31 mars 2010

Un homme heureux, d'Arto Paasilinna

Oui, je suis dans une période "Paasilinna" en ce moment. Encore un effet secondaire du babysitting: je suis tombée sur une famille avec une belle bibliothèque en français, y-compris une petite collection de cet auteur que j'aime beaucoup et dont les livres sont assez courts pour pouvoir les terminer en une soirée. Alors pourquoi pas ? Et puis un roman avec un titre pareil, ça donne envie, non ? Il contient peut-être une bonne recette du bonheur...


Résumé:

Un jour de printemps, l'ingénieur Akseli Jaatinen débarque dans le village finlandais de Kuusmäki. Il est chargé de construire un pont en béton sur la rivière qui traverse le village, pour remplacer le vieux pont de bois, emblème des féroces batailles entre Finlandais pendant la guerre civile. D'emblée, le jeune et enthousiaste ingénieur est adopté par les ouvriers dont il défend les intérêts, mais détesté par les notables du village, peu enclins à accueillir un nouveau venu si différent d'eux. De malentendus en persécutions volontaires, Jaatinen devient la tête de Turc de tout le village, lui qui respirait le bonheur simple. Mais quand les persécuteurs croient enfin l'avoir chassé, Jaatinen revient pour une vengeance de longue haleine...


Mon avis:

Voici un Paasilinna bien différent de ceux que j'ai déjà lus (et, pour certains, présentés sur ce blog) ! Bien sûr, c'est toujours la nature finlandaise pour décor, le peuple du nord et ses travers, la plume simple et directe de l'auteur que je commence à bien connaître. Mais, cette fois-ci, il use beaucoup moins de cet ingrédient qui pourtant faisait la saveur des autres romans: l'humour ironique. On a de temps en temps envie de sourire des déboires de Jaatinen ou de ses victoires (notamment sa situation amoureuse assez rocambolesque), mais ce n'est plus l'élément essentiel du récit.

Ici, il s'agit surtout d'une fable moderne: le renard qui finalement vainc par l'intelligence la meute des loups - à coup de magouilles politiques et de production de béton, pour changer un peu. La critique mordante du peuple finlandais, signature de Paasilinna, prend cette fois pour cible un trait commun à une bonne partie de l'humanité, toutes nationalités confondues: son esprit mesquin, son rejet de l'étranger et l'effet de meute qui fait que lorsque deux ou trois personnes s'acharnent sur une autre, tous s'y mettent.

Pour une fois, l'auteur ne s'arrête pas à des considérations sociologiques, il se contente de narrer l'histoire. Aucun temps mort: Jaatinen affronte pas à pas les embûches qui se dressent, intentionnellement ou pas, sur son chemin, et le récit est suffisamment plein de ses aventures pour ne pas laisser l'attention du lecteur baisser. Un récit qu'on pourrait qualifier à la fois de campagnard et d'industriel, puisqu'il s'agit de changer les mentalités en construisant une usine pour faire passer d'un coup un petit village presque moyenâgeux dans la modernité. On y trouve donc des fermiers, du béton, des ouvriers, de la construction de rails de chemin de fer en pleine forêt, une nuit d'amour dans un chalet sur une île, des montages financiers, de la pêche à la ligne, une tentative de meurtre, un pasteur vindicatif... Un cocktail aux nombreux ingrédients inattendus et pleins de surprises.

Au final, je peux dire que j'ai vraiment beaucoup aimé, et j'en suis la première étonnée. Je pensais apprécier surtout Paasilinna pour son humour grinçant, et j'ai adoré ce livre où cet humour reste à l'arrière-plan. C'est pourtant une des premières oeuvres de cet auteur, mais c'est jusqu'à présent ma préférée. Je ne me suis pas ennuyée un instant et je n'y ai pas vu de ces temps morts que d'autres lecteurs ont regretté dans d'autres oeuvres. C'est vraiment une jolie histoire, plus douce que ce à quoi j'étais habituée avec Paasilinna, centrée autour d'un personnage véritablement attachant par sa simplicité et son intelligence. Honnêtement, je vous conseille sans réserves cette lecture.

26 mars 2010

La douce empoisonneuse, d'Arto Paasilinna


Je poursuis ma découverte de l'auteur finlandais Arto Paasilinna via ce petit livre que j'ai emprunté et lu en une soirée...


Résumé:

Linnea Ravaska, vieille dame finlandaise veuve d'un colonel, est harcelée par son neveu: tous les mois, il vient avec deux acolytes passer quelques jours dans la maison campagnarde de sa tante, histoire de lui soutirer sa pension, de se saoûler à ses frais et de la terroriser au passage. Le jour où ces trois vauriens lui imposent de signer un testament en leur faveur, Linnea prend peur et retourne habiter en ville. Ses tortionnaires ne la laissent pas en paix pour autant, mais le destin a une façon très particulière de protéger les douces vieilles dames...


Mon avis:

Ce livre est le troisième Paasilinna que je lis, après "Petits suicides entre amis" et "Le lièvre de Vatanen". J'ai un petit faible pour cet auteur, pour son humour ironique et aussi, bien sûr, parce qu'il décrit des lieux que je connais maintenant.

