Lecteurs, vous vous souvenez du roman "L'éclat du diamant" de John Marcus, un roman d'un nouveau genre qui avait été l'un de mes coups de coeur de l'année 2010 ? Inutile de vous dire que j'attendais la suite avec impatience... La voici !
« Une société meilleure est-elle possible ? Maintenant ? . » C’est en tout cas ce que pensait le sénateur Aristote avant d’être retrouvé sauvagement assassiné dans la célèbre villa Arabe, quelques jours à peine après l’annonce de la création du PIB, le nouveau Parti international du bien-être.
Dans l’agitation qui suit la mort du vieux sénateur, candidat à l’élection présidentielle, la fine équipe du « 36, quai des Orfèvres », dirigée par le commissaire Delajoie, est aussitôt lancée sur la trace des meurtriers. Quelles relations pouvait bien entretenir le politicien avec un joueur invétéré de poker et un jeune trader londonien, eux aussi retrouvés à l’état de cadavres ? Quels puissants intérêts menaçait donc Aristote, celui que tous nommaient « L’utopiste du Luxembourg » ? Qui pouvait avoir peur des propositions originales énoncées dans son programme et des changements radicaux de société qu’elles auraient engendrés ?
Traquant la main invisible du Marché, l’équipe du commissaire Delajoie entreprend alors un voyage insolite au coeur de l’économie politique. D’Adam à Lycurgue, de Sismondi à Gesell, d’Owen à Proudhon, de Veblen à Duboin, de Keynes à Sen, autant de témoins improbables qui aideront pourtant les policiers à comprendre le mobile des meurtres et à retrouver le ou les coupables.
Dans l’agitation qui suit la mort du vieux sénateur, candidat à l’élection présidentielle, la fine équipe du « 36, quai des Orfèvres », dirigée par le commissaire Delajoie, est aussitôt lancée sur la trace des meurtriers. Quelles relations pouvait bien entretenir le politicien avec un joueur invétéré de poker et un jeune trader londonien, eux aussi retrouvés à l’état de cadavres ? Quels puissants intérêts menaçait donc Aristote, celui que tous nommaient « L’utopiste du Luxembourg » ? Qui pouvait avoir peur des propositions originales énoncées dans son programme et des changements radicaux de société qu’elles auraient engendrés ?
Traquant la main invisible du Marché, l’équipe du commissaire Delajoie entreprend alors un voyage insolite au coeur de l’économie politique. D’Adam à Lycurgue, de Sismondi à Gesell, d’Owen à Proudhon, de Veblen à Duboin, de Keynes à Sen, autant de témoins improbables qui aideront pourtant les policiers à comprendre le mobile des meurtres et à retrouver le ou les coupables.
Mon avis :
John Marcus a créé, avec sa série des enquêtes du Commissaire Delajoie entamée avec "L'éclat du diamant", un nouveau genre littéraire, ou plutôt un contenu transgenre mêlant essai éducatif et roman policier. Ce tome-ci annonce la couleur dès la couverture : la première partie de "L'homme qui rêvait", dont le titre est "Aristote", y est presentée comme un "Essai romancé économico-policier". En pratique, ça signifie que l'enquête est menée sur deux fronts.
Dans le monde du livre, elle tente de découvrir le meurtrier du Sénateur Aristote, ce qui va apparemment de pair avec la résolution de deux autres meurtres. On retrouve aux commandes le Commissaire Delajoie, héros atypique récemment malmené par les événements, proche de la crise existentielle, mais toujours aussi professionnel. Derrière lui, son équipe hétéroclite et étonnamment soudée. On les a tous rencontrés dans "L'éclat du diamant" et ils sont ici développés mais pas re-presentés, ce qui fait que si les enquêtes des deux tomes sont indépendantes, il vaut quand même mieux les lire dans l'ordre de leurs sorties sous peine de ne pas apprécier pleinement la profondeur des personnages principaux. Cette enquête-là commence à peine à la fin du livre, ce qui est un peu dommage : chaque passage sur ce thème est magnifiquement narré et ajoute au suspense tout en apportant un nouvel élément d'information, on voudrait en lire plus.
L'autre enquête, c'est celle où l'auteur entraîne, à travers les voix des différents personnages, le lecteur dans le monde réel : il s'agit de découvrir les forces derrière l'économie, les raisons pour lesquelles les richesses mondiales sont si déséquilibrées, et les solutions, peut-être utopiques, pour y remédier. Si ces passages sont en effet sur le ton de l'essai plutôt que du roman et par conséquent nécessitent une certaine concentration de la part du lecteur, ils sont très joliment intégrés a la partie polar et divisés en sections pour ne pas trop alourdir le récit.
