27 décembre 2010

A vous de voter : devenez jury éditorial !

Pas de "C'est lundi ! Que lisez-vous ?" cette semaine, étant donné que je n'ai quasiment rien lu ces derniers jours. A la place, je vous propose de devenir membre d'un jury éditorial et de choisir une nouvelle qui sera publiée à 10.000 exemplaires dans quelques mois !

Comment est-ce possible ?  Grâce au concours organisé entre Livraddict et L'Autres Editions, intitulé "L'homme qui rêvait".  C'est le titre du deuxième roman de John Marcus qui sera publié par L'Autre Editions en 2011. Je vous avais parlé sur ce blog, avec beaucoup d'enthousiasme, du premier tome des aventures du Commissaire Delajoie, "L'homme qui rêvait", et j'attends impatiemment la suite à venir... 

Eh bien, il se trouve que Jean-Marc Bastardy, directeur de l'Autre Editions, a décidé d'en profiter pour mettre en valeur un jeune écrivain inconnu.  A la façon des chanteurs qui invitent de jeunes artistes en première partie de leurs concerts, le roman "L'homme qui rêvait" sera accompagné d'une nouvelle policière.  Les auteurs en herbe ont pu proposer leurs nouvelles sur Livraddict pendant quelques semaines, et maintenant il est l'heure de choisir la meilleure !  


C'est là que vous intervenez !  Car la première étape de ce choix, la présélection des cinq meilleures nouvelles, est entre vos mains. Pour voter, il suffit d'être (ou de devenir) membre de Livraddict, de lire les nouvelles proposées et de sélectionner celle que vous préférez.  Vous pouvez aussi partager vos impressions avec les autres membres, soutenir votre poulain, débattre des qualités ou défauts de chacune des nouvelles avec leurs auteurs.  Une expérience inédite et gratuite ! 

Ca vous tente ?  C'est sur Livraddict !  Mais ne traînez pas : vous avez jusqu'au 16 janvier !

14 décembre 2010

Helena Vannek, d'Armel Job

Ca fait déjà trois ou quatre semaines que je l'ai ce roman et je ne sais pas pourquoi je ne l'ai pas encore commenté... Corrigeons cette injustice !


Résumé :

"Dans la campagne flamande, avant la seconde guerre mondiale, Helena Vannek assiste à la mort de sa mère.  La famille est livrée à la terrible autorité du père, Théo.  Brusquement, sous le prétexte de distraire le frère d'Helena de son chagrin, Théo introduit dans la maison un jeune et mystérieux étranger.
Tout le monde se prend d'affection pour le nouveau venu.  Helena, elle, se met à l'aimer.  Mais il faudra compter avec tous les destins..." 
(quatrième de couverture)


Mon avis :

J'ai pris ce livre après avoir lu "Tu ne jugeras point", du même auteur.  Ces deux livres m'ont été offerts et traînaient dans ma bibliothèque depuis six mois.  Je n'aime pas avoir une PAL, mais par contre j'adore découvrir de nouveaux auteurs et des styles que je ne connaissais absolument pas par la magie des cadeaux...

Je ne savais donc pas qu'Armel Job est un homme, ni qu'il était Belge, ce que j'ai compris en voyant les deux romans situés dans mon petit pays. Je ne connaissais rien de son style qui m'a surprise par sa froideur. Toute l'histoire est écrite à la première personne et dans ces cas-là on s'attend à beaucoup d'investissement sentimental de la part du narrateur, mais ici, l'héroïne, Helena, se contente de relater presque avec distance des événements pourtant très douloureux.  Au bout de quelques pages, pourtant, on s'habitue et on comprend : Helena n'est pas dans un milieu où l'expression des sentiments est valorisée et finalement, sa façon de narrer ce qui lui arrive correspond tout à fait à l'image que l'on se fait de sa personnalité.

On ne peut pas dire que je me suis attachée à l'héroïne, Helena est trop étrange pour ça.  J'ai eu du mal à saisir et accepter ses sentiments passionnés qui naissent brutalement, que ce soit la haine ou l'amour.  Mais elle reste intéressante, et les personnages qui gravitent autour d'elle le sont encore plus.  On ne les comprend pas toujours mais ils fascinent.

D'ailleurs, leur mystère s'épaissit avec le temps, et c'est là que ça devient intéressant.  On pense tout savoir, et en fait on se trompe.  On a droit a un retournement de situation inattendu, puis un second, puis un troisième...  Je ne voudrais pas vous en dire trop, mais lisez jusqu'au bout, ça en vaut la peine.

Voici donc un roman froid, mystérieux, une plume intéressante et un contexte peu exploité, lesquels servent une intrigue plus complexe qu'on pourrait le penser.  L'ensemble est intéressant et vaut la lecture.


Pour en savoir plus :

La fiche Bibliomania du livre :

La critique de Betty, qui a perçu Helena d'une façon très différente de la mienne ; jetez un oeil aux commentaires, une belle discussion s'est engagée à propos du personnage.

13 décembre 2010

C'est lundi ! Que lisez-vous ? (5)

Après avoir sauté quelques semaines (de toutes façons très pauvres en lecture), je reprends mes bonnes habitudes du lundi.



Qu'est-ce que j'ai lu la semaine passée ? 