Dans ce livre il applique toujours ces mêmes recettes, avec cette fois-ci une petite touche de cruauté plus évidente. Le neveu et ses deux amis sont par moments ridicules, mais aussi régulièrement antipathiques, sans scrupules et ils font beaucoup de mal autour d'eux. Quand on n'a pas envie de sourire à leur façon de réfléchir et à leurs folies, il arrive que leur comportement mette mal à l'aise par son cynisme.

La plupart des critiques de Paasilinna que j'ai lues sont relativement positives mais ont du mal à cerner l'humour et la critique sociale qui s'adressent tous deux spécifiquement au public finlandais. Dans ce livre-ci, le problème est le même: de nombreux passages se rapportent à l'histoire de la Finlande, via les souvenirs de guerre de Linnea, et d'autres brodent sur le thème de la jeunesse finlandaise désoeuvrée et de l'alcoolisme. Ca m'a beaucoup intéressée, et j'apprécie d'être plongée dans la vie finlandaise à l'époque de la guerre ou dans les années '80, c'est très intéressant d'un point de vue sociologique. On y retrouve aussi une description ironique de plusieurs couches de la société qui m'a également plue. Mais je conçois que ceux qui lisent ce livre pour l'intrigue uniquement s'ennuient par moments.

Il n'empêche que les retournements du destin qui permettent à Linnea d'échapper à ses tortionnaires sont tous très savoureux. On s'attend à la fin, mais on ignore comment on va y arriver, et Paasilinna ne manque pas d'inventivité pour nous surprendre.

Bref, une lecture agréable que je conseille en particulier à ceux qui connaissent ou veulent découvrir la Finlande.

Pour en savoir plus:
L'avis de Livresque, assez mitigé
La page Bibliomania du livre

24 mars 2010

La voleuse de livres, de Markus Zusak

Etant donné que j'ai en ce moment plusieurs livres en cours (3 pour être précis) et peu de temps pour les lire, je n'ai pas eu l'occasion de vous présenter de billet sur ce blog depuis déjà trop longtemps. Je me permets donc de vous "recycler" une critique publiée il y a plusieurs mois sur le blog de Jess, parce que c'est un livre que j'ai aimé et que j'aimerais vous faire partager ce petit plaisir...

Parfois, on se retrouve dans un aéroport, avec la perspective d'un vol ennuyeux et l'impatience d'être déjà arrivé à destination. La seule option pour se changer les idées, c'est la librairie de l'aéroport, pleine de romans aux couleurs tapageuses. On en prend un au hasard, sans en attendre grand-chose, avec juste l'espoir de s'occuper l'esprit pendant quelques heures. Et puis on accroche, complètement, on a envie d'en parler autour de soi, de recommander la lecture de cette trouvaille inespérée.


L'histoire:

La première fois que Liesel vole un livre, c'est à l'enterrement de son petit frère, mort brutalement alors que leur mère les conduisait vers une famille d'accueil. Liesel ne sait même pas lire, mais elle apprendra auprès de son père adoptif, le doux peintre accordéoniste, et de sa mère adoptive, qui cache son affection derrière des montagnes d'injures. Par la suite, les vols de livres vont ponctuer sa vie. Elle vole dans la bibliothèque du maire de la petite ville allemande où elle habite en cette période de guerre. Elle lit sous les bombardements, entre les heures passées à jouer dans la rue avec Rudy qui a juré de lui voler un baiser. Elle lit dans la cave, en compagnie du jeune Juif qui s'y cache. Elle vole, elle lit, elle écrit, elle passe doucement à travers ces années terribles, sous les yeux de La Mort qui n'a jamais été aussi occupée.



Mon avis:

Il y a beaucoup à dire à propos de ce roman. Beaucoup de raisons pour lesquelles je l'ai aimé.

D'abord parce que c'est une belle histoire, touchante, pas larmoyante. L'époque est terrible, mais on la vit au travers des yeux d'une jeune enfant qui garde encore une petite part d'insouciance. Parce que les personnages sont vrais, particuliers: Liesel, la petite fille garçon manqué qui vit des moments terribles sans grandir trop vite, Rudy, l'intrépide Don Juan, le père adoptif Hans, doux et patient, la mère adoptive Rosa, qui ne peut s'exprimer qu'à travers des insultes son coeur attentif, et tous les autres, les gentils comme les méchants, tous vivent réellement dans ces pages. La rue de Liesel est un petit microcosme humain, la scène d'un petit théâtre, à la fois amusant et dramatique.

