04 avril 2015

Inconnu à cette adresse, de Kressmann Taylor


Voici un livre lu en une demi-heure et chroniqué dans la foulée, ce sont donc mes impressions "à chaud" que vous trouverez ci-dessous !


Résumé :

Lorsque Martin retourne avec sa famille dans son pays, l'Allemagne, en 1932, il laisse derrière lui en Amérique son associé et ami juif Max. C'est l'époque de la montée au pouvoir d'Hitler, et au fil du temps, les lettres chaleureuses que s'échangeaient les deux amis changent radicalement de ton, jusqu'à ce que cette correspondance devienne terriblement cruelle. 


Mon avis :

En faisant le tour de ma bibliothèque à la recherche d'un roman historique pour le challenge "Un genre par mois", je suis tombée sur ce tout petit livre, cette nouvelle épistolaire que j'avais complètement oubliée. Je ne sais pas vraiment d'où elle vient, j'ai dû en entendre parler ici ou là, l'ajouter à ma wishlist et la recevoir à Noël il y a deux ou trois ans. A chaque fois que je retombe sur un livre que j'ai reçu en cadeau, je m'en veux de ne pas avoir pensé à le faire dédicacer par la personne qui me l'a offert...

Etant donné le nombre de pages (à peine plus d'une cinquantaine et très aérées), ce texte se lit très rapidement. C'est le recueil des lettres (imaginaires) échangées entre les deux amis sur une période d'un an. C'est un texte touchant où, sous le ton formel que prenaient les lettres à l'époque où la correspondance était considérée comme un art véritable, affleure l'émotion : l'amitié profonde de deux amis très proches puis la froideur, la douleur, la distance, la cruauté.  Le texte se termine sur un rebondissement suggéré qui lui met un point final choquant mais assez astucieux. 

C'est donc une très belle nouvelle qui vaut la peine d'être lue, mais je me permets quand même une critique. J'ai trouvé le changement d'attitude de Martin beaucoup trop rapide. Il est difficile de se mettre dans l'état d'esprit d'une époque que l'on n'a pas vécue, mais le changement me semble trop brutal, surtout que l'on passe d'un extrême à l'autre en moins de six mois. Qu'un patriote puisse sur cette période se laisser endoctriner pour une idéologie dont il ne mesure pas la cruauté, ou qui lui permet de révéler la haine qu'il possédait déjà en lui, à la limite. Mais là il connait très bien les exactions du nazismes, et il en vient sur cette période à couper tous les ponts, en utilisant des mots extrêmement dénigrants, avec un ami qui lui a été très proche pendant de longues années. Il me semble que ça aurait dû prendre plus de temps, plus de lettres. 

Et pourtant, je comprends le point de vue de l'auteur : elle ne pouvait pas allonger indéfiniment cette nouvelle pour en faire un roman, voir cette amitié se déliter sur des dizaines de lettres aurait été très vite lassant. Il aurait peut-être fallu alors y imbriquer une petite intrigue parallèle, en courant le risque de noyer un peu le message principal terriblement fort... mais qui est quand même affaibli par ce manque de développement. Un vrai casse-tête !

Quoi qu'il en soit, c'est quand même une lecture frappante et une façon très efficace de représenter un épisode terrible de l'histoire. Et c'est d'autant plus impressionnant comme tour de force que, d'une part, l'auteur n'était pas un écrivain professionnel mais, à l'époque, une simple mère au foyer ; et d'autre part, parce que cette nouvelle a été publiée en 1938, à une époque où peu de monde se rendait compte du lavement de cerveau qui transformerait le gouvernement allemand en une machine à tuer par millions. Du coup la nouvelle sonne a posteriori comme un avertissement clairvoyant qui fait froid dans le dos. 


Pour en savoir plus :
- la fiche Bibliomania du livre
- l'avis de Mr K, qui ne soulève pas de problème de crédibilité (c'est peut-être juste moi alors ?)
- acheter ce livre sur Amazon


2 commentaires:

  1. Je crois que j'ai offert ce titre à ma soeur il y a quelques années ... je devrais peut-être le lui emprunter ... :)

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  2. Un jour où tu as envie de quelque chose de court, celui-là est parfait :)

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