Pour ce premier article déposé directement sur ces nouvelles pages, je compte marquer le coup en vous parlant de mon gros coup de coeur de ces derniers mois - en fait, de l'année 2009, puisque je l'ai lu pour la première fois en décembre. L'éclat du diamant est un livre reçu en partenariat de la part d'un tout nouvel éditeur lançant un tout nouvel auteur; une double découverte donc. Dans ces cas-là, on ne sait jamais trop à quoi s'attendre, surtout quand on nous annonce ce roman policier comme une oeuvre assez particulière. J'étais donc très curieuse avant d'ouvrir ces pages, et je n'ai pas été déçue du tout. Voyez plutôt...
Quatre morts simultanées, quatre assassinats exécutés par des professionnels, quatre hommes qui se connaissaient: le journaliste, son frère le génie en marketing, et leurs amis le dirigeant d'entreprise de communication et le rentier épris d'Afrique. Dès le début, l'équipe du Commissaire Delajoie à la Criminelle de Paris sent venir l'affaire complexe et politique. Pourtant, quand ils partent au petit matin sur le sentier de la guerre, armés de leur professionalisme aguerri, ils ne s'attendent pas à être entraînés dans les méandres les plus profonds des techniques de marketing, de la diffusion publicitaire, de la grande distribution et de toute une machine bien rôdée qui à force de faire de l'argent pourrait bien prendre le contrôle du monde.
Mon avis:
Sérieusement, je vais vous confier quelque chose: ce livre a dû être écrit pour moi. D'abord, les romans policier, j'aime beaucoup. Mais je suis devenue difficile à force d'en lire: j'exige une intrigue pleine de surprises, quelques rebondissements indispensables et des indices qui se cachent bien. Et là-dessus, rien à dire: je me suis laissée emportée de bout en bout dans une enquête d'autant plus crédible qu'elle est minutieusement menée. Aucun détail de procédure ne nous est épargné, aucun raccourci, chacun des enquêteurs est suivi comme son ombre pour que se dévoilent petit à petit les indices. Nous découvrons en même temps que l'équipe les potentiels meurtriers et les noeuds compliqués d'un énorme mobile, et les questions que l'on se pose - vaguement, parce qu'en ce qui me concerne j'ai préféré me laisser porter par l'histoire - trouvent finalement toutes leurs réponses, qui ne sont évidemment pas celles auxquelles on s'attendait.
Une chose qui m'insupporte dans les polars, ce sont les personnages caricaturaux. La belle femme volontaire et à l'aise partout, le flic torturé à tendance violente, les jeunes riches insupportables, les journalistes sans scrupules et les patrons qui passent leur temps à réprimer toutes les bonnes idées de leurs subordonnés... Mais ici, rien de tel: l'équipe marche du tonnerre, chacun respecte les lois et ils ont chacun leur histoire qui leur apporte tout ce qu'il faut d'intéressant sans glisser vers l'improbable. Des personnages agréables à côtoyer et que l'on respecte, c'est sympathique.
En parlant de ça, j'ignore si j'ai le droit de vous prévenir, vous qui n'avez pas encore lu le livre, mais... allez, je me lance: l'auteur a un talent particulier pour nous décrire les personnages qui jalonnent son histoire, c'est un fait. Son truc à lui, pourtant, c'est de mettre sous le projecteur aussi bien les acteurs principaux que les seconds rôles. On s'en rend compte très tôt, et pourtant, j'avais beau le savoir, je me suis laissée bluffer à tous les coups: impossible de distinguer les victimes des héros. J'ai adoré me faire avoir, pour ne rien vous cacher, et j'en ri encore. Un seul petit regret cependant: celui qu'on n'ait pas croisé plus longuement Manda, la seule femme de la brigade; elle méritait mieux.