J'ai aussi beaucoup aimé le style narratif. Il y a une chose que vous devez savoir: c'est la Mort qui raconte l'histoire. Pourtant, bizarrement, ce n'est ni morbide, ni particulièrement dramatique. La Mort est un fonctionnaire consciencieux, qui fait son boulot sans cruauté et sans plaisir, avec un esprit accessible à la beauté des couleurs du monde et au destin particulier de certains humains. C'est pourquoi elle se penche avec un certain intérêt sur le cas de Liesel, dont elle croisera le destin par trois fois. Mais si l'éditeur du roman insiste beaucoup sur la particularité de ce narrateur comme argument de vente ("Quand la Mort vous raconte une histoire, vous avez tout intérêt à l'écouter"), ce n'est en réalité qu'un détail. Entre le début et la fin du roman, on a souvent l'occasion d'oublier que l'histoire est racontée par sa voix. Elle apporte surtout un détachement particulier dans le style, une espèce de distance bienvenue envers les événements parfois terribles qui sont racontés. Pour le reste, les phrases sont courtes, les retour à la ligne fréquents (mais pas trop), le style très naturel et très fluide.

Une autre particularité de style, ce sont les petits encarts descriptifs qui parsèment le texte. Au début, on est légèrement interloqué par ces quelques lignes en gras entourées d'arabesques. Par exemple, au moment où Liesel vole son premier livre, la narration est interrompue par:

∾⊰ LA SIGNIFICATION DU LIVRE ⊱∾
1. La dernière fois qu'elle a vu son frère.
2. La dernière fois qu'elle a vu sa mère.

Mais en réalité, la plupart de ces petits encarts ont un sens: ils ajoutent une certaine forme de poésie à l'histoire, ou résument quelques faits plus ou moins importants pour la compréhension, des portraits succincts de personnages par exemple. L'ensemble de ces petits messages forme des pauses, la respiration de l'histoire, ses battements de coeur. Ils permettent également de diminuer l'intensité du drame quand il est trop fort, de limiter la douleur ou au contraire d'apporter une petite touche d'émotion. Cette originalité est finalement une idée de génie de l'auteur.

Je voudrais vous en dire plus, mais je ne veux pas gâcher le plaisir de ceux qui mettront la main sur cette très belle oeuvre. Je vous dois quand même un petit avertissement: préparez les mouchoirs avant d'entamer le dernier chapitre, parce que la fin est très, très triste. J'ai été secouée et j'ai beaucoup pleuré. Mais quand un roman vous arrache autant de larmes, c'est qu'il vaut la peine d'être lu...

15 mars 2010

Matilda, de Roald Dahl

Le Book Club de mars, sur Livraddict, portait sur le livre Matilda de Roald Dahl. Les membres souhaitaient explorer l'oeuvre de cet auteur et avaient choisi ce livre en particulier.  Je l'avais lu et adoré quand j'avais 11 ans, alors je me le suis procuré en anglais pour le découvrir cette fois-ci dans sa langue originale, et en discuter avec les autres inscrits du Book Club...


Résumé:

Matilda est une petite fille très spéciale: étonnamment surdouée, à 4 ans elle dévore les classiques de la bibliothèque municipale et multiplie les nombres à la vitesse d'une calculatrice.  Mais Matilda est aussi affligée d'une famille insupportable qui ne se rend pas compte de ses qualités et à qui, en retour, elle n'hésite pas à jouer des tours.  Lorsque vient le temps d'aller à l'école, Matilda se retrouve dans la classe de l'adorable Miss Candy qui cache un bien lourd secret...


Mon avis:

Difficile de ne pas chanter les louanges de cette petite aventure adorable. Roald Dahl est un conteur moderne qui réinvente les histoires pour enfants en les adaptant au XXème siècle: la gentille héroïne est une petite fille au caractère bien trempé, la vilaine sorcière est une directrice d'école comique de méchanceté, la fée prend les traits d'une mademoiselle Candy adorable...  Les enfants ne sont plus des victimes mais des acteurs essentiels qui contrôlent leur histoire, et c'est un changement rafraîchissant.

La plume de Roald Dahl est légère, pas du tout infantilisante, ce qui permet aux adultes d'apprécier l'histoire en rechaussant sans peine leur âme d'enfant. L'humour est omniprésent, les situations cocasses et originales sont la marque de fabrique de l'auteur à l'imagination débordante (notamment la scène du gâteau au chocolat que j'ai adorée). On se laisse facilement emporter dans ce bain de fraîcheur et on a presque envie de faire des enfants pour le partager avec eux.

Certains au cours du Book Club ont regretté l'intrusion du surnaturel dans l'intrigue. Personnellement ça ne m'a absolument pas gênée, c'est un peu le pendant logique du côté "conte" de cette histoire. J'ai d'ailleurs été séduite par le rôle essentiel des dessins de Quentin Blake dans la partie cruciale de l'aventure, la craie sur le tableau noir, qui incluent l'illustration dans le texte. 

Bref, si j'ai adoré en tant qu'enfant, j'ai beaucoup apprécié en tant qu'adulte qui aime les histoires pour enfants. Un conte moderne, sympathique, attachant, que je recommande.

Quelques critiques en vrac:  ThaliaHeclea, Jess, Anne-Sophie, Frankie... Et aussi la fiche technique du livre sur Bibliomania (avec des liens vers d'autres critiques), et la discussion du Book Club !

