalement : sous pression constante, son esprit glisse de temps en temps vers des pensées sans logique apparente et sans structure, et la narration sans repères nous le fait vivre de l’intérieur.

En résumé, un roman terriblement touchant pour celui qui pourra le vivre.


Pour en savoir plus :
- acheter le livre sur Amazon (version française)
- les discussions du book club sur Livraddict
- la page Bibliomania du livre

9 commentaires:

  1. moi je fais partie de ceux qui ont adoré!!!

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  2. Un book club vraiment intéressant en effet et qui m'a permis de sortir ce roman de ma PAL. Mr K l'avait lu il y a 1 an et demi et depuis j'avais promis de m'y mettre. C'est chose faite! Et quel plaisir! On ne ressort pas indemne de cette lecture.

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  3. Je remercie le Book Club qui m'a aussi permis de sortir le livre. C'est vraiment une histoire prenante dont le style ne ressemble à aucun autre et comme toi, j'ai trouvé qu'il collait bien à l'histoire. Et ton article est très bien !

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  4. encore un livre qu'il faut que je lise..

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  5. Le film ne m'a vraiment pas donné envie de lire le livre... Même effet qu'avec No Country for Old Men du même auteur. Mais vu tout le bien qu'on dit de McCarthy (enfin, de ce McCarthy-là ;D), il faudra bien que je jette un oeil dans son oeuvre un jour ou l'autre.

    Sinon, je peux toujours publier mes critiques de livre ici ? J'en ai une autre en cours. Je demande, parce que le blog a tellement changé de tête (et il est très joli comme ca, bien sûr).

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  6. Tu devrais peut-être lire un livre de lui qui n'a pas été adapté en film :D

    Bien sûr que tu peux ! J'espère que la nouvelle tête du blog (je dirais plutôt coiffure, la tête et son contenu ne changent pas :)) ne te donnent pas l'impression que je le recentre sur moi. J'ai d'ailleurs penser à changer le titre.

    Ton nom est sous la rubrique "qui va là ?" avec un lien vers ton site, si tu préfères une présentation sur une page ici, ou les deux, ou même plus (possibilité de sous-menu), n'hésite pas.

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  7. Non, non, ca ne me dérange pas du tout ! C'est ton blog, c'est tout naturel. :) Oui, j'ai repéré mon nom dans le menu.

    La seule chose qui m'étonne est à quel point le site semble difficile à trouver sur Google... ou alors je m'y prends mal. Quand je tape "nathl page a page", rien. Il faut que je tape "nathl pageapage" pour le voir et même pas en première position ! Mais par contre une autre NathL qui n'a pas mis à jour son site depuis des mois arrive toujours en premier. Parfois Google c'est vraiment de la m.....

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  8. Ce n'est pas NathL page à page, mais Nath page à page. C'est peut-être ça le problème (NathL est mon pseudo twitter uniquement).

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  9. Ah oui en effet, ca marche comme ca ! :D

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