Eh bien, figurez-vous, pas grand-chose d'intéressant. Il se trouve qu'en ce moment, les lectures "obligatoires" supplantent largement les lectures pour le plaisir, et que le temps de récréation se retrouve réduit à une peau de chagrin, dévoré par le temps consacré au boulot (ce qui dans mon cas prend plutôt un pluriel : aux boulots). J'ai donc lu principalement un traité juridique sur l'évolution du droit d'auteur que je dois présenter devant un groupe de chercheurs (je vous passe les détails), ainsi qu'une biographie de Florence Nightingale que je dois enregistrer sur dictaphone pour une personne qui a des problèmes de vue - presque 550 pages à lire tout haut, ça va me prendre un certain temps.  Et les deux en anglais, s'il vous plaît.

Pour le reste, j'ai un peu avancé dans la lecture de "All the King's Men" commencé il y a plusieurs semaines, et j'ai entamé récemment "The Eight" de Katherine Neville qui fera l'objet du Book Club de janvier.


Qu'est-ce que je lis en ce moment ? 

Les mêmes que ci-dessus, en alternance suivant les moments.


Que lirai-je la semaine qui vient ?

Je dois terminer le traité juridique et son analyse pour demain (argh !), et dès que j'en suis débarrassée je compte terminer également "All the King's Men" que j'ai hâte de commenter. 

Et vous, que lisez-vous ?

12 décembre 2010

Avis aux amateurs de littérature francophone : le Livraddict Mag n°4 vous attend !

Il est un peu temps que j'en parle, vu qu'il est déjà sorti il y a 12 jours, mais il n'est jamais trop tard pour faire la pub d'un bon produit. Le premier décembre sortait le Livraddict Mag n°4, entièrement consacré à la littérature francophone contemporaine ! 



Dans la lignée des Mags précédents, la Team Livraddict a voulu vous offrir un aperçu aussi varié que possible d'un genre très hétéroclite. Vous trouverez donc dans ce numéro des présentations d'auteurs de tous bords tels que Hubert Reeves, Jean-Christophe Grangé ou Serge Brussolo ; une interview inédite de Bernard Werber ; une présentation des principaux prix littéraires ; de nombreuses découvertes à faire sous différents thèmes (les sélectionnés du dernier Goncourt, les sorties à venir, les coups de coeur de la Team et des Livraddictiens, quelques découvertes récentes) ; une présentation de quelques adaptations cinématographiques intéressantes ; notre recette de cuisine, notre BD... et plein d'autres choses.

Ce numéro contient également un hommage très émouvant à l'auteur Pierre Bottero, décédé il y a un peu plus d'un an. Les membres de Livraddict ont voulu lui rendre hommage chacun à leur façon, et c'est aussi l'occasion de découvrir ses oeuvres.  Ce dossier s'accompagne d'un concours permettant de gagner trois tomes de la série Ellana, mais il ne vous reste que trois jours pour participer, dépechez-vous !

Comme d'habitude, vous pouvez lire le magazine en ligne ; pour voir les pages de plus près, il suffit de cliquer ou d'utiliser la roulette de la souris.  Vous pouvez aussi le télécharger en format .pdf et l'imprimer si vous le souhaitez.  N'hésitez pas à le faire connaître en le diffusant autour de vous !



04 décembre 2010

The undrowned child, de Michelle Lovric

Voici une lecture commune à l'initiative de Miss Spooky Muffin qui nous invitait à découvrir un livre pas encore paru en français. Comme le livre était disponible à la bibliothèque, je me suis lancée dans l'aventure, à la découverte d'un auteur que je ne connais absolument pas et sans aucun préjugé sur le contenu de l'intrigue. Voici donc mon avis sur cette oeuvre originale...


Résumé : 

Venise, 1899.  Des phénomènes étranges menacent la ville : des requins parcourent les canaux, l'eau est devenue chaude et salée, les inondations sont devenues puissantes et imprévisibles. Teodora, petite Milanaise de onze ans, a toujours rêvé de découvrir Venise. Lorsque ses parents l'y emmènent enfin, elle passe ses journées à se ballader dans les rues et à visiter la ville dans ses moindres recoins.  Elle passe aussi beaucoup de temps dans une petite librairie très étrange où on vend des exemplaires uniques de livres mystérieux sur les fantômes ou les sirènes. Lorsqu'un livre lui tombe sur la tête, elle sombre dans l'inconscient pour quelques minutes.  C'est le premier pas vers une aventure qui va lui faire découvrir ce qui se cache sous les apparences de la ville, les êtres étranges qui la protègent et surtout, le grand danger qui la menace.


Mon avis :

Ce roman aux allures de conte de fée a beaucoup pour plaire.  Pour commencer, une jolie couverture aux couleurs passées vous met directement dans l'ambiance du roman.  Ensuite, la petite Téodora est adorable, une petite fille sensible et rêveuse à laquelle on peut s'attacher. Le décor est magnifique : quoi de mieux que Venise à l'aube du XXème siècle ?  Et on peut dire que l'histoire nous ballade d'un coin à un autre, ainsi que dans les habitudes et l'esprit de ses habitants et dans l'histoire de la ville.  J'ai aussi beaucoup apprécié certains des personnages dont l'originalité m'a séduite : les fantômes, les chats, et surtout les sirènes bien sûr, leur presse, leur cuisine et leur vocabulaire particuliers.  L'intrigue n'a pas de temps morts, l'aventure évolue rapidement et on n'a pas le temps de s'ennuyer.  En bref, beaucoup de nouveautés autour de légendes revisitées, de l'originalité, de l'action et une touche de poésie.

Pourtant, je ne sais pas pourquoi la magie n'a pas opéré sur moi.  J'ai lu ce livre en une semaine seulement mais j'y retournais sans plaisir particulier.  Quelques jours après la fin de ma lecture, je m'interroge encore sur les raisons de cette indifférence.  