10 mars 2010

http:// Avez-vous déjà lu un blog ? de Frankie Ventana

Le livre dont je vous parle aujourd'hui a longtemps traîné sur ma bibliothèque, attendant que je lui consacre un moment. Le pauvre n'a pas eu de chance, reporté de semaine en semaine par mes différentes activités puis picoré entre deux urgences. Mais à force d'y goûter, j'ai fini par y prendre goût et à en dévorer la fin en une soirée...


Résumé:

Il est en ce monde un réseau traversé d’autoroutes, de routes secondaires, de chemins parallèles entrecroisés d’une multitude d’intersections et de connexions, autant de fils déployés sur l’immense toile du Web, autant d’informations se propulsant à la vitesse de la lumière, autant de sources venues de tous horizons, alimentant, d’un simple clic, une étroite collaboration entre la machine et l’humain.

Que ce soit au moyen de blogs, de médias citoyens, de sites alternatifs, l’internet reste le plus sûr moyen de combattre la généralisation des idées, les préjugés faute d’information, les amalgames issus de la méconnaissance des sujets.

Un cinquième pouvoir qui ouvre de nouvelles perspectives et nous incite à réfléchir par nous-mêmes, avant que d’autres ne le fassent à notre place.

(source: quatrième de couverture)


Mon avis:

Commençons par la remarque la plus évidente: voici encore une quatrième de couverture assez trompeuse. On s'attend à y trouver une analyse des "nouvelles perspectives" ouvertes par ce "cinquième pouvoir" qu'est la blogosphère, ou à tout le moins une description des caractéristiques d'un blog pour les néophytes, quelque chose comme ça. Mais non: il s'agit tout simplement de la reproduction de certains articles publiés en ligne par Frankie Ventana sur un blog qui représente peu, à mon avis, la blogosphère dans sa généralité (ne serait-ce que par la qualité et la profondeur des billets). De l'aspect "blogging" il ne reste que le côté hétéroclite des courts chapitres, la police en comic sans ms pour le côté amateur, et quelques libertés ponctuelles prises avec l'orthographe ou la ponctuation (dues, m'a-t-on dit, non pas à la volonté de l'auteur mais au manque de moyens de la petite maison d'édition). Si vous chercher un éclairage sur le phénomène des blogs, ceci n'est donc pas pour vous.

Ce qui ne veut pas dire que ce livre soit sans intérêt, bien au contraire. Frankie Ventana, que je ne connaissais pas du tout, est d'une érudition remarquable et a une très belle plume. Elle nous parle de ses vues sur toutes sortes de sujets divisés en quatre thèmes: "Femmes improbables", "Eternels", "Pourquoi eux ?" et "Sociologie". Ses billets sont en majorité consacrés à des personnes, individuelles ou en groupe, car elle semble avoir une belle passion pour le genre humain; mais elle nous parle aussi de lieux, de coutumes, de société.

Rien de ce qu'elle écrit n'est classique ou connu. Ses portraits sont consacrés à des personnalités hors du commun, soit peu médiatisées ou oubliées (comme Alexandra David-Néel, "la femme aux semelles de vent"), soit décrites avec passion (comme Jim Morrisson). Avec chaque billet on découvre des trésors cachés qu'on voudrait pouvoir se rappeler pour en reparler par la suite. Elle m'a donné envie de relire les Corto Maltese, de découvrir le Jeu de Go, de me plonger dans "Alice au Pays des Merveilles" ou de voir le film "Intacto". J'ai adoré son article sur Paris, où elle dévoile toute une série d'anecdotes sur sa ville, son avis sur la façon américaine d'appréhender les théories irrationnelles dans l'article sur Skulls and Bones, et aussi ceux sur Judas ou Mani. Il y en a d'autres qui m'ont moins intéressée parce que les sujets m'interpellaient peu, mais vu leur diversité, chacun y trouvera matière à apprendre et à réfléchir.

Chaque article est conclu par une petite pensée de Frankie, son analyse personnelle - encore un reste de l'aspect "blogging". Qu'on adhère ou qu'on n'adhère pas à ses vues, l'important est que l'auteur laisse, pour une fois, découvrir un peu de sa personnalité au fil des pages.

Bref, un livre qui devrait plutôt s'intituler "Les pensées de Frankie" mais qui m'a beaucoup plu et auquel je reviendrai de temps en temps, pour piocher un article ou l'autre. Un petit plus aussi pour la dédicace touchante de Frankie à ses lecteurs et pour le signet envoyé par l'éditeur en accompagnement du livre.

Je remercie de tout coeur les éditions Kyklos et Livraddict pour cette découverte.

Pour d'autres avis:
- Jess est assez positive elle aussi ;
- Thalia l'a trouvé sympathique ;
- Malou devra le relire pour l'apprécier pleinement ;
- Emeralda l'a apprécié dans l'ensemble, certains billets plus que d'autres ;
- l'avis de Stef est très positif;
- Melcouettes a apprécié de plus en plus au fil des pages.
- La page Bibliomania du livre pour ses références et les avis des membres de Livraddict.

