24 avril 2016

Trigger Warning: Short Fictions and Disturbances, de Neil Gaiman


Je suis tombée à peu près par hasard sur le dernier recueil de nouvelles de Neil Gaiman, sorti en 2015. Il n'est pas encore publié en français j'en ai peur, mais si l'anglais ne vous fait pas peur, alors ce seront peut-être les histoires derrière ces pages qui le feront...


Résumé :

Parfois, les films, émissions et autres pièces de divertissement incluent un avertissement de type "trigger warning" : si vous êtes sensible à telle ou telle chose, éloignez-vous, car cette narration risque de réveiller en vous des sensations déplaisantes. Pour ce recueil de 24 nouvelles, Neil Gaiman nous avertit dès le titre. Attendez-vous à tout, car il y a de tout entre ces pages, et soyez prêts à ce que ces petites histoires variées réveillent chez vous toutes sortes d'émotions... 


Mon avis : 

C'est souvent difficile de parler d'un recueil de nouvelles, vu que les histoires sont généralement difficiles à qualifier dans une chronique unique, et les présenter individuellement est fastidieux. Ici, le problème est aggravé par le fait que les nouvelles sont extrêmement variées et nombreuses. L'auteur l'avoue lui-même : rien ne relie ces histoires entre elles, ni la forme, ni le fond. Il y a surtout de la prose, mais il y a aussi de la poésie ; certaines sont longues, d'autres très courtes ; la plupart ne sont constituées que d'une seule intrigue, mais "A calendar of tales" rassemble douze petite histoires, une par mois de l'année ; certaines sont réalistes, d'autres prennent la forme de contes ou légendes, d'autres encore semblent réalistes jusqu'à ce qu'un élément fantastique vienne tout perturber ; certaines font rire, certaines mettent la larme à l'oeil, certaines font frissonner, certaines sont pleines d'aventures palpitantes et certaines sont carrément lugubres. 

Il y en a aussi qui reprennent des personnages connus : on a droit à une intrigue dont le héros est Sherlock Holmes, une autre qui est une histoire du Doctor Who (version Matt Smith), et une troisième qui retrouve Shadow, le héros de American Gods. Je crois que ce sont mes préférées, d'ailleurs.  Je n'ai pas un souvenir très précis de American Gods, alors j'avais peur de me sentir un peu larguée (il faut vraiment que je relise ce livre), mais Shadow est un personnage si reconnaissable et si charismatique que cette petite aventure sombre, lors de laquelle il s'arrête quelques jours dans un village accueillant et en découvre un vilain secret, m'a parue immédiatement familière. Sherlock Holmes est un personnages si souvent adapté qu'il est difficile de lui apporter de la nouveauté, mais Neil Gaiman s'en sort de façon grandiose en écrivant une aventure où le détective s'attaque au plus grand mystère de l'humanité. Quant à Doctor Who, en tant que grande fan de la série télé (moderne), je n'ai jamais osé lire ses adaptations littéraires de peur d'être déçue à cause du changement de format, mais j'ai tout à fait adoré cette aventure bizarre, parfaite pour le personnage et aussi prenante qu'un épisode télé. 

Une des raisons majeures pour lesquelles j'ai acheté ce livre, c'est qu'il était, dans son format audio, en promotion sur Audible, et qu'il était narré par Neil Gaiman lui-même. J'étais curieuse de découvrir comment l'auteur lui-même interprétait son texte. Et je n'ai pas été déçue : le ton n'est pas nécessairement celui que j'aurais utilisé dans ma propre imagination, il y a peut-être parfois un peu trop d'intonations dramatiques dans certaines phrases qui auraient pu être beaucoup plus neutres pour laisser le texte parler de lui-même... Mais Neil Gaiman a une voix complètement irrésistible !  Je la qualifierais même de très sexy. Il garde la bouche très près du micro, élève rarement la voix au-delà d'un doux murmure, et d'un bout à l'autre on a l'impression qu'il nous chuchote ses histoires à l'oreille... C'est une sensation incroyable, cette proximité, et ça rajoute une dimension très particulière à toutes les histoires : celles qui sont tendres et émouvantes le sont encore plus, celles qui sont déjà lugubres ou effrayantes donnent physiquement la chair de poule. J'ai lu il y a un certain temps un autre de ses recueils de nouvelles au format écrit et je peux dire avec certitude que j'ai beaucoup plus apprécié celui-ci à cause de son format audio, indépendamment de la qualité des histoires en elles-mêmes.

Un autre attrait de ce livre (mais je crois que l'auteur fait ça à chacun de ses recueils de nouvelles), c'est l'introduction : Neil Gaiman nous explique l'origine de chacune des histoires à venir, ce qui est particulièrement intéressant, je trouve. On y découvre l'inspiration et l'occasion pour leur écriture, parfois en longueur, et souvent ça nous permet aussi de plonger, un tout petit peu, dans l'intimité de l'auteur. Il prévient que l'on peut choisir de lire cette partie avant de lire les nouvelles, ou bien après ; j'ai choisi de l'écouter avant pour ne pas avoir à revenir en arrière dans le fichier audio, et si c'est intéressant en effet, c'est quand même un peu étrange d'entendre parler d'histoires dont on ne connaît pas le contenu. Je pense que je vais le réécouter un de ces jours, maintenant que je connais les histoires.

Voilà, en résumé : un recueil extrêmement varié, donc il y aura forcément des histoires qui seront plus marquantes que d'autres pour chaque lecteur. En ce qui me concerne il y en a où je me suis sentie un peu perdue, d'autres qui m'ont mise mal à l'aise, et certaines que j'ai adoré, mais je pense qu'aucune ne m'a vraiment laissée indifférente, chacune est originale et unique. Ce recueil est surtout un témoignage du talent de Neil Gaiman : l'imagination de cet homme et son talent pour créer des atmosphères incroyablement variées sont visiblement sans limites.


Pour en savoir plus :

 

1 commentaire:

  1. C'est un chouette recueil, je l'ai lu plus facilement que Fragile things y'a quelques années. Par contre effectivement faut faire son marché, difficile de tout aimer (voir de tout comprendre !). J'ai moi aussi d'ailleurs beaucoup aimé ses textes sur American Gods, Sherlock Holmes et Doctor Who(comme par hasard). Et ses contes de fées aussi, il sait bien les détourner !

    RépondreSupprimer