Peut-être est-ce l'abondance de surnaturel, j'ai eu un peu l'impression de me noyer dans les personnages légendaires ou magiques, dans les phénomènes bizarres et surnaturels.   La cohérence du monde magique m'a aussi manqué : du début à la fin, de nouveaux personnages, de nouveaux phénomènes viennent s'ajouter sans qu'à un moment on puisse se dire qu'on connaît le fonctionnement de l'univers créé et que le reste de la partie se déroulera selon ses règles. A plusieurs moments, alors que Téodora se retrouve dans une situation particulièrement dramatique, elle en est tirée d'affaire par un phénomène ou un personnage jusque là inconnu.  Pour moi c'est un peu comme si l'auteur trichait en ajoutant sans cesse de nouvelles règles au jeu qu'elle invente. J'aurais préféré un ensemble de lois précises comme dans Harry Potter, où une cohérence rigoureuse est maintenue d'un bout à l'autre et où les retournements de situation pourraient être prévisibles mais sont cachés uniquement par le talent de l'auteur à détourner notre attention.

Dans cette optique, j'ai aussi été dérangée par quelques failles dans la logique de l'histoire : par moments l'auteur est très précise sur quelques détails, mais à d'autres elle semble négliger des éléments importants.  A certains moments je me posais la question : pourquoi Téo fait-elle ceci, pourquoi tel personnage ne fait-il pas cela ?  Tout ceci donne l'impression d'un rêve à l'allure réelle mais où l'on retrouve inévitablement quelques problèmes de logique.  En ce qui concerne le coeur de l'intrigue, il me reste encore pas mal de questions, dont la plus dérangeante concerne le fond de la menace planant sur Venise.  J'ai toujours du mal à me représenter sa nature exacte, et étant donné que c'est le moteur de toute l'action, c'est assez désagréable.  Mais peut-être n'ai-je pas été assez attentive...

Parfois aussi je me suis perdue un peu dans les descriptions.  Même en suivant les ballades de Téo sur la carte fournie au début du livre, j'avais un peu de mal à me représenter tous les lieux décrits. Or, souvent il sont essentiels à la compréhension des événements. 

Bref, je n'ai pas été convaincue, sans trop savoir pourquoi.  Pourtant ce livre est bien écrit, situé dans un magnifique cadre, il est original et plein d'action.  Ne vous fiez donc pas à mon avis et courez lire ceux de mes co-lecteurs, car je suis sûre que parmi eux certains auront adoré.


La fiche bibliomania du livre :

Les avis de mes co-lecteurs :
- Miss Spooky Muffin
- Erato
- Sita
- Flo_boss
- Sabaha
- Eli
- Avalon

01 décembre 2010

L'élégance du hérisson, de Muriel Barbery

Voici un livre que j'ai offert sans l'avoir lu, puis que j'ai reçu à mon tour, que j'ai lu il y a un certain temps et que je commente enfin, à la faveur d'une lecture commune.  Un roman dont on a beaucoup parlé à sa sortie... Et moi, qu'est-ce que j'en dis ?


Résumé :

"Je m'appelle Renée, j'ai cinquante-quatre ans et je suis la concierge du 7 rue de Grenelle, un immeuble bourgeois. Je suis veuve, petite, laide, grassouillette, j'ai des oignons aux pieds et, à en croire certains matins auto-incommodants, une haleine de mammouth. Mais surtout, je suis si conforme à l'image que l'on se fait des concierges qu'il ne viendrait à l'idée de personne que je suis plus lettrée que tous ces riches suffisants. 

Je m'appelle Paloma, j'ai douze ans, j'habite au 7 rue de Grenelle dans un appartement de riches. Mais depuis très longtemps, je sais que la destination finale, c'est le bocal à poissons, la vacuité et l'ineptie de l'existence adulte. Comment est-ce que je le sais ? Il se trouve que je suis très intelligente. Exceptionnellement intelligente, même. C'est pour ça que j'ai pris ma décision : à la fin de cette année scolaire, le jour de mes treize ans, je me suiciderai." 
(quatrième de couverture)

Mon avis :

Avouez que ce résumé vous donne envie de lire ce livre.  Ca m'a fait ça, à moi aussi.  Deux personnages originaux, surtout la concierge ; on a envie de savoir pourquoi elle se cache, pourquoi elle joue la comédie et s'enferme dans une petite vie quasi misérable pour dissimuler ses capacités.  On veut aussi en apprendre plus sur la petite Paloma, même si on devine déjà le malaise de l'adolescente gosse-de-riche et incomprise.  On veut découvrir comment ces deux mondes-là vont se rencontrer et vont s'aider l'un l'autre - c'est toujours ce qui arrive dans ce genre de roman.

Pas de soucis, ouvrez le livre et vous saurez tout cela. Voire plus : on ne s'attend pas vraiment à la douceur de Manuela ou à l'entrée en scène de Mr Ozu. La narration se déroule gentiment, dévoile les secrets des uns et des autres et se termine sur une fin assez brutale mais pas particulièrement décevante. Tout ça se laisse gentiment lire et fait passer un bon moment.