09 mars 2010

La première enquête de Maigret, de Georges Simenon

J'ai découvert, pas plus tard que la semaine passée, la bibliothèque de mon quartier. Etant donné que je vis à Helsinki (Finlande), je m'attendais à devoir y piocher dans les livres en anglais pour éviter le finnois ou le suédois... Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir un rayon francophone !  Deux, pour être exacte, environ une cinquantaine de livres où se côtoient St Exupéry, Camus et le capitaine Cousteau. Dans ce petit trésor hétéroclite se cachaient quelques volumes ayant pour héro le célèbre inspecteur Maigret que, honte à moi, je n'ai jamais lu !  J'ai donc commencé par celui qu'il me semblait le plus logique de découvrir en premier: "La première enquête de Maigret". 


Résumé: 

Paris, 1913. Jules Maigret, jeune secrétaire du commissaire du quartier Saint Georges, reçoit en pleine nuit la déposition d'un flûtiste. Celui-ci affirme avoir vu une femme crier "au secours !" par la fenêtre d'un hôtel particulier, puis entendu un coup de feu à l'intérieur, tandis qu'une voiture en stationnement devant la porte démarrait brutalement. Malheureusement, cette maison est celle d'une famille riche, influente, dont certains membres sont des amis proches du commissaire lui-même... C'est pourquoi Maigret se voit confier une enquête informelle où il est prié d'être très discret. Sa toute première enquête, où il va se frotter aux grands de ce monde...


Mon avis:

Dans ma jeunesse, j'ai dû tomber un jour ou l'autre sur un roman de Simenon. Je pense n'avoir parcouru que quelques pages, et j'ai le vague souvenir d'un style trop lourd, trop lent à mon goût. Mais c'était il y a très longtemps...

Depuis lors, il faut croire que mes goûts ont changé car j'ai beaucoup apprécié cette petite histoire. En effet ça n'avance pas vite, mais je me suis laissée porter avec le jeune Maigret, tout fier de sa première enquête, si touchant dans sa façon de vouloir bien faire et sa légère timidité. En réalité, on sent que Simenon adore son personnage et qu'il le décrit avec une tendresse absolument adorable.  J'ai véritablement craqué pour le jeune policier plein de fougue et d'idéaux, pour sa jeune épouse adorable, pour le petit flûtier plein de bonne volonté et même pour un des "méchants", pas si méchant que ça au fond. Les personnages laissent transparaître ce qui fait, paraît-il, une des caractéristiques des écrits de Simenon: les bons et les mauvais ne forment pas deux clans tranchés, en fin de compte ce sont les policiers qui n'ont pas le beau rôle et certains criminels ont plus de morale qu'on pourrait le penser.

L'écriture est un peu désuette: ce roman a paru en 1949 et il raconte une aventure qui se déroule en 1913.  Mais c'est presque un atout de ce roman: on est plongés entièrement, depuis les descriptions des lieux jusqu'au choix des mots, dans une carte postale en noir et blanc. Les pages jaunies de mon exemplaire complétaient le tableau. C'est une jolie ballade dans le Paris de la première moitié du XXème siècle, avec ses fiacres, ses hôtels particuliers, ses bistrots de quartier, les chapeaux que l'on met pour sortir et les majordomes en costume. 

Le seul petit bémol que je mettrais, c'est que contrairement à ce que le titre m'a laissé croire, c'est une mauvaise idée de découvrir Maigret via cette histoire. En réalité, il s'agit pour Simenon et pour ses lecteurs assidûs d'un flash-back dans la jeunesse de Maigret, de façon à faire découvrir le jeune policier fringant qui se cache derrière le vieux commissaire bourru. Régulièrement l'auteur souligne le fait que Maigret, dans la suite de sa carrière, fera comme ci, se souviendra de cela, mais il y a probablement toute une série de petits détails de la vie du héro qui feront sourire celui qui le connaît bien dans sa version plus âgée et qui me sont passées au-dessus de la tête.

En bref, cette première incursion dans l'oeuvre du grand Simenon et dans les aventures du commissaire Maigret m'a véritablement enchantée, et je vais dès que possible retourner à la bibliothèque du quartier pour échanger ce volume contre un autre. Un jour, peut-être, quand je serai familière de Maigret, je reprendrai ce premier livre pour en découvrir les aspects attendrissants qui m'ont échappés.

08 mars 2010

La valse lente des tortues, de Katherine Pancol


Après avoir lu et apprécié "Les yeux jaunes des crocodiles", j'ai immédiatement enchaîné sur la suite, "La valse lente des tortues". Etant donné que je n'ai lu ces deux livres qu'à l'occasion de babysittings, empruntés à la bibliothèque familiale quand les enfants étaient au lit, il m'a fallu un certain temps pour les terminer... Mais voilà qui est fait, et je peux enfin vous parler de ce deuxième opus.


Résumé:

Les acteurs de la scène où brillaient les yeux jaunes des crocodiles continuent leur petit bout de chemin. Joséphine a déménagé dans les quartiers chics et file le parfait amour avec Luca, sa soeur se remet lentement en hopital psychiatrique, sa fille aînée est partie étudier la mode à Londres. Mais la vie ne laisse de repos à personne: un homme mystérieux attaque les femmes dans le quartier de Joséphine, Hortense doit se battre physiquement pour obtenir sa place sur le marché de la mode, Luca a des comportements de plus en plus bizarres et Henriette s'ingénue à pourrir la nouvelle vie de son ex-mari...


