07 avril 2012

A long way from paradise : Surviving the Rwandan genocide, de Leah Chisughi


Tout le monde a entendu parler du génocide rwandais. Mais savoir est différent de se rendre compte. Voici le témoignage poignant d'une miraculée qui nous raconte la vie avant, pendant et après le génocide.

Résumé :

En 1994, Leah a 17 ans et un bébé de 6 mois. Née dans une famille aisée, mannequin, fiancée, elle vit une jeunesse insouciante et heureuse. Mais elle est Tutsi, et le 6 avril 1994, lorsque le génocide commence, elle se trouve au centre de Kigali, seule avec son bébé. Il va lui falloir traverser le pays pour espérer survivre aux massacres dont elle et son peuple sont la cible.


Mon avis :

Voici un autre livre que j'ai lu non pas par choix, mais pour l'enregistrer pour une jeune femme malvoyante. Il n'est pas encore sorti en français mais je voulais en parler ici car il traite d'un sujet vraiment terrible.


Dans les premiers chapitres, Leah nous parle de son enfance, à cheval entre le Rwanda d'où viennent ses parents et le Congo où ils habitent. Elle a tout pour être heureuse : une famille aimante et aisée, un fiancé amoureux, un bébé arrivé un peu par accident mais bienvenu, un emploi de mannequin et un avenir prometteur.  Sa vie est si belle et si insouciante qu'elle ne voit pas le danger venir, malgré les menaces répétées de l'Interahamwe, la milice hutue.  Et lorsque l'avion du président rwandais est abattu, provoquant immédiatement l'assassinat systématique des tutsis et des hutus modérés, elle se trouve en plein centre de Kigali. Pour survivre, il va lui falloir parcourir des dizaines de kilomètres où elle risque la mort à chaque instant. Elle n'a que 17 ans et elle emporte avec elle un bébé de six mois.

Pendant toute ma lecture, je n'ai pas une seule fois mis en doute la crédibilité de la narratrice, malgré toutes les atrocités à peine croyables qu'elle raconte. C'est simplement que son périple est si impressionnant que l'on n'imagine même pas qu'il puisse être inventé. D'un instant à l'autre, Leah bascule en enfer, le pire qu'on puisse imaginer, quand le monde que l'on connait et que l'on aime, où l'on se sent en sécurité, devient tout à coup un piège où chaque pas peut entraîner la mort. Les voisins, les membres d'une même famille s'entretuent. Leah devient un gibier traqué et malgré les horreurs qu'elle croise elle doit continuer à marcher pour se sauver elle et pour sauver son fils. Sa force est impressionnante, malgré sa jeunesse et son inexpérience.

Une fois hors du Rwanda, son périple ne s'arrête pas. Elle ne se sent en sécurité nulle part et traverse l'Afrique, sans papiers, toujours avec son bébé sur le dos, seule au monde. Après de nombreux rebondissements, elle atterrira en Angleterre d'où elle raconte son histoire.

Je crois qu'il est important d'avoir un témoignage tel que celui-là. Leah n'explique rien, elle est aussi incapable que nous de fournir des raisons à cette haine soudaine, cette cruauté extrêmement violente qui a rendu un peuple fou. Mais elle nous raconte à quoi ça ressemble, et il faut ces mots-là pour aller plus loin que les nombres de morts et les rapports officiels.

Le style est pauvre et maladroit ; à entendre ses interviews, Leah ne maîtrise pas parfaitement l'anglais, mais ça ajoute un peu à la naïveté et à la sincérité du récit. Les seuls passages où j'ai senti que cette sincérité faisait défaut c'est lorsqu'elle parle des hommes qui l'ont aidée. Certains inconnus croisés sur son chemin au travers de l'Afrique vont tout à coup lui donner de l'argent, un endroit où vivre, en clair l'entretenir elle et son fils pendant quelques semaines à quelques mois. Elle dit qu'ils ne lui demandent rien en échange mais à deux reprise elle les quitte en catimini de peur qu'ils la retiennent. J'ai du mal à croire que cette jeune femme très belle et récemment veuve n'ait rien vu de plus dans leurs motivations.

Voilà donc un témoignage dur mais important. Si vous voulez en savoir plus sur cette période de l'histoire, c'est celui-là qu'il faut lire.
 


2 commentaires:

  1. Sur les mêmes événements, je te conseille le film Hôtel Rwanda : poignant.

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  2. J'en ai entendu parler en effet !

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