12 octobre 2013

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell


Au programme aujourd'hui : un grand classique littéraire et cinématographique qui a occupé mon été !


Résumé :

Scarlett est la fille aînée de Gerald O'Hara, un riche planteur de Géorgie. En cette année 1861, Scarlett a 16 et est une vraie Belle du Sud : séductrice, pleine de caractère, elle est la coqueluche des jeunes hommes du conté. Lorsque celui dont elle est amoureuse, Ashley, se fiance avec Melanie, Scarlett épouse par dépit le frère de Melanie. Mais la guerre de Sécession vient tout bouleverser : tous les jeunes hommes s'engagent dans l'armée confédérée et le mode de vie sudiste disparaît brutalement, forçant Scarlett à faire face à l'adversité. 


Mon avis :

Ce roman est encore une fois la preuve qu'il ne faut pas apprécier un héros ou une héroïne pour être séduit par le livre dans lequel il/elle apparaît. J'ai détesté Scarlett depuis le première page et jusqu'à la dernière, malgré toutes les épreuves qu'elle traverse, malgré sa force de caractère admirable, et malgré l'évolution de sa personnalité. Une femme comme ça, sans coeur, sans sympathie pour ceux qui l'aiment et sans le moindre sens moral me hérisse le poil. Tout au début de l'histoire, quand elle se marie par dépit avec un jeune homme qu'elle méprise, j'ai décidé de refermer le livre pour ne plus le rouvrir ; un tel manque de jugement ne pouvait mener qu'à une série de catastrophes qui allaient me taper sur les nerfs.

Heureusement pour moi, je me suis rappellée un peu plus tard que la guerre de Sécession approchait et la curiosité historique l'a emporté sur ma haine de Scarlett. Et c'est finalement ce que j'ai apprécié le plus dans ce long roman : la fresque historique très élaborée et très réaliste qui en fait la trame. La guerre de Sécession, je ne la connais vaguement que par quelques cours et Les Tuniques Bleues. Mais en général, avec le recul, c'est toujours le point de vue des gagnants qui l'emporte. Dans Autant en emporte le vent, ce sont les perdants que l'on suit. On découvre le véritable "Southern way of life", ce mélange très particulier d'esclavagisme paternisant, de galanterie, de pudeur, de séduction, de richesse et de fêtes. Margareth Mitchell, elle-même sudiste, n'élude aucun aspect de la vie à l'époque, même les moins reluisants, mais traite le tout avec une justesse qui paraît très réaliste. 

Par exemple, j'ai beaucoup aimé tout ce qui touche à l'esclavage : les Sudistes ne comprennent pas pourquoi les Nordistes se permettent de remettre en cause leur mode de vie, alors qu'ils traitent leurs esclaves comme s'ils faisaient partie de la famille, les soignent et gèrent leur vie pour le mieux. Ils s'offusquent de ce que les Nordistes exigent la fin de l'esclavagisme, sans comprendre que les esclaves ont besoin d'êtres traités comme des enfants. Ils montrent à la fois beaucoup d'amitié pour leurs esclaves quand ils restent soumis, mais également beaucoup de crainte face aux esclaves libérés qu'ils considèrent comme des bêtes féroces prêtes à violer les femmes blanches. Et ils redoutent le jour où les esclaves, plus nombreux, obtiendront le droit de vote et mettront à la tête de l'état un "darkie"... Ce genre de relation est beaucoup plus subtil que "La case de l'Oncle Tom" et que les problèmes économiques que l'on donne en général comme raison pour la lutte contre l'abolition.