Mon avis:

Ma lecture de ce livre a été plutôt hachée, c'est le moins qu'on puisse dire: à raison d'environ 200 pages par babysitting sur un livre qui en compte 752, en considérant un babysitting toutes les trois semaines en moyenne, il m'a fallu un certain temps pour en voir la fin. J'aurais pu facilement me perdre en cours de route, oublier où j'en étais ou me mélanger les éléments de l'intrigue, d'autant plus que l'ai lu entretemps plusieurs autres romans. Mais pas du tout: j'ai vécu ça comme en temps réel, comme si je reprenais contact avec des amis dont je recevais des nouvelles de temps en temps. 

Les personnages poursuivent leurs aventures et face aux aléas de la vie, découvrent des aspects de leur personnalité parfois assez différents de ce qu'on connaissait dans le tome 1.  Hortense notamment devient un peu plus humaine, elle qui paraissait n'avoir aucun coeur et aucun scrupule. Iris par contre perd énormément de sa superbe, son personnage attire de moins en moins l'admiration des foules et elle s'effondre peu à peu. Henriette dévoile un caractère encore plus odieux que celui qu'on lui connaissait dans son nouveau rôle de mendiante. Et Joséphine prend enfin un peu de confiance en elle-même.

Par rapport au premier tome, celui-ci s'agrémente en plus d'une petite intrigue policière, pas de celles dont on pourrait deviner le meurtrier mais un petit mystère annexe qui fait planer une aura d'insécurité sur Joséphine et son entourage et qui donne un peu de consistance supplémentaire à l'ensemble de l'intrigue.  De façon générale, on est un peu moins dans une narration des états d'âmes des personnages (en particulier Joséphine) et un peu plus dans l'histoire de leurs vies. Leurs aventures sont toujours aussi loufoques et certaines relativement peu crédibles mais elles se succèdent plus rapidement que dans le premier tome, ce que j'ai beaucoup apprécié. J'avais, d'un babysitting à l'autre, de plus en plus envie de savoir ce qui allait leur arriver.

Bref, une lecture que j'ai appréciée, plus encore que la première, contrairement à certains avis que j'ai lus. J'ai l'impression que Katherine Pancol s'amuse de plus en plus avec ses personnages et qu'elle a laissé, à la fin du deuxième tome, une large place pour de nouveaux développements. On me souffle d'ailleurs qu'il y aurait un troisième tome à paraître dans le courant de ce mois-ci, intitulé "Les écureuils de Central Park sont tristes le lundi"... J'espère que ma famille de babysitting se le procurera rapidement  :D

Pour d'autres critiques:
- Lasardine, Héloïse, Evilysangel et Craklou l'ont aimé;
- La discussion à propos de ce livre sur le forum Livraddict;
- La page Bibliomania du livre avec toutes ses références et les critiques des bloggueurs.

07 mars 2010

La traque, de Muriel et Patrick Spens

Quand ce livre a été proposé en partenariat entre les éditions "Le Cherche Midi" et Livraddict, j'ai sauté sur l'occasion: il rassemblait en un ouvrage deux genres que j'aime, le roman historique et le roman policier. C'est un beau pavé de 360 pages en broché qui m'est tombé sur la boîte aux lettres, mais je ne le regrette pas !


Résumé:

Roger Fontenoy, commissaire de police à Paris pendant le deuxième guerre mondiale, y retrouve un ancien ami, un Allemand proche de Rudolf Hess et qui fut son compagnon d'armes pendant la guerre civile espagnole. Cet homme qu'il croyait mort, Walter, a apparemment tout fait pour qu'ils se rencontrent fortuitement et veut le voir pour lui parler en privé, mais est assassiné avant de pouvoir se confier. A la recherche du meurtrier dans Paris occupée, Fontenoy se rend vite compte que Walter a probablement été tué par ses propres compatriotes à la suite d'une mystérieuse mission en Espagne et au Mexique qu'il s'efforce de percer à jour...


Mon avis:

L'intrigue est construite autour de trois hommes: Roger Fontenoy (l'enquêteur français), Walter von Seelendorff (son ami allemand) et l'homme que Walter recherche, dont l'identité restera mystérieuse pendant un certain temps. Leur vie à tous les trois est contemporaine mais narrée par flash-backs qui ne le sont pas: on revient en arrière sur l'histoire de l'un à une certaine époque tandis que l'on raconte au présent l'histoire de l'autre. Au final le résultat pourrait être brouillon et difficile à suivre, mais ce n'est pas le cas, car les flash-backs sont présentés à part, sous la forme de dossiers et rapports qui font l'objet de chapitres séparés. Ces chapitres sont assez mystérieux au départ mais se montreront finalement cruciaux pour la suite.

