12 février 2014

Northanger Abbey, de Jane Austen


Depuis que j'ai ma toute nouvelle bibliothèque, ce qui est génial, c'est de retrouver à portée de mains des livres qui étaient dans des caisses depuis six mois, au point que j'avais oublié que je les possédais. Le premier livre dans ce cas-là qui a attiré ma main, c'est un roman de ma copine Jane Austen avec une jolie couverture pastel et un titre qui rappelle une série que j'ai beaucoup regardée à Noël... J'ai pris ça pour un signe, je l'ai lu en quelques jours, et voici mon avis !


Résumé :

La jeune Catherine, fille de pasteur campagnard, est emmené par des voisins à Bath, un lieu de villégiature où toute la bourgeoisie anglaise se retrouve. De soirée en bal, de déjeuner en visites au théâtre, elle fait la connaissance de nouveaux amis. Mais Catherine est simple, naïve et incapable de distinguer l'honnêteté des manipulations...


Mon avis :

Si je compte bien, c'est le quatrième roman de Jane Austen que je lis. Il y a eu d'abord Orgueil et préjugés, que comme beaucoup de lectrices j'ai adoré ; Raisons et sentiments, un peu moins sarcastique ; Emma, à l'héroïne insupportable ; et maintenant celui-ci. Et autant vous le dire tout de suite, de ces quatre oeuvres, c'est celle-ci que j'ai le moins apprécié.

C'est surtout le premier quart qui m'a posé problème. On y découvre Catherine, présentée avec une sorte d'humour acerbe qui, pour une fois sous la plume de Jane Austen, m'a semblé forcé et faux. Cette introduction m'a laissée perplexe : est-ce que l'auteur souhaitait présenter son héroïne avec malice, ou avec tendresse ? Catherine est-elle une petite idiote, ou une jeune femme naïve mais très sincère, du fait des circonstances ? L'auteur n'est pas sensé nous donner toutes les clés du personnage, mais ici ce n'est pas un caractère nuancé qui en ressort, c'est plutôt une série de contradictions et on ne sait plus sur quel pied dancer.

En faisant meilleure connaissance de Catherine au fil des pages, lorsque l'introduction laisse place à l'histoire, j'ai enfin pu former mon opinion : Catherine est une jeune femme pas vraiment idiote mais extrêmement, insupportablement naïve. Heureusement, les événements lui permettent d'apprendre à lire entre les lignes, mais au départ elle est totalement incapable de concevoir que ses interlocuteurs puissent penser une chose et en dire une autre. Elle prend tout au pied de la lettre jusqu'à l'absurdité et est manipulée dès le début. J'ai du mal à croire que, quelles que soient les circonstances de son éducation, une personne de 16 ans puisse être aussi naïve.

Evidemment, c'est le ressort de l'intrigue : Catherine est incapable de jouer le jeu extrêmement subtil des relations entre personnes de bonnes familles, dictées par la politesse et les convenances. Je pense que s'il y a une volonté de la part de l'auteur de dénoncer les pratiques de son temps, c'est là qu'elle se trouve : les règles de communication de l'époque sont si subtiles, si contradictoires, il y a tellement de non-dits que ça en devient ridicule. Au fond, c'est Catherine qui a raison : on devrait pouvoir s'exprimer clairement et la vie serait bien plus facile.

Le personnage de Catherine et la façon dont elle est présentée ont donc été un problème pour moi ; un autre problème, c'est le rythme de l'intrigue. Le résumé de mon édition parlait d'une invitation de Catherine à Northanger Abbey, la maison de nouveaux amis. En fait, cette invitation n'a lieu qu'au milieu du livre, et le séjour en tant que tel ne prend que le dernier quart. Tout le reste, ça se passe à Bath, où Catherine va d'un déjeuner à un bal, d'une pièce de théâtre à un thé avec des amis. Le scénario se déroule dans ce petit milieu fermé et porte avant tout sur les tous petits événements, le moindre discours, la moindre rencontre ou promenade. Ce genre de vie oisive devait être terriblement ennuyeuse, et cet ennui se répercute dans l'histoire. Il se passe des choses, oui, et l'intrigue évolue petit à petit ; mais les occasions et les décors sont si répétitifs que ça en devient vite lassant.

Finalement, il n'y a que le petit mystère à la fin qui vaille de poursuivre jusque là. Il y a évidemment une jolie histoire d'amour, mais en l'absence d'un Darcy sombre et mystérieux, cette part de l'intrigue manque cruellement de romantisme, bizarrement. Et les petits mystères qui étonnent si profondément Catherine sont faciles à percer pour le lecteur un peu moins naïf qu'elle.

Bref, voilà un livre que j'ai lu d'une traite (les insomnies ont au moins ça de bon), mais qui m'a quand même déçue : il n'y a ni l'humour caustique mais léger, ni la profondeur dans la romance, ni l'intrigue prenante, ni l'héroïne attachante que l'on trouve dans un "Orgeuil et préjugés" et ce qu'il reste est assez insipide. C'est dommage.

Et maintenant, j'aimerais me réconcilier avec Jane Austen mais je ne sais plus vers quel roman me tourner. Des suggestions ? 


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5 commentaires:

  1. Egalement celui que j'ai le moins apprécié, mais qui reste tout de même inégalable !

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  2. C'est un des plus "pauvres" de JA, écrit pour parodier de façon pas très subtile la littérature gothique et celles qui s'y laissent prendre (tout comme le personnage de Marianne dans Raison & Sentiments est adepte de la littérature romantique et passe un peu pour une idiote au début). Perso j'aime bien Mansfield Park, même si la résolution finale est un peu bâclée (disons que l'intrigue met très longtemps à se dérouler et d'un coup, pof, tout est fini).

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  3. @Fairy Lélie : ce qui m'a étonnée avec cette "parodie", ou critique de la littérature romantique, c'est qu'il y a un long passage où l'auteur défend justement ce type de littérature, et puis il y a le fait que le "méchant" (stupide) la déteste alors que le "gentil" avoue sans honte lire les mêmes livres que l'héroïne. On ne sait plus sur quel pied danser : est-ce qu'il s'agit d'une critique de la littérature gothique/romantique ? Ou juste de critiquer les lectrices qui s'y laissent trop prendre ? J'ai envie de dire qu'il n'y a pas de critique du tout, juste une intrigue qui tourne autour de la naïveté d'un personnage (parce que la pauvre Catherine n'a jamais rien vu de la vie "en vrai"), mais d'un autre côté l'auteur insiste tellement sur ces histoires de romans que ça paraît bizarre. Franchement je ne sais plus quoi penser.

    Merci pour le conseil concernant Mansfield Park ! Il va peut-être falloir que je m'habitue à l'idée que j'ai déjà lu le meilleur de Jane Austen :D

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  4. J'ai commencé Emma et je pensais terminer par celui-ci. J'ai fait plusieurs tests qui disaient que je ressemblais le plus à Catherine Morland mais ce que tu en dis là n'est pas très flatteur :D.

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  5. je n'ai pas été sensible à l'humour qui est visiblement présent... je suis contente d'avoir lu du Jane Austen mais je n'ai pas été particulièrement emballée par cette lecture!

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