Dans le monde du livre, elle tente de découvrir le meurtrier du Sénateur Aristote, ce qui va apparemment de pair avec la résolution de deux autres meurtres. On retrouve aux commandes le Commissaire Delajoie, héros atypique récemment malmené par les événements, proche de la crise existentielle, mais toujours aussi professionnel. Derrière lui, son équipe hétéroclite et étonnamment soudée. On les a tous rencontrés dans "L'éclat du diamant" et ils sont ici développés mais pas re-presentés, ce qui fait que si les enquêtes des deux tomes sont indépendantes, il vaut quand même mieux les lire dans l'ordre de leurs sorties sous peine de ne pas apprécier pleinement la profondeur des personnages principaux. Cette enquête-là commence à peine à la fin du livre, ce qui est un peu dommage : chaque passage sur ce thème est magnifiquement narré et ajoute au suspense tout en apportant un nouvel élément d'information, on voudrait en lire plus.
L'autre enquête, c'est celle où l'auteur entraîne, à travers les voix des différents personnages, le lecteur dans le monde réel : il s'agit de découvrir les forces derrière l'économie, les raisons pour lesquelles les richesses mondiales sont si déséquilibrées, et les solutions, peut-être utopiques, pour y remédier. Si ces passages sont en effet sur le ton de l'essai plutôt que du roman et par conséquent nécessitent une certaine concentration de la part du lecteur, ils sont très joliment intégrés a la partie polar et divisés en sections pour ne pas trop alourdir le récit.
Et surtout, ils sont extrêmement intéressants. Il y a une recherche extraordinairement riche derrière chacune des pages de cette section et l'on y survole d'innombrables auteurs, théories et informations historiques sur lesquels on a ensuite envie d'approfondir ses connaissances. Heureusement pour les incultes comme moi, tout ceci est présenté sous le vernis d'une vulgarisation très réussie. L'auteur exploite dans ce but tous les outils narratifs à son service: l'allégorie (avec une jolie pièce de théâtre mettant en scène Robinson Crusoe), la représentation sous forme physique (avec un jeu de Mécano très éclairant), la légende (une analyse économique de la Genèse), l'expérimentation (menée pour nous par Delajoie et son équipe), l'analyse historique (qui parcourt quasiment toute l'histoire de l'humanité), l'anecdote et même l'interprétation d'une œuvre d'art (le tableau du bureau de Delajoie, déjà exploité dans le premier tome). On est loin du jargon scientifique et pourtant on n'a pas l'impression de perdre une miette du sérieux des informations reçues. On aurait envie de prendre des notes pour ne rien oublier de cette manne.
Ceci dit, toute cette information n'est pas entièrement neutre puisque la partie essai prend aussi le ton d'un manifeste. L'auteur ne nous apprend les fondements de l'économie que pour nous démontrer à quel point elle est, selon Aristote, détachée de la réalité et injuste. D'après lui (et les personnages historiques qu'il cite), le fonctionnement de l'économie est maintenant subordonné aux intérêts privés et le système est tellement dévoyé que si le peuple était mieux informé, il y aurait immédiatement une révolution. Tout ceci est bien sur argumenté, même si en non spécialiste, je ne peux juger cette argumentation que sur la forme. Elle m'a parue très convaincante, mais ça ne m'a pas empêché de me poser de nombreuses questions. Et c'est là que je trouve un côté très frustrant à ce livre : je voudrais le découvrir en tête à tête avec l'auteur pour pouvoir lui soumettre au fur et à mesure toutes les questions et remarques qui vont me tracasser encore un certain temps !
Ceci dit, toute cette information n'est pas entièrement neutre puisque la partie essai prend aussi le ton d'un manifeste. L'auteur ne nous apprend les fondements de l'économie que pour nous démontrer à quel point elle est, selon Aristote, détachée de la réalité et injuste. D'après lui (et les personnages historiques qu'il cite), le fonctionnement de l'économie est maintenant subordonné aux intérêts privés et le système est tellement dévoyé que si le peuple était mieux informé, il y aurait immédiatement une révolution. Tout ceci est bien sur argumenté, même si en non spécialiste, je ne peux juger cette argumentation que sur la forme. Elle m'a parue très convaincante, mais ça ne m'a pas empêché de me poser de nombreuses questions. Et c'est là que je trouve un côté très frustrant à ce livre : je voudrais le découvrir en tête à tête avec l'auteur pour pouvoir lui soumettre au fur et à mesure toutes les questions et remarques qui vont me tracasser encore un certain temps !