J'ai trouvé l'intrigue bien construite et bien racontée. Les pièces de puzzle se mettent lentement en place pour aboutir à un dénouement qui est difficilement prévisible. C'est moins un roman policier ou un thriller qu'un roman d'espionnage historique: comme le souligne El Jc, la narration est trop lente que pour susciter le suspense que le titre pourrait laisser présager, et l'enquête policière, rapidement résolue, n'est qu'une partie mineure de l'intrigue.

Qu'est-ce qui fait la trame de ce roman, alors ?  Ce sont les actions des différents protagonistes dans le climat particulier de la seconde guerre mondiale, de la révolution communiste en Allemagne en 1919 et de la guerre civile espagnole. Cet aspect est particulièrement intéressant parce que ce roman nous plonge profondément dans la vie de l'époque, dans les destins de ceux qui ont participé activement à l'Histoire. On y voyage en Allemagne, en Espagne, en France et au Mexique, au milieu des événements tragiques qui s'y déroulent.

Ceci dit, la principale qualité de ce roman est aussi son grand défaut: il nous entraîne au sein d'événements sans nous donner de cours de rattrappage sur leur signification.  J'ai assez bien suivi la partie concernant la seconde guerre mondiale, mais je ne savais rien de la révolution communiste allemande ou de la guerre civile espagnole, des forces en présences et des enjeux. Du coup, il me fut difficile de comprendre certains passages avant d'avoir fait une pause dans ma lecture pour me renseigner sur Wikipédia. Je conseille donc à tout futur lecteur de faire cette petite recherche et de se familiariser avec les anarchistes, phalangistes, communistes espagnols, républicains, nationalistes et autres, histoire de ne pas se sentir trop perdu quand ils entrent en scène. Un petit coup d'oeil au destin de Rudolf Hess, qui apparaît très souvent dans la fond de l'intrigue, pourrait aussi s'avérer utile.

Les personnages sont intéressants parce qu'ils ne représentant pas, pour une fois, des hommes de convictions, qu'elles soient du côté des bons ou des méchants: ils ont chacun pris part à des actes très répréhensibles tout en étant loin du cliché du sadique méchant. C'est particulièrement évident chez le principal narrateur, Roger Fontenoy, une homme assez détestable par sa lâcheté, à même de constater l'horreur de la machine nazie depuis son poste au sein de la police qui la met en oeuvre, sans pour autant refuser d'y prendre part.

L'écriture est agréable, homogène malgré le fait que le livre ait deux auteurs. La mise en page est légère, la couverture sombre reflète bien l'ambiance du roman.

Au final, c'est un livre qui m'a plu et que je recommanderais à tous les passionnés d'histoire et de romans d'espionnage.  Il prétend proposer des réponses à certains grands mystères de la guerre, comme la fuite de Rudolf Hess en Angleterre, et même si l'on sait que ces réponses sont irréalistes, la rencontre entre la fiction et l'histoire est assez intéressante. Ca ne fait pas partie de mes (rares) coups de coeur mais j'ai suivi cette "traque" avec beaucoup de plaisir, et je remercie de tout coeur les édition du Cherche Midi et Livraddict pour ce partenariat.

Pour d'autres avis:
- El Jc, qui a apprécié cette lecture
- Florel, qui n'a pas particulièrement aimé
- La page Bibliomania du livre pour tous les avis des membres de Livraddict

04 mars 2010

En voilà un joli marque-page !

Tous les lecteurs compulsifs le savent: un des plaisirs du livre, c'est de pouvoir y glisser un joli marque-page...  Grâce au mode d'emploi présenté par Fée Bourbonnaise dans le Livraddict Mag, je m'en suis fait un très joli, qui s'accroche au coin d'une page pour vous la garder avec amour. J'avais sous la main un très joli papier à scrapbooking, et le résultat est absolument magnifique, regardez-moi ça:

 

Je sens que ce ne sera pas mon dernier, tous les beaux papiers qui me tombent sous la main vont y passer !

02 mars 2010

Le Livraddict Mag est arrivé !

Il tout beau, tout frais, il sent l'encre car il vient de sortir: voici le premier Livraddict Mag !



Ca fait trois mois que l'équipe de Livraddict travaille dessus, et nous sommes plutôt fiers du résultat: 44 pages consacrées à la littérature jeunesse, avec des dossiers spéciaux sur certaines sagas, de nombreuses critiques de livres, les listes des sorties et des meilleures ventes en littérature jeunesse, des tonnes de découvertes (livres, séries, éditeurs,...), des textes de membres, un concours, une recette de cuisine, un bricolage, une magnifique planche de BD... J'en passe et des meilleures !

Je vous le recommande tout particulièrement parce que je suis l'auteure de certains articles et responsable d'une bonne partie de la mise en page, mais je pense honnêtement que ce magazine mérite la peine d'être lu par tous les passionnés de littérature. Même si la littérature jeunesse n'est a priori pas votre tasse de thé, comme ce n'était pas la mienne au départ, vous y découvrirez sans aucun doute des oeuvres alléchantes. En tous cas je suis vraiment fière de cette réalisation, dont voici un petit aperçu. N'hésitez pas à faire circuler l'info !