Je vous disais donc que ce livre a été écrit pour moi. Parce que non contente d'être exigeante dans mes choix de polars, je suis aussi à l'affût du style trop facile, des métaphores éculées et des auteurs qui accumulent artificiellement le vocabulaire trop pédant, que je pourfends sans hésiter d'une critique vengeresse. Ici, rien de tel; si l'auteur nous étale sa culture, c'est toujours pour une bonne raison, et sa plume est un véritable plaisir pour les yeux. Rien de tel qu'un petit extrait pour vous mettre l'eau à la bouche:
Ils ne l'avouent jamais publiquement, mais ce que les vrais flics préfèrent le plus dans leur boulot, c'est cette montée d'adrénaline qui précède toute belle chasse. Mais il n'y a de belle chasse que la chasse a courre. Dans l'ancien temps, l'aristocratie nommait cette activité "la chasse à courre, à cor et à cri". Et il fallait bien reconnaître qu'à la Criminelle, cette noblesse de la police, on courait effectivement beaucoup, on donnait moult coups de sirènes, on attrapait des corps et, souvent, tout commençait et finissait dans les larmes et les cris.
Avouez que ça, c'est de la métaphore qui ressemble à une oeuvre d'art !
Tout ceci, ci-dessus, ce sont les ingrédients pour faire un bon polar. Mais il n'est pas le seul, et ça ne vous dit pas pourquoi ce bon polar a été expressément écrit pour moi. Pour le comprendre, il faut savoir une chose: je suis avidement curieuse et j'adore accumuler plein d'informations extrêmement variées. Je suis capable de passer des heures sur Wikipédia, surfant d'un lien à l'autre, démarrant sur la page du panda (qui possède 6 doigts à chaque patte, vous le saviez ?) pour finir, sans m'en rendre compte, par dévorer les aventures des sous-marins allemands de la deuxième guerre mondiale (expérience vécue). Je veux tout savoir, mais j'ai quand même quelques domaines de prédilection: le droit, l'économie, la politique m'intéressent particulièrement.
Or, ce polar, ce n'est pas qu'un polar: c'est également un documentaire. Ca veut dire d'abord que l'auteur s'est visiblement très bien renseigné sur le fonctionnement d'une enquête criminelle, qu'il en a retenu tous les rouages, la procécure, le vocabulaire et jusqu'au mobilier du 36 quai des orfèvres, et qu'il nous restitue toute cette information au fur et à mesure. Ca pourrait tourner au cours magistral ou au charabiat incompréhensible, mais pas du tout: c'est clair, précis, et terriblement prenant; on s'y croirait, jusqu'au plus petit détail, jusqu'à la moindre règle - le droit, vous voyez où je veux en venir ?
Et le côté documentaire va plus loin. L'auteur profite visiblement de l'histoire pour nous ballader dans le monde du marketing, des OPAs hostiles, de la grande distribution et de ses vampires se nourrissant de "marges arrières"... Toute l'intrigue est basée sur un réseau économique complexe visant à entourer le pauvre peuple d'un bout à l'autre de la chaîne de consommation, et page après page, on nous en dévoile toutes les finesses, sans rien nous épargner. Alors bien sûr, il faut aimer. Il faut peut-être y être prêt, aussi (ce n'était pourtant pas mon cas, mais puisque le livre a été écrit pour moi...). Il ne faut pas avoir peur de coupes claires dans l'histoire, de longs paragraphes et de pages denses d'informations pas nécessairement faciles à assimiler. Et là, l'horrible banderolle "le polar de l'été" imprimée sur l'édition que j'ai reçue est visiblement une grosse erreur, car c'est plutôt le polar pour les longues soirées d'hiver où l'on a le temps de faire travailler ses méninges.
Mais quel effort de vulgarisation ! J'ai été subjuguée. Depuis le temps que je souhaitais savoir comment on mesurait l'audience télévisée: maintenant je le sais ! Depuis le temps que je fais mes courses dans les grands supermarchés sans m'être une seule fois rendue compte à quel point c'est une invention originale, et un empire honteusement dictatorial ! Juriste fan d'économie, consommatrice curieuse, esprit qui tente de rester informé et méfiant: c'était vraiment fait pour moi.
Vous n'êtes toujours pas convaincu ? Alors j'ai l'argument imparable que ce livre a été écrit pour moi: en plus d'être fan de polars, exigeante dans le style, curieuse, juriste et économiste, je suis aussi dopée aux réseaux sociaux et autres internetisteries - pour preuve, ce blog et deux autres, un compte twitter, facebook, google reader, tumblr, picasa, posterous... j'en passe et des meilleures. Or, non seulement le livre a un site web où on retrouve notamment des bonus (passages coupés, interview de l'auteur etc)... ...mais son héro, le commissaire Delajoie, a lui-même un compte facebook. Par curiosité je l'ai mentionné dans un statut au moment où j'ai terminé ma lecture, et il m'a répondu seulement quelques heures plus tard ! Je dois dire qu'être contactée par le héro du roman qu'on vient de terminer, c'est une expérience toute bête mais assez époustoufflante.