Qu'est-ce que vous dites ?  Condescendante, moi ?  Oui, j'avoue, il y a un peu de ça.  Parce qu'il a manqué quelque chose à cette lecture pour que j'aie envie d'y revenir. Peut-être est-ce le côté caricatural de la chose qui m'a gênée. Renée ne tient pas la route, elle est trop intelligente pour se contenter d'une petite vie misérable, ou pas assez pour se regarder d'aussi haut. Paloma n'est jamais vraiment crédible non plus dans son désir de suicide et plutôt énervante dans son arrogance d'ado. Mr Ozu m'a laissée étonnée, incapable de le cerner réellement et surtout de comprendre ce qui lui permet de percer à jour la vraie Renée.  Arrivée à la fin, j'ai constaté avoir passé un bon moment mais j'ai pu remettre ce livre sur l'étagère sans le moindre regret.

Alors que dirais-je ?   Lisez-le, faites-vous votre propre avis, car je sais que beaucoup ont adoré et vous ne passerez pas un mauvais moment.  Mais ne vous attendez pas à l'oeuvre qui va chambouler la littérature...


La fiche bibliomania du livre :

Mes co-lecteurs :
- ceux qui ont beaucoup aimé : Yogi, Mélusine, Anneso
- ceux qui n'ont pas aimé : Setsuka

30 novembre 2010

Des fleurs pour Algernon, de Daniel Keyes

Voici un livre que je voulais lire depuis que j'ai adoré "Les 1001 vies de Billy Milligan", du même auteur.  Une lecture commune m'a donné l'impulsion pour me lancer. 


Résumé :

Charlie, 32 ans, QI de 68, commence à écrire un journal le jour où il est sélectionné pour être le cobaye d'une expérience pas commune. Des scientifiques ont mis au point une opération au cerveau qui peut augmenter de façon impressionnante l'intelligence de la personne opérée.  Ca a déjà fonctionné pour Algernon, une souris devenue capable de résoudre les labyrinthes les plus compliqués ; cela va aussi changer radicalement la vie de Charlie, le demeuré qui rêve depuis toujours de devenir intelligent. 

Mon avis :

Tout d'abord, un avertissement : ne lisent pas la quatrième de couverture. Sous prétexte de donner l'envie de la lecture, elle dévoile une grande partie de l'intrigue et attire l'attention sur le dernier quart du livre.  Car ce qui est véritablement le coeur de l'histoire de Charlie, c'est son point de vue de déficient mental qui découvre brutalement tout ce que son intelligence limitée ne lui permettait pas de voir.

A ce point de vue, écrire le livre au travers de ses yeux est un éclair de génie et un pari risqué. Les rapports qu'il rédige évoluent aussi vite que lui.  D'une orthographe hésitante et d'un style peu lisible, il progresse petit à petit vers un texte au vocabulaire complexe. On y découvre le point de vue d'un homme à l'intelligence d'un enfant qui prend tout au premier degré, incapable de deviner les sous-entendus sous les mots, incapable de comprendre les émotions des autres ni les siennes, de faire entendre sa voix. On comprend l'équilibre qu'il s'est créé, entre autres grâce à l'aide de certains et à son incapacité à comprendre les moqueries d'autres.  

Puis l'on suit son évolution vers l'intelligence, son apprentissage de sentiments et sa découverte d'un monde tout à fait inconnu pour lui alors qu'il y vivait. C'est difficile et douloureux, car Charlie découvre non seulement le présent mais aussi le passé et tout ce qu'il a raté parce qu'il n'a pas compris.  Il doit faire face à ses fantômes, et plus son intelligence augmente, plus il se retrouve seul, une comète fulgurante qui dépasse tout. 

Tout ceci est extrêmement bien raconté. Cette façon de faire évoluer de façon subtile et pourtant fulgurante le personnage est vraiment une réussite de la part de l'auteur.  Toute l'histoire est construite sur une idée originale qu'il explore en profondeur et dont il exploite toute l'émotion. C'est vraiment fascinant.

Bref, une lecture que j'ai beaucoup appréciée. Décidément, Daniel Keyes a quelque chose pour me plaire ! 


La page Bibliomania du livre :

Mes co-lecteurs :
- ceux qui ont beaucoup aimé : Opales, Setsuka, Mina88, Furby71, Ptitetrolle, Flo_Boss, Petitepom, Scor13, Mélusine, Lexounet
- ceux qui sont moins enthousiastes : Ethernya, Lisalor

08 novembre 2010

C'est lundi ! Que lisez-vous ? (4)

Comme j'ai loupé l'édition de la semaine passée, pas question de manquer cette semaine-ci... Je vais donc essayer de couvrir deux semaines au lieu d'une (heureusement, je n'ai pas eu beaucoup de temps pour lire).



Qu'est-ce que j'ai lu la semaine passée ? 

Il y a un peu plus d'une semaine, j'ai enfin trouvé le temps d'entamer, de continuer et de temriner "Warbreaker", dont vous trouverez la critique juste au-dessous de celle-ci.  Pour ne rien vous cacher, c'est un roman qui colle aux mains une fois qu'on l'a commencé !  Et il n'a pas duré trois jours entre les miennes... A part ça, j'ai lu "Helena Vannek" d'Armel Job, un roman assez court que je vous commenterai bientôt. Enfin, cette semaine, j'ai surtout avancé petit à petit dans "All the king's men", dont je vous ai parlé précédemment et que je déguste page à page.


Qu'est-ce que je lis en ce moment ? 

Toujours occupée avec "All the king's men", j'en suis à peu près à la moitié et c'est celui qui me donne le plus envie en ce moment.


Que lirai-je la semaine qui vient ?

J'ai toujours "All the king's men" à terminer et je ne manquerai pas de le faire, mais j'ai commandé la trilogie "Mistborn" et "Elantris" de Brandon Sanderson, l'auteur de Warbreaker dont je suis devenue totalement fan.  Etant donné que ces livres arriveront bientôt et que je sais d'avance qu'ils me feront de l'oeil, je risque de faire une incursion incontrôlée de leur côté...

