Fred Vargas est l'une de mes auteures favorites. Ses polars baignent dans une atmosphère légèrement surréaliste, avec des personnages très riches, à la fois décalés et profondément vrais. Je ne rate aucune de ses sorties, même si je n'ai pas encore eu l'occasion de commenter ses romans sur ce blog. Allons-y donc pour le petit dernier...
Adamsberg se trouve confronté à trois enquêtes parallèles. A Paris, il y a cette histoire de petit délinquant, spécialiste de l'incendie de voiture, qui aurait brûlé vif un grand chef d'entreprise. A cause d'une sombre histoire de lacets, Adamsberg ne croit pas à la culpabilité de celui que tout désigne, mais comment le disculper quand on lui coupe son enquête sous le pied ? Il y a aussi le problème, non moins important, de ce pigeon auquel on a attaché les pattes pour le laisser mourir. Un acte d'une cruauté qui ne doit pas rester impunie. Et puis, en province, il y a cette petite dame, dont la fille a vu l'Armée curieuse (ou l'Armée furieuse, Adamsberg ne sait pas trop), un événement tout droit sorti du Moyen-Age et qui annonce la mort de quatre vilains méchants. D'ailleurs, le premier vient justement de disparaître sans laisser d'adresse. Adamsberg est un peu réticent, mais il semble que résoudre l'affaire en province lui permettra de relancer celle de Paris, et puis il a bien besoin de s'échapper un peu, alors...
Mon avis :
Ah, Adamsberg ! L'insupportable, le talentueux, l'admirable Adamsberg ! Je l'adore. Sur papier, bien sûr, parce qu'en réalité, il faut vraiment être Danglard et le reste de l'équipe pour pouvoir le supporter. Sa nonchalance, son instinct, sa sensibilité en font le héros idéal du roman policier, celui qui peut se permettre de voir ce que le lecteur a devant les yeux sans le lui dire, celui qui se promène à la marge de la réalité, qu'on pourrait presque croiser dans la rue, tout en sachant qu'il est trop profond pour être vrai.
On retrouve donc Adamsberg et tous ses collègues dans une nouvelle enquête signée Vargas. Monsieur vient de se découvrir un fils adulte qui lui ressemble étrangement, et son adjoint Veyrenc doit décider s'il va regagner la brigade ou pas. Car sa vie a changé au cours des épisodes de sa "saga", et il vaut mieux entamer celui-ci après avoir lu les précédents (surtout "Un lieu incertain").
Son flair, par contre, est resté le même, ainsi que sa connaissance du genre humain, et il le prouve dès les premières pages. Il fonctionne toujours au feeling qui inverse ses raisonnements : il acquiert une certitude puis se creuse les méninges pour découvrir ce qui l'y a amené. Un procédé déroutant pour ses adjoints et pour le lecteur, mais depuis le temps, nous y sommes habitués.
Tout comme nous connaissons le procédé narratif préféré de l'auteure : une bonne vieille légende moyenâgeuse, de celles qui font encore un peu peur quand on y réfléchit bien, plantée dans le décor d'aujourd'hui ; des faits qui semblent lui donner raison au-delà de toute raison ; et enfin, un dénouement bien mené qui explique tout sans avoir recours au surnaturel. Un poil répétitif, mais puisque ça fonctionne, je signe encore et toujours.
Ce à quoi nous ne sommes pas habitués, c'est à un Adamsberg qui commet des erreurs. Et, pire encore, qui se compromet. Pour de vrai, pour de faux, on le découvre au fur et à mesure, mais quoi qu'il en soit, Adamsberg n'est pas infaillible. Ses adjoints non plus, d'ailleurs, même pas Rétancourt, qui loupe un indice de poids, sans parler de Danglard, dont la bourde monumentale manque de le tuer. Finalement, c'est presque par chance que toute cette histoire trouve son dénouement. A cause de morceaux de sucre. Il faut bien sûr un Adamsberg pour les suivre comme les miettes du Petit Poucet, mais en-dehors de ça, tout le long de cette histoire d'Armée furieuse, il s'est quand même largement fait mener en bateau.
Voilà donc une nouvelle facette d'Adamsberg qu'on croyait connaître : on le découvre faillible. Et voilà comment notre auteure archéologue creuse encore un peu son personnage. Et voilà pourquoi je ne raterai pas la prochaine sortie de Vargas. Encore un tome que les fans d'Adamsberg ne doivent manquer sous aucun prétexte.
Un passage audio :
Un petit passage au début de l'intrigue, une petite discussion à bâtons rompus entre Adamsberg et Veyrenc qui donne une idée du décor, de la façon de penser d'Adamsberg et de la langue légère de Vargas.
Pour en savoir plus :
- la fiche Bibliomania du livre
Je m'étais ruée à la librairie le jour de sa sortie tant j'étais impatiente ! Et aucun regret ! L'armée furieuse est juste génial ! Adamsberg fidèle à lui même ainsi que le reste de l'équipe!
RépondreSupprimerJ'ai bien aimé son fils aussi, je ne m'en souvenais pas du tout !
Les fans de Vargas ne peuvent qu'aimer comme tu l'as souligné !
je n'ai lu qu'un freg vargas (impossible de me souvenir du nom du roman). Je me souviens que j'avais adoré !!!
RépondreSupprimerJe suis en pleine lecture de l'Armée furieuse, c'est mon premier Vargas et certainement pas le dernier! Je découvre Adamsberg et sa brigade farfelue avec délectation!
RépondreSupprimerVive les personnages récurrents!
Eric
Merci à vous, je vois qu'Adamsberg fait l'unanimité :)
RépondreSupprimerBonsoir, L'armée furieuse était le premier Vargas que je lisais et je suis tombée sous le charme des personnages (principaux ou secodaires) et de l'histoire. Je comprends l'engouement que provoque cet auteur auprès des lecteurs. Bonne soirée.
RépondreSupprimerTon billet est magnifique! Je constate que tu apprécies également cet univers propre à Vargas. Pour ma part, après lecture de l'armée furieuse, j'ai eu envie - avec un énorme plaisir! - de faire une petite synthèse sur l'univers de Vargas, sur ses personnages, son ambiance... Si tu as envie d'y faire une petite visite.. Passe une bonne soirée. Cordialement. Pascal
RépondreSupprimer