Pour revenir au roman, je suis d'habitude de plus en plus allergique aux histoires d'amour, et je m'attendais à beaucoup de guimauve entre Scarlett et le fameux Rhett Butler.  Je me suis largement trompée, car loin d'être un bellâtre ombrageux, Rhett Butler est un véritable héros comme je les aime, profond et nuancé (en plus d'avoir beaucoup de charme, c'est un fait que je ne peux pas nier). Sa clairvoyance et son ironie, son humour particulier et sa tendresse étrange vis-à-vis de Scarlett passent largement au-dessus de la tête de cette dernière mais n'échappent pas au lecteur. Il sert à nous ouvrir les yeux sur l'envers du décor, quand Scarlett, autour de qui l'histoire est narrée, n'en voit jamais que l'endroit. Les autres personnages sont tout aussi travaillés, et ma préférée reste Melanie : on la croit naïve et fragile, alors qu'en réalité elle est tout aussi forte que Scarlett, à sa façon, plus intelligente et surtout bien, bien plus gentille et humaine qu'elle. C'est un personnage qui m'a souvent surprise et l'auteur l'approfondit au fil des événements avec beaucoup de brio. 

L'intrigue est très longue mais le rythme est bien maîtrisé et les rebondissements nombreux, ce qui fait que j'ai mis beaucoup de temps à le lire mais je ne me suis pas ennuyée. Il me reste maintenant à voir le film, qui, il paraît, est magnifique. En résumé, voici une histoire d'amour qui parle beaucoup plus d'Histoire que d'amour.

Un dernier mot : j'ai lu ce roman en anglais, et pour ceux qui souhaiteraient tenter l'expérience, je peux vous dire que ce n'est pas trop difficile. Le seul problème majeur, c'est la conversation des "darkies" (esclaves) : elle est transposée avec leur "argot" et leur accent, très loin de l'anglais classique, et il m'a souvent fallu lire les phrases à haute voix pour en comprendre le sens. Mais ce n'est qu'une toute petite partie de l'histoire.


Pour en savoir plus :
- la fiche Bibliomania du livre
- la discussion du Book Club de Livraddict portant sur ce roman : impressions générales, intrigue, personnages et le style et l'auteure.

6 commentaires:

  1. Bigre! Tu me donnerais envie de plonger dedans. Je n'ai pas vu le film non plus, pour info.
    Mais je ne pensais pas que les personnes ayant des esclaves les respectaient de cette manière. J'ai toujours pensé que ... esclave = esclave quoi ... tu vois ce que je veux dire.
    Par contre, j'aurai très peur de trouver le livre long ... et moi je dois sentir que j'avance dans l'histoire.
    Belle chronique Nath ^^

    RépondreSupprimer
  2. C'est vrai que Scarlett est égoïste, méchante, manipulatrice mais je l'ai toujours aimée ! Ado, je voulais être elle ! :) Je ne suis pas très objective sur Autant en emporte le vent car c'est mon livre préféré que j'ai lu, relu, rerelu en VF et VO (et effectivement ça se lit bien en anglais) entre 15 et 25 ans et idem pour le film. C'est vrai qu'au-delà de l'histoire d'amour c'est une fresque historique magnifique. Et là c'est malin, ton article me donne envie de relire le livre ! En tout cas, pour moi Scarlett aura à jamais le joli minois de Vivien Leigh et Rhett les traits de Clark Gable... Soupirs...

    RépondreSupprimer
  3. J'en garde un très très bon souvenir, j'avais vraiment adoré!! :)

    RépondreSupprimer
  4. @Thalia : merci :) L'histoire avance sans arrêt, mais elle couvre une longue période, c'est pour ça que c'est long. Je ne me suis pas ennuyée personnellement.

    @Frankie : Il faudrait que tu m'expliques ce que tu lui trouves, à Scarlett, j'ai du mal à comprendre :D

    RépondreSupprimer
  5. Je l'aime parce qu'elle n'a pas que ce côté sale gosse trop gâtée, c'est une aussi une femme courageuse, qui sait ce qu'elle veut (même si ce n'est pas toujours à bon escient) et qui essaie de faire son trou dans un monde dominé par les hommes.

    RépondreSupprimer
  6. On peut dire que je suis vraiment fan de l'auteur. Elle m'inspire beaucoup.

    RépondreSupprimer