Et vous, que lisez-vous ?

Warbreaker, de Brandon Sanderson

Après avoir lu et adoré le premier tome de la série Fils-des-Brumes (Mistborn) de Brandon Sanderson, je brûlais de découvrir une autre œuvre de cet auteur, histoire de savoir s'il avait eu un éclair de génie passager ou si je pouvais m'inscrire directement à son fan club. C'est pourquoi je me suis lancée, en compagnie d'autres lecteurs de Mistborn, dans une petite lecture commune en VO (Warbreaker n'a pas encore été traduit). Voici le résultat.


Résumé :

Entre Hallandren, le grand pays tropical, et son petit voisin le royaume montagnard d'Idris, la guerre couve. Les légendes racontent que plusieurs centaines d'années auparavant, la famille royale d'Hallandren a été forcée de fuir et créer Idris car elle ne cautionnait pas l'utilisation d'une nouvelle forme de magie biochromatique qui combine les Couleurs et la "Respiration", l'âme humaine, pour donner vie à des objets inanimés. Depuis lors, Hallandren vit sous le gouvernement de dieux vivants et de leur Dieu-Roi dans un monde coloré tandis qu'Idris refuse toute couleur et se bat pour garder sa souveraineté face à ce qu'elle considère comme l'hérésie biochromatique. Pour conserver la paix, Idris a accepté d'envoyer une princesse royale à Hallandren pour épouser le puissant et dangereux Dieu-Roi. Mais le moment venu, le vieux roi ne peut se décider à sacrifier sa fille aînée, la douce et parfaite Vivenna, et envoie à sa place sa plus jeune fille, la rebelle Siri...


Mon avis :

Mon avis est simple : Brandon Sanderson cache dans ses romans une formule magique qui transforme le lecteur en drogué jusqu'à la dernière ligne. Je ne sais pas si ça fonctionne pour tout le monde, mais je constate que je suis particulièrement vulnérable à sa magie. Une fois les trois ou quatre premiers chapitres lus, j'étais captivée, physiquement obligée de consacrer l'entièreté de mon temps libre a découvrir la suite. C'est une sensation terrible, mais si bonne...

Il faut dire que ce Monsieur a quand même beaucoup de talent. Il a d'abord une imagination particulièrement fertile, même pour la catégorie "auteurs de fantasy" qui compte quelques bons fournisseurs d'idées farfelues. Ici, comme dans Mistborn, il crée un système de magie totalement original fondé sur des matériaux inédits : les couleurs, que l'on peut percevoir différemment et utiliser comme un carburant quand on en a le pouvoir, et la Respiration (Breath en VO, avec une majuscule), quelque chose qui ressemble a l'âme humaine, mais une âme sans laquelle on peut vivre, que l'on peut donner ou recevoir. Celui qui accumule les Respirations et utilise les couleurs peut donner vie a des objets, notamment des corps humains, qui deviennent alors des armes terrifiantes. Mais comme les habitants d'Idris, le lecteur est aussi encouragé à voir toute l'horreur de ce système complexe qu'il découvre petit à petit, sans jamais se sentir perdu. C'est magistral.

En plus de ça, cette magie, Sanderson a l'idee originale d'en faire la base d'une religion particulièrement bizarre : une religion dont les dieux sont vivants, ou plus exactement ressuscités. C'était un des buts avoués de l'auteur en écrivant ce roman : y développer une idée effleurée ailleurs, celle de dieux vivants, et explorer leur point de vue. C'est ainsi qu'on découvre Lightsong, dieu amusant mais cynique qui ne croit pas en la religion dont il fait partie et cache derrière une nonchalance excessive le malaise de vivre aux dépens d'un peuple pour qui il ne peut rien. Outre les joutes orales savoureuse qu'il nous offre (Lightsong a un humour absurde et épais), c'est surtout une vision du monde très bizarre que l'on découvre.

Un autre talent de Brandon Sanderson est celui de créer des personnages complexes, distincts et terriblement vraisemblables dans leur originalité. Il sait nous faire aimer ceux qu'il souhaite, détester certains autres, faire évoluer les héros et jouer avec nos sentiments de temps à autres. Sans passer par la case "description", il donne a chaque personnage une personnalité unique et la profondeur dont il a besoin pour être crédible. Et ça, ce n'est pas un talent si courant qu'on pourrait le croire.

Enfin, l'intrigue est le gros point fort de ce roman. L'auteur nous mène exactement ou il veut puis retourne la situation en trois phrases, au moment où on s'y attend le moins. L'histoire s'accélère vers la fin, mais d'un bout à l'autre on ne s'ennuie pas une seconde, il y a toujours de quoi nous tenir en haleine et nous surprendre dans l'une des trois parties qui se jouent simultanément : celle de Siri, celle de Vivenna et celle de Lightsong. De quoi nous coller ce livre aux mains.

Un dernier mot pour vous signaler le geste très sympa de Brandon Sanderson : il a mis la version PDF de ce roman en accès libre sur son site web, accompagnée des versions précédentes et de notes sur l'évolution entres les différentes version pour que ceux qui le souhaitent puissent suivre la création du roman. Il explique espérer ainsi donner envie à de nouveaux lecteurs de découvrir son œuvre. En ce qui me concerne, en tous cas, le pari est gagné et je m'en vais de ce clic commander tout ce que je peux trouver de lui !


