21 mars 2012

Bonheur d'occasion, de Gabrielle Roy


Voici un livre qui m'a été offert par un ami canadien qui voulait que je fasse la connaissance d'une oeuvre classique de son pays. Je l'ai lu il y a deux ou trois ans, puis je l'ai rangé dans ma bibliothèque. C'est une lecture commune qui m'a permis de le ressortir et de vous le présenter.


Résumé :

Dans le quartier montréalais de Saint-Henri, un peuple d'ouvriers et de petits employés canadiens-français est désespérément en quête de bonheur. Florentine croit trouver le sien dans l'amour ; Rose-Anna le cherche dans le bien-être de sa famille ; Azarius fuit dans le rêve ; Emmanuel s'enrôle ; Jean entreprend son ascension sociale. Chacun, à sa manière, invente sa propre voie de salut et chacun, à sa manière, échoue. Mais leur sort est en même temps celui de millions d'autres, non seulement à Montréal mais partout ailleurs, dans un monde en proie à la guerre.
(quatrième de couverture)


Mon avis :

Voilà un résumé qui ne se contente pas de raconter un peu l'histoire, mais qui plonge aussi carrément dans son atmosphère.  Tout comme le titre, très bien choisi lui aussi.

Parce que l'histoire ici c'est celle de différents personnages qui cherchent le bonheur chacun à leur façon, un bonheur toujours difficilement accessible et durement gagné, jamais durable : "d'occasion".  Pourtant tous ces gens n'en demandent pas tant : un toit sur leur tête, une famille heureuse, une carrière passionnante, un mariage d'amour. Mais ils s'y prennent mal, confondent les rêves et les moyens, et puis surtout, vivent à une époque impitoyable. C'est la deuxième guerre mondiale, et si le Canada n'est pas directement concerné, il est durement touché par la misère quand les moyens vont à l'armée.  En fond de toile, il reste pour les hommes de cette histoire la possibilité cruelle de sortir de la misère et d'assurer les revenus de leur famille en s'engageant comme soldat, autrement dit, en offrant sa propre vie.

L'auteur nous plonge dans leurs vies en nous détaillant leurs pensées, tour à tour. La plume est sensible et touchante, le décor décrit par petites touches. Sans le moindre effort, nous visitons Montréal, ou plutôt le quartier de Saint Henri, tel qu'il était il y a soixante ans. Des discussions aux café jusqu'au passage du train, des petits moments de joie aux longues peines, tout y est et j'ai été purement envoûtée. Ajoutez à cela le joli français du Québec qui donne aux conversations une douceur d'outre-mer. Une fresque parmi les plus belles que j'aie pu croiser.

Par contre, quelle tristesse dans toute cette histoire !  Comme la vie de ces gens est sombre et triste ! Autant vous le dire tout de suite : aucun des personnages n'atteindra le bonheur qu'il recherche. Ça n'en finit pas mal pour autant, car parfois la paix n'est pas là où l'on pense. Mais le long des pages, l'ambiance est grise et morne, la misère omniprésente, tout semble sans espoir, chaque plaisir se paie au centuple. L'auteur n'a aucune pitié avec ses personnages, il ne leur épargne rien et ne nous cache aucun de leurs défauts. Il y a même des moments si tristes que j'en ai eu les larmes aux yeux.

Bref, c'est un livre très beau mais aussi très dur.  Ce n'est pas nécessairement un défaut, mais soyez vigilant : à ne pas lire un soir de déprime...


Pour en savoir plus :
- la fiche Bibliomania du livre
- acheter le livre sur Amazon
- les avis de mes co-lectrices, très contrastés : Isallysun, pour qui le livre mérite bien sont statut de classique, et celui de Lau1307 qui n'a vraiment pas aimé.

5 commentaires:

  1. Comme je le dis dans mon avis, je suis complètement passé à côté de ce roman, c'est dommage... =(

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  2. Oui c'est dommage mais je comprends tes raisons :)

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  3. Gabrielle Roy est l'une des plus grandes auteures canadiennes françaises du XXe siècle. Elle a souvent décrit dans ses romans la misère ouvrière et la réalité des familles modestes, que ce soit à Montréal ou à Winnipeg, au Manitoba, où elle est née et a vécu étant jeune.
    Alors c'est sûr que c'est pas toujours gai, mais c'est la réalité de l'époque au Québec.
    Ce livre a remporté le Prix Femina en France, ce qui était une première pour un roman écrit par une femme canadienne française. Cela en a fait un classique ici au Québec, étudié à l'école. C'est un peu le Germinal du Québec... ;-)

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  4. Excellente chronique de ta part! Comme d'habitude =D

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  5. @Fibula : Merci pour ces informations. C'est bien pour ces raisons que je n'ai pas encore lu Germinal, trop peur d'être confrontée à toute la dureté de cette époque. Je suis trop impressionnable, surtout lorsque je sais qu'il s'agit (s'agissait) de la réalité ! Et pour une fois je suis heureuse d'avoir pu l'affronter.

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