Le défi bien évidemment, c'est d'articuler ces deux ensembles, et si l'association peut paraître étonnante, sous la plume de John Marcus elle semble presque naturelle. Comme je l'avais souligné pour le premier tome, il faut juste savoir à quoi s'attendre car ceci n'est pas un polar-détente. Je pense que les déceptions qui pourraient naître de cette lecture viendront surtout de lecteurs que le sujet n'intéresse pas ou qui seront surpris par la partie "cours magistral". Pour ma part, je suis tout aussi conquise que par le premier tome, et ce n'est pas peu dire. La seule minuscule déception vient de quelques fautes de conjugaison (principalement de confusion entre le conditionnel et le futur) pas trop fréquentes mais qui m'ont sauté aux yeux.
Pour conclure, je dirais qu'il y a deux catégories de livres qui me marquent durablement : ceux qui me transportent emotionnellement et ceux qui me comblent intellectuellement parce qu'ils me forcent à me poser des questions qui vont me hanter. "L'homme qui rêvait" entre clairement dans la seconde catégorie. L'enquête policière ne fait qu'ajouter une trame narrative très réussie qui fait passer comme un bonbon le cours intéressant de la partie essai. Voila un livre qu'on commence à lire pour le polar et qu'on garde en mémoire pour l'essai. Il ne me reste plus qu'à attendre patiemment le deuxième tome qui clôturera cette double enquête !
Pour conclure, je dirais qu'il y a deux catégories de livres qui me marquent durablement : ceux qui me transportent emotionnellement et ceux qui me comblent intellectuellement parce qu'ils me forcent à me poser des questions qui vont me hanter. "L'homme qui rêvait" entre clairement dans la seconde catégorie. L'enquête policière ne fait qu'ajouter une trame narrative très réussie qui fait passer comme un bonbon le cours intéressant de la partie essai. Voila un livre qu'on commence à lire pour le polar et qu'on garde en mémoire pour l'essai. Il ne me reste plus qu'à attendre patiemment le deuxième tome qui clôturera cette double enquête !
Un extrait audio :
L'analyse d'un tableau nous permet de découvrir la première bulle spéculative de l'histoire, un problème de tulipes !
Pour en savoir plus :
- la fiche Bibliomania du livre
- acheter ce livre sur Amazon
- la présentation du livre sur le site de l'éditeur
- la discussion à propos du livre sur Livraddict
Une nouvelle fois, Nathalie, un grand merci pour aimer et même lire à haute voix, aujourd’hui, cet auteur. Votre compréhension de sa démarche, votre adhésion à son projet et à son écriture sont les plus belles récompenses que puissent espérer un écrivain et son éditeur. Lorsque le doute s’installe, cet enthousiasme permet de chasser les hésitations et de continuer dans cette démarche originale malgré les difficultés. Quant à découvrir le livre en tête en tête avec l’auteur pour lui soumettre vos questions, cela arrivera sans doute un jour, je le pense, mais sans oublier que les thèses défendues dans le livre sont avant tout celles d’Aristote et que le seul but avoué de l’auteur n’est pas d’asséner « sa » vérité, mais d’éveiller le doute, d’ébranler les certitudes et d’inviter le lecteur à exercer plus facilement sa curiosité « réveillée », si je puis l’exprimer ainsi. Comme John l’écrivait dans un autre texte, non publié : « le questionnement permanent est la seule voie qui mène à sa propre liberté ».
RépondreSupprimerMerci pour votre message ! Je comprends bien que les critiques avancées par Aristote sont avant tout "un coup de pieds dans la fourmillère", mais elles sont tellement bien argumentées que quand un point me turlupine, je voudrais demander à l'auteur comment il le justifierait car je suis sûre qu'il a une explication très valable. Voilà tout :)
RépondreSupprimerJe trouve sincèrement que les "romans" de John Marcus méritent d'être connus et, une fois leur public trouvé, susciteront l'enthousiasme de bien d'autres lecteurs que moi. A mon humble niveau, j'essaie de le faire connaître auprès des personnes qui pourront l'apprécier. Et j'admire votre démarche courageuse en tant qu'éditeur. Surtout ne perdez pas courage !
Nath je te confirme que nous sommes parfaitement raccord sur nos impressions de lecture ;o) Excellent choix que celui du passage "des Tulipes" pour illustrer cet ouvrage.
RépondreSupprimer