31 mars 2010

Un homme heureux, d'Arto Paasilinna

Oui, je suis dans une période "Paasilinna" en ce moment. Encore un effet secondaire du babysitting: je suis tombée sur une famille avec une belle bibliothèque en français, y-compris une petite collection de cet auteur que j'aime beaucoup et dont les livres sont assez courts pour pouvoir les terminer en une soirée. Alors pourquoi pas ? Et puis un roman avec un titre pareil, ça donne envie, non ? Il contient peut-être une bonne recette du bonheur...


Résumé:

Un jour de printemps, l'ingénieur Akseli Jaatinen débarque dans le village finlandais de Kuusmäki. Il est chargé de construire un pont en béton sur la rivière qui traverse le village, pour remplacer le vieux pont de bois, emblème des féroces batailles entre Finlandais pendant la guerre civile. D'emblée, le jeune et enthousiaste ingénieur est adopté par les ouvriers dont il défend les intérêts, mais détesté par les notables du village, peu enclins à accueillir un nouveau venu si différent d'eux. De malentendus en persécutions volontaires, Jaatinen devient la tête de Turc de tout le village, lui qui respirait le bonheur simple. Mais quand les persécuteurs croient enfin l'avoir chassé, Jaatinen revient pour une vengeance de longue haleine...


Mon avis:

Voici un Paasilinna bien différent de ceux que j'ai déjà lus (et, pour certains, présentés sur ce blog) ! Bien sûr, c'est toujours la nature finlandaise pour décor, le peuple du nord et ses travers, la plume simple et directe de l'auteur que je commence à bien connaître. Mais, cette fois-ci, il use beaucoup moins de cet ingrédient qui pourtant faisait la saveur des autres romans: l'humour ironique. On a de temps en temps envie de sourire des déboires de Jaatinen ou de ses victoires (notamment sa situation amoureuse assez rocambolesque), mais ce n'est plus l'élément essentiel du récit.

Ici, il s'agit surtout d'une fable moderne: le renard qui finalement vainc par l'intelligence la meute des loups - à coup de magouilles politiques et de production de béton, pour changer un peu. La critique mordante du peuple finlandais, signature de Paasilinna, prend cette fois pour cible un trait commun à une bonne partie de l'humanité, toutes nationalités confondues: son esprit mesquin, son rejet de l'étranger et l'effet de meute qui fait que lorsque deux ou trois personnes s'acharnent sur une autre, tous s'y mettent.

Pour une fois, l'auteur ne s'arrête pas à des considérations sociologiques, il se contente de narrer l'histoire. Aucun temps mort: Jaatinen affronte pas à pas les embûches qui se dressent, intentionnellement ou pas, sur son chemin, et le récit est suffisamment plein de ses aventures pour ne pas laisser l'attention du lecteur baisser. Un récit qu'on pourrait qualifier à la fois de campagnard et d'industriel, puisqu'il s'agit de changer les mentalités en construisant une usine pour faire passer d'un coup un petit village presque moyenâgeux dans la modernité. On y trouve donc des fermiers, du béton, des ouvriers, de la construction de rails de chemin de fer en pleine forêt, une nuit d'amour dans un chalet sur une île, des montages financiers, de la pêche à la ligne, une tentative de meurtre, un pasteur vindicatif... Un cocktail aux nombreux ingrédients inattendus et pleins de surprises.

Au final, je peux dire que j'ai vraiment beaucoup aimé, et j'en suis la première étonnée. Je pensais apprécier surtout Paasilinna pour son humour grinçant, et j'ai adoré ce livre où cet humour reste à l'arrière-plan. C'est pourtant une des premières oeuvres de cet auteur, mais c'est jusqu'à présent ma préférée. Je ne me suis pas ennuyée un instant et je n'y ai pas vu de ces temps morts que d'autres lecteurs ont regretté dans d'autres oeuvres. C'est vraiment une jolie histoire, plus douce que ce à quoi j'étais habituée avec Paasilinna, centrée autour d'un personnage véritablement attachant par sa simplicité et son intelligence. Honnêtement, je vous conseille sans réserves cette lecture.

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