15 novembre 2015

Contes de la Bécasse, de Guy de Maupassant


Ce mois-ci, comme le veut le challenge "Un genre par mois", je redécouvre un classique de Maupassant... et je ne pensais pas qu'il me ferait un tel effet. 


Résumé :

Chaque année, à l'époque de la chasse à la bécasse, le vieux baron des Ravots invite les chasseurs a sa table. Un rituel désigne chaque année celui qui aura la chance de déguster la tête des oiseaux mais, en échange, devra raconter une histoire...


Mon avis :

Je suis tombée sur ce recueil de nouvelles un peu par hasard : pour le challenge "un genre par mois", je cherchais un roman classique à lire, et cet article m'a donné envie de me pencher à nouveau sur Maupassant que j'avais découvert pendant mon adolescence.  Comme tout ce que j'ai lu il y a si longtemps, j'ai entamé ce recueil de nouvelles sans savoir du tout à quoi m'attendre. 

Il s'agit donc d'un ensemble de contes très courts, de petites histoires où l'atmosphère prime souvent sur l'intrigue. Ils ont pour point commun d'explorer la nature humaine, sans fard. On sent chez l'auteur une certaine tendresse envers l'humanité ; il parle des défauts et qualités, petits et gros, des hommes et des femmes de son époque. Certaines histoires ont d'ailleur l'air à la fois tellement loufoques et tellement réalistes, parlent de personnalités tellement hors-normes mais décrites sans exagérations, qu'on ne peut s'empêcher de penser qu'il s'agit d'histoires réelles. En lisant par exemple "Farce normande" (à propos d'une drôle de blague jouée à un jeune marié) ou "Un Normand" (à propos d'un drôle de bonhomme qui fait commerce de prières et de statuettes de saints), je n'ai pas pu m'empêcher d'imaginer l'auteur, en visite à la campagne, rencontrant de tels personnages ou notant dans un petit carnets les histoires de village qu'on lui raconte autour d'un verre. D'autres "contes" (par exemple "Le testament") racontent des histoires de familles du genre à rester longtemps dans les mémoires. Ce recueil nous plonge ainsi dans les vies depuis longtemps terminées, dans des drames qui ont secoué des vies et aussi dans de petites anecdotes plus joyeuses, et la plume de l'auteur est extraordinaire pour nous faire vivre, en quelques pages seulement, toutes ces vies si différentes de ce qu'on connaît actuellement.

Et pourtant, j'étais presque contente de terminer ma lecture à cause du malaise que j'ai ressenti souvent. Car si dans ces histoires il y a de la tendresse, il y a aussi beaucoup de cruauté. On y trouve des meurtres, des viols, de la torture animale ou sentimentale, de l'avarice poussée à l'extrême, le tout raconté avec une candeur choquante au nom de personnages qui ne semblent pas réaliser en quoi que ce soit le mal qu'ils font. Je ne sais pas s'il y a une forme de dénonciation de la part de l'auteur, ou s'il veut juste raconter ce que l'on trouve derrière le vernis de civilisation... mais il a une façon de nous montrer le côté le plus noir de l'homme, avec un pessimisme qui est quelque peu contagieux. L'une de ces histoires, par exemple (La Rempailleuse), a pour introduction une discussion sur l'amour entre les invités du marquis, les femmes soutenant l'existence d'un grand amour unique et pur, les hommes persuadés que l'amour peut renaître plusieurs fois. Et là un invité raconte l'histoire d'un de ces grands amours uniques, justement... mais bâti sur de mauvaises raisons et accueilli avec la plus affreuse des cruautés. Assez souvent, l'histoire se déroule comme ça ; un petit conte qui a l'air bien gentil mais qui se termine de la pire manière qui soit. 

En résumé, j'ai été charmée par la puissance de narration de l'auteur qui nous plonge en quelques pages dans un autre monde, une autre aventure humaine... mais je suis trop sensible pour tant de pessimisme, tant de cruauté candide. J'ai très envie de redécouvrir Maupassant, mais ce recueil m'a donné une leçon : je ne tenterai l'aventure que quand je me sentirai de taille à lui faire face armée d'un optimisme à toute épreuve. 


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2 commentaires:

  1. Moi aussi, j'aime beaucoup le style maupassantien mais effectivement, il faut choisir son moment... C'est souvent cruel et pessimiste... Une vision sans concession.
    Je crois vraiment qu'il y a une dénonciation des défauts humains... en tout cas la satire est très visible dans Bel-Ami de Maupassant... C'est l'un de mes romans fétiche, malgré le cynisme du personnage... Il a une vision lucide sur ses contemporains... sans fard comme tu le dis au début de ton billet

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  2. Je suis heureuse de voir que je ne suis pas la seule à être sensible à ce pessimisme. Il devait avoir une vision assez négative de ses compatriotes, le Maupassant !

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