Pour en savoir plus :
- la fiche Bibliomania du livre :

- le site web de l'auteur, où l'on peut télécharger le roman en .pdf
- la discussion sur le livre sur le forum de Livraddict
- les avis de mes co-lecteurs : Belgarion, Miss Spooky Muffin et Louppatient

27 octobre 2010

Le tour d'écrou, d'Henry James

J'ai relu récemment une longue nouvelle que j'avais déjà critiquée sur mon blog personnel. Je remets cette critique ici parce que c'est un roman qui m'a particulièrement marquée et qui a sa place sur ces pages, ensuite parce que, en trichant de 2 ans (cette nouvelle a été publiée en 1898), ça me fait gagner un point pour le challenge "100 ans de littérature américaine"... Je n'ai toujours pas abandonné l'idée d'atteindre mes objectifs, même s'il ne me reste plus beaucoup de temps !

"Le tour d'écrou" (The Turn of the Screw) est une longue nouvelle écrite par Henry James, un auteur américain du XIXe siècle. Elle m'a été conseillée par un ami qui étudie la littérature anglo-saxonne et qui la considère comme un chef-d'oeuvre. Je n'en avais jamais entendu parler, mais toujours ouverte à de nouvelles aventures littéraires, j'ai suivi son conseil et je me suis procurée cette "novella", sans rien savoir de son contenu. My God, comme disent certains: quelle découverte...


Résumé:

Un soir de Noël, un groupe d'amis se racontent des histoires de fantômes. L'un d'eux décide de ressortir un manuscrit inédit qui lui a été confiée par une gouvernante maintenant décédée, dans laquelle elle raconte une expérience terrifiante vécue alors qu'elle était jeune. Elle s'était vue confier l'éducation de deux jeunes orphelins par leur oncle qui refuse de s'en occuper. La gouvernante est entièrement sous le charme de ces deux enfants si parfaitement adorables. Cependant, à plusieurs occasions, elle remarque la présence d'un homme et d'une femme inconnus à proximité ou dans la maison, qu'elle identifie par la suite comme une précédente gouvernante et un homme travaillant à la résidence, tous deux proches des enfants et tous deux décédés récemment. De plus, la narratrice est persuadée que les enfants sont également témoins de ces apparitions, sans jamais en parler. A partir de là, il s'installe entre la gouvernante et ses pupilles une atmosphère de suspiction, entre amour irraisonné et non-dits insupportables...


Mon avis:

J'ai terminé cette nouvelle il y a deux semaines et je n'en écris la critique que maintenant, parce que je ne voyais pas comment exprimer tout ce qu'il m'est passé par la tête pendant ma lecture et depuis que je l'ai lue. Il s'agit d'une oeuvre si complexe qu'elle a paraît-il tenu en haleine les critiques professionnels depuis sa parution il y a plus de cent ans. Difficile pour moi de m'attaquer à la rédaction d'un compte-rendu valable... Mais je vais essayer, malgré tout.

Pour commencer, autant le dire tout de suite : cette histoire de fantômes n'est pas une histoire de fantômes. C'est un huis-clos angoissant où les fantômes ne sont que des personnages secondaires, l'étincelle qui vient allumer le feu. Assez rapidement, la gouvernante ne les craint plus et par conséquent, le lecteur non plus; l'angoisse émane plutôt du comportement des enfants, et des non-dits de la gouvernante.

La particularité de cette nouvelle, c'est le mystère permanent qui plane sur l'histoire. A chaque "turn of the screw" (littéralement, "tour de vis") qui devrait faire avancer l'intrigue, les réponses sont moins nombreuses que les questions, et l'ombre enveloppe un peu plus le lecteur. La narratrice s'exprime elle-même par élipses, comme si elle ne voulait pas mettre sur le papier ses pensées les plus affreuses, ses décisions les plus radicales. Sans cesse on ne peut que supposer les hypothèses les plus terribles. Henry James joue avec les nerfs du lecteur comme les meilleurs metteurs en scène de films d'horreur: il a compris que dévoiler le monstre est beaucoup moins effrayant que laisser traîner l'image sur l'ombre dans lequel la bête s'est tapie...

Ce sont les non-dits qui portent cette nouvelle : ceux qui ne sont pas dévoilés au lecteurs, et ceux qui planent entre la gouvernante et ses pupilles. Cette relation est malsaine dès le début, quand elle se laisse aller volontairement à un amour sans ombre pour ces deux enfants aussi incroyablement, surnaturellement parfaits - dont son intuition remet pourtant la sincérité en cause dès la première apparition. On ne comprend pas pourquoi elle n'ose pas les confrontrer, et on en vient à se demander si elle est elle-même sincère...