Voilà, maintenant je suis sûre que je vous ai convaincus: ce roman m'était destinée. Il m'a trouvée jusqu'en Finlande, via un partenariat entre un site que je suis depuis sa naissance et un éditeur plein d'enthousiasme (à la Team Livraddict, on est fans de cette petite maison d'édition). Je l'ai adoré. Et je suis "amie" sur facebook avec son héro. Que demander de plus ? Si vous me ressemblez un tant soit peu, plongez sans états d'âmes, vous adorerez.
Avant d'envoyer vite fait cette "critique" (le commissaire vient de m'écrire pour me dire qu'il l'attendait avec impatience), je remercie encore une fois Livraddict et L'Autre Editions pour cette magnifique découverte sur laquelle je ne serais pas tombée toute seule, mais je vous préviens: pour le prochain tome, pas besoin de partenariat, je l'achèterai dès sa sortie, c'est sûr et certain. Et j'espère qu'il fera au moins autant de pages que le premier (478, grand format)...
Voici la page Bibliomania avec toutes les informations concernant ce livre et des liens vers les critiques d'autres bloggueurs. Ce livre a aussi fait l'objet d'une discussion très intéressante sur le forum Livraddict que vous pourrez parcourir ici. Le 15 février aura également lieu une rencontre avec l'auteur sur le forum, n'hésitez pas à venir participer !
Je suis totalement convaincue par ta chronique Nath, tout comme toi je serais sans doute pas allée de moi même vers ce livre, mais je ne manquerais pas la prochaine parution (dire qu'il faut attendre la fin de l'année !)
RépondreSupprimerEh eh mallou, quand je te dis qu'on a les mêmes goûts :D
RépondreSupprimerDur dur d'attendre la suite! Et si le tome ne parait pas, j'exige que le commissaire nous raconte tout sur sa page FB! Nan mais!
RépondreSupprimer:p
Là t'as tout à fait raison ! Il s'est mis à découvert, on pourra le harceler :D
RépondreSupprimerJ'ai lu ton billet en diagonal seulement car ce polar va tout droit sur ma LAL. Tout le mode en parlait sur Livraddict mais tu m'as convaincue !
RépondreSupprimerJe ne pense pas que je lirai ce livre mais je dois te féliciter sur deux points : ton blog est vraiment attrayant et ton écriture super.
RépondreSupprimerMerci Lexounet :) Par curiosité, qu'est-ce qui fait que tu ne penses pas le lire ?
RépondreSupprimerAh… Où ai-je bien pu mettre mes petits Kleenex… Presque la larme à l’œil le petit éditeur. Quant à mon auteur, j’imagine difficilement sa réaction face à une telle déclaration d’amour (de son travail, j’entends bien) car je viens à peine de lui transmettre le lien. Bon, j’espère qu’il ne va me faire maintenant un petit blocage après votre billet, car vous avez mis la barre comme qui dirait « assez haut » pour le second opus… Merci, Nathalie, d’avoir tant aimé ce livre, d’avoir su adhérer au projet littéraire de son auteur. Merci d’en parler avec tant de passion communicative.
RépondreSupprimerMais c'est un plaisir, et qui vient du coeur :) Merci à vous de prendre le temps de commenter chacune des critiques publiées sur les blogs; c'est un effort que ne font pas les autres éditeurs, et qui fait énormément plaisir aux bloggueurs ! Au plaisir de vous retrouver pour un prochain opus ;)
RépondreSupprimerTrès beau billet. Si cela pouvait améliorer les ventes de ce polar, j'en serais ravie, malgré mes petites réticences concernant l'aspect moralisateur que j'ai visiblement été la seule ç ressentir. Et à lundi pour le book club!
RépondreSupprimerJe n'avais pas vu ton billet !
RépondreSupprimerexcellent ! il y des gens qui ont le don de dire avec leurs mots ce que pensent les autres !!! ^^
à ce soir ! ;-)
c'était bien encore le book club d'hier! Je me régale dans ce type d'évènement. Et encore, à moi, l'auteur n'a pas écrit: " chère nathalie"!
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