En ce qui concerne les détails pratiques: 

Vous pouvez lire le mag en ligne en cliquant sur l'une des deux images ci-dessus.  Pour voir les pages de plus près, il suffit de cliquer ou d'utiliser la roulette de la souris.

Vous pouvez aussi le télécharger ici sous format PDF. Pour l'ouvrir vous aurez alors besoin d'un programme qui permette de lire les fichiers PDF, comme Adobe Reader, disponible gratuitement à cette adresse. Le rendu est meilleur avec la dernière version d'Adobe Reader ou de tout autre lecteur.

"La femme dans le miroir", de Thanh-Van Tran-Nhut


Voici un livre qui a été offert en partenariat sur le site Livraddict il y a quelques temps. Une très jolie couverture, un résumé alléchant et une auteure inconnue, voilà qui promettait une belle découverte. Voici ce que ça a donné au final...


Résumé:

Comment une femme du XVIIe siècle a-t-elle pu servir de modèle à un peintre du XXe ?  C'est la question que se pose Adrien, hanté par la mort récente de sa femme, en reconnaissant sur une toile contemporaine le visage qui se reflète dans le miroir d'une vanité peinte trois siècles plus tôt.  D'où vient que cette beauté a traversé le temps comme si des artistes n'avaient jamais cessé de l'aimer ? 

Devenu malgré lui l'acteur d'une aventure née sous le pinceau d'un maître hollandais, Adrien entreprend une inquiétante enquête où l'histoire des pigments et la magie des alchimistes l'entraînent hors du domaine de la raison et lui ouvrent des portes inattendues.

Aidé par un chercheur lunatique et un thanatopracteur savant, il plonge dans les mystères des passions amoureuses peut-être aussi subtils que ceux de la pierre philosophale, promesse de longue vie.  Mais sur le point de percer le secret des tableaux, il comprend soudain que rien dans cette histoire n'est dû au hasard et que les véritables enjeux de cette énigme dépassent le fantasme d'un idéal de beauté.
(quatrième de couverture)



Mon avis:

Pour une fois, au lieu de vous concoter mon petit résumé personnel, je me suis contentée de recopier la quatrième de couverture. Vous avez ainsi un petit aperçu de ce que j'ai espéré avant d'entamer ma lecture: une enquête mystérieuse avec pour départ un mystère apparemment insoluble, un peu d'amour et une touche de surnaturel... Alléchant ! 

Pourtant, l'enquête m'a semblée assez décevante. Elle démarre lentement; une fois le problème posé, il faut attendre la moitié du livre pour quelques avancées significatives. Entretemps, l'histoire s'attarde sur les détails de la vie du narrateur dont peu auront finalement une signification. De nombreuses digressions dans ses pensées, en particulier la narration de ses rêves ou les détails de ses traductions, m'ont finalement assez ennuyée. De temps en temps, une petite phrase accrocheuse vient s'assurer qu'on attend toujours la fin du mystère avec impatience, comme par exemple celle-ci (p. 20):
Et c'est ainsi que tout commença.
Rétrospectivement, je m'en veux.  Mais comment deviner que cette invitation anodine allait me plonger au coeur d'un art qui avait fleuri quatre siècles plus tôt, et me ballotter d'espoirs en désillusions, avant de me dévoiler le vrai visage de la folie ?
Du coup, j'en ai été d'autant plus déçue parce que si l'intrigue est intéressante, ce n'est certainement pas le thriller de l'année. Les pièces se mettent en place un peu trop labourieusement pour moi, puis se précipitent vers une solution un peu bizarre, alors que j'espérais une explication rationnelle. Les personnages, y-compris le narrateur, ne m'ont pas non plus paru très profonds, presque des caricatures qui m'ont laissée indifférente.

Ceci dit, l'idée de base de l'intrigue est ingénieuse et originale: un mystère à partir d'oeuvres d'art, ça sort du commun. Il faut aussi reconnaître qu'on s'attend difficilement au dénouement, ce qui garde à ce livre sa qualité de divertissement réussi. Enfin, une petite plongée dans le monde de l'art et de l'analyse des tableaux est toujours la bienvenue. 

Point de vue du style, le vocabulaire est recherché et varié, mais les phrases sont légèrement pompeuses.  Dans le texte ça ne pose pas de problèmes, mais malheureusement certains dialogues sont construits sur le même modèle, ce qui leur enlève tout naturel.

Enfin, un dernier point à souligner: la couverture est magnifique, avec une de ces "vanités" qui sont à l'origine de l'intrigue, sur un fond noir qui la met parfaitement en valeur (j'ai un petit faible pour les couvertures noires...) et du beau papier épais couvert d'une police agréable à lire.

Bref, le bilan de ce livre à mes yeux est mitigé: une idée originale qui aurait pu être mieux exploitée, mais ça reste un divertissement qui peut plaire. Poet24, par exemple, l'a beaucoup aimé, tout comme Pauline. Véro quant à elle a également un avis mitigé mais a aimé des aspects différents de ce que j'ai aimé.

En tous cas, je voudrais remercier Livraddict et les éditions Robert Laffont pour cette découverte!