Tout au long de ce texte, Henry James démontre un talent extraordinaire pour créer une angoisse de plus en plus prenante à partir d'un nombre étonnant réduit de faits. C'est en cela que cette nouvelle est un vrai chef-d'oeuvre: on sens que chaque mot a été choisi avec soin pour tenir le lecteur en haleine tout en faisant progresser l'ombre, pour lui permettre de développer mille hypothèses qui se contredisent les unes les autres tout en aboutissant chacune à une impasse. J'ai moi-même passé quelques heures d'insomnies à énumérer les questions laissées en suspens et à élaborer des explications possibles. Je vous en soumets ici quelques-uns, en blanc pour ne pas gâcher la surprise de ceux qui souhaitent livre cette nouvelle (il suffit de surligner avec la souris pour lire ce passage):
- Pourquoi Miles a-t-il été renvoyé de l'école ? Pour des choses qu'il a raconté aux élèves "qu'il aimait le plus", par conséquent des choses dont il se souvenait avec plaisir - mais il dit aussi que ce sont des choses si horribles qu'elles ne pouvaient être écrites à la maison par les maîtres...
-  Comment se fait-il que seule la gouvernante voie les fantômes ? Toute l'histoire pourrait prendre un sens totalement différent s'ils n'étaient que le fruit de son imagination, si elle pensait lire la duplicité dans les yeux de ses pupilles réellement innocents. Mais alors, comment se fait-il qu'elle ait pu décrire Peter Quint et Miss Jessel sans les avoir rencontrés ? Et comment expliquer la dernière scène, où Miles pense deviner que Miss Jessel est à la fenêtre ?
-  Les enfants sont-ils réellement attirés par les fantômes ? Alors comment se fait-il que Miles insiste pour retourner à l'école ?
-  Quel a été ce comportement si répréhensible, si "libre", de Peter Quint envers Miles ? S'agit-il de ce qu'il a raconté à l'école ? Mais est-ce si répréhensible s'il ne montre aucun signe de souffrance, s'il ne fuit pas les fantômes ?
-  Pourquoi Miles meurt-il à la fin ?  La raison semble être que la gouvernante a réussi à se l'approprier en évinçant Peter Quint, mais ne leur a-t-il pas tourné le dos en demandant à retourner à l'école ?
-  Pourquoi la gouvernante refuse-t-elle de confronter les enfants directement, pourquoi ce jeu du chat et de la souris ? Pour ne pas les blesser, semble-t-il - mais les blesserait-elle vraiment quand ils semblent eux-même dominer le jeu ?  Ou bien parce qu'elle n'est pas sûr d'elle, qu'elle a inconsciemment inventé ces fantômes et le sait ?
Je pourrais continuer la liste très longtemps, mais je vous laisse la compléter...


Au niveau du style, la nouvelle est excessivement bien écrite, avec, comme je l'ai dit, un choix des mots particulièrement attentif. Ce qui peut être un problème pour le lecteur étranger : la construction des phrases avec enchaînement des subordonnées, le vocabulaire un peu démodé ou très recherché est parfois un obstacle, et il m'a fallu de nombreuses fois relire une phrase ou un paragraphe pour en cerner le sens.  D'un autre côté, c'est un plaisir de découvrir une oeuvre où le choix des mots a été aussi soigné et un style narratif aussi complexe qu'intéressant.

Bref, je ne peux que conseiller cette lecture à ceux qui souhaitent une part de mystère et un petit plongeon dans la littérature anglo-saxonne haut-de-gamme. C'est un peu comme lire Camus : ce n'est pas facile, mais c'est puissant, complexe et ça laisse des traces.


Pour en savoir plus :
- la fiche bibliomania du livre :


Challenge :  4/6


26 octobre 2010

Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran, d'Eric-Emmanuel Schmitt

Aujourd'hui, je vous offre un petit billet-express. Pas torché en deux minutes, non, mais...  vous allez comprendre.


Résumé :

Momo, c'est Moïse, le petit Juif qui vit avec son père neurasthénique dans un appartement sombre. Son seul ami est aussi le plus improbable : Monsieur Ibrahim, le vieil Arabe propriétaire de l'épicerie du coin.  C'est parce que Monsieur Ibrahim est plein d'une grande sagesse improvisée qui deviendra essentielle à Momo quand il se retrouvera vraiment seul.


Mon avis :

Ce livre a pour moi l'image d'un livre express. D'abord, je l'ai reçu par colis supersonique : envoyé par un ami, il est arrivé dans la boîte aux lettres exactement au moment où je recevais l'e-mail m'annonçant qu'il avait été déposé à la poste.  Il a voyagé plus vite que le courrier électronique, ce coquin !

Express aussi parce que, sur sa lancée, il s'est imposé à moi dès son arrivée et je l'ai dévoré sur le temps qu'il m'a fallu pour prendre ma pause déjeuner (pas bien longue pourtant).  Du coup, j'en profite pour écrire ce billet le même jour, pour ne pas briser l'élan.  Aucun livre n'a été commenté plus rapidement ! 

Il faut dire que ce petit roman se lit tellement vite que je parlerais plutôt de nouvelle, si j'osais. D'ailleurs, c'est ce qu'Eric-Emmanuel Schmitt fait de mieux, les nouvelles (ou les courts romans) : au moins, il n'a pas le temps de trop se regarder le nombril. C'est un monsieur qui donne le meilleur de lui-même dans les petites histoires pas trop longues.  Je l'ai beaucoup aimé dans "L'enfant de Noé" et "Oscar et la dame rose", et certaines nouvelles de "Odette Toulemonde et autres histoires" me sont restées en mémoire ; par contre, je n'ai pas pu terminer "La part de l'autre", "Lorsque j'étais une oeuvre d'art" ou "Ma vie avec Mozart" (mais j'ai écouté tout le CD).  

Alors, pour revenir à Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran, on pourrait dire qu'il a fallu une police de 14 et des marges bien grasses pour en tirer 85 pages (y-compris 8 pages sans texte au début). Ce qui ne me poserait pas de problèmes si on n'avait pas l'impression qu'il avait un peu bâclé la fin.  Pas vraiment bâclé, peut-être un peu précipité, on va dire.  Mais j'avais tellement aimé ce Monsieur Ibrahim et ses petites perles de sagesse, un peu gentillettes mais si mignonnes, que j'aurais voulu que l'intrigue continue à traîner dans son sillage.

Ceci dit, c'est mignon tout plein.  Moins émotionnel que "Oscar et la dame rose" (qui m'avait fait rire et pleurer en moins de cent pages, un exploit), mais agréable à lire.  Facile, tendre, plein de bons sentiments, amusant, le genre de choses qui vous fait passer un bon moment quand on en a besoin d'un. Pas beaucoup plus, soyons honnête, mais on n'a pas besoin de Victor Hugo tous les jours, pas vrai ?

Bref, je recommande pour une petite heure de sourire !  Et en ce qui me concerne, je me reservirai à l'occasion de ce gentil cachou !


Pour en savoir plus, la fiche bibliomania du livre :

25 octobre 2010

C'est lundi ! Que lisez-vous ? (3)

Et c'est parti pour la troisième édition de cette gentille série !



Qu'est-ce que j'ai lu la semaine passée ? 

J'avais prévu pour la semaine passée d'écouter la fin du "Journal d'une femme de chambre", de lire "Warbreaker" et de terminer "Personne".  Eh bien j'ai lâchement failli à mes devoirs.  J'ai bien écouté le "Journal d'une femme de chambre" (dont vous pouvez lire la critique ci-dessous, d'ailleurs), mais je n'ai pas terminé "Personne" parce que j'ai sans cesse oublié de le remettre dans mon sac (je lis surtout dans les transports en commun), et je n'ai pas avancé d'une ligne sur "Warbreaker" parce que l'Ours dont je partage la tannière a honteusement squatté l'iPad et je n'ai ce livre qu'en version pdf.  

Par contre, j'ai commencé et presque fini "Tu ne jugeras point" d'Armel Job, ce n'était pas du tout prévu mais j'ignore pourquoi, il m'a sauté dans les mains.  J'ai aussi recommencé la lecture de "All the king's men", un roman politique américain des années '60 que j'ai déjà lu une fois il y a longtemps et que je voudrais relire pour le critiquer sur ce blog - et avancer dans mon challenge "100 ans de littérature américaine" que j'ai encore une minuscule chance de terminer à temps.


Qu'est-ce que je lis en ce moment ? 

En voilà une question, qu'elle est bonne !  Le problème avec mon habitude de lire en dilettante, c'est que j'ai du mal à définir ce que je suis en train de lire là maintenant. Comme c'est "All the king's men" qui se trouve auprès de mon lit et dans lequel je me plonge chaque soir, ça doit être ça la bonne réponse. Mais ça risque de changer très prochainement.


Que lirai-je la semaine qui vient ?

Il FAUT que  j'arrive à piquer l'iPad à Mr Ours, parce que j'ai très envie de lire Warbreaker, et puis la date de la lecture commune approche à grands pas ! 

 
Et vous, que lisez-vous ?

23 octobre 2010

Le journal d'une femme de chambre, d'Octave Mirbeau

Comme annoncé précédemment, je vous offre ici un petit billet sur le tout premier livre audio que j'aie écouté d'un bout à l'autre. Une lecture choisie au hasard et assez inattendue...


Résumé :

Célestine, femme de chambre en ce tout début de XXème siècle, commence son journal au moment où elle arrive chez les Lelaire, un couple de riches Normands. La petite soubrette parisienne nous soumet ses impressions sur ce nouvel emploi, sur ses maîtres et compagnons, sur ses expériences passées. Elle nous présente ainsi la vie de domestique, ces petites gens qui voient tout, que l'on exploite et qui se vengent bien...


Mon avis :

Je dois dire que vivre une histoire via un audio-livre est une facon tout à fait différente d'aborder un roman. J'ai toujours eu un peu de mal à m'habituer à une voix étrangère qui vient s'immiscer entre le texte et moi. Mais cette fois-ci, j'avais absolument besoin de quoi occuper efficacement mon esprit pendant deux trajets de cinq heures en voiture et un week-end de travaux en extérieur. Mon petit iPod m'avait déjà beaucoup aidé dans des circonstances similaires avec un peu de musique ou quelques podcasts, alors cette fois-ci, j'ai carrément tenté l'aventure de l'audio-livre.

J'ai donc fait un tour sur le site Littérature Audio.com, qui propose des lectures gratuites de livres tombés dans le domaine public. J'ai choisi au hasard un roman que je ne connaissais absolument pas, le "Journal d'une femme de chambre" en question, parce qu'il figurait dans la liste des audio-livres les plus populaires du site.  Et j'ai tenté l'aventure.

Au début, je vous l'avoue, j'ai eu un peu de mal avec la voix de la lectrice, Victoria, qui me semblait trop traînante et pompeuse.  Mais c'est vite passé, quand je me suis rendue compte que ça collait en fait parfaitement à la narratrice de l'histoire, Célestine. La petite soubrette du XIXème siècle devait avoir une voix comme celle-là et la diction parfaitement maîtrisée de la lectrice fait passer avec beaucoup de naturel le vocabulaire un peu dépassé du roman. J'en suis venue à apprécier de plus en plus la jolie voix et ses intonations parfaites, et j'admire maintenant le talent qu'il faut pour prêter sa voix de cette façon.  Tous n'y arrivent pas aussi bien : depuis, j'ai essayé d'écouter "Le grand Meaulnes" raconté par un homme dont la diction m'a obligée à abandonner l'écoute tant elle me semblait inappropriée...

Le roman en tant que tel est très intéressant. Comme j'ignorais tout de ce roman, je ne savais pas à quelle époque il était écrit et je me suis longtemps demandée si un auteur du XIXème siècle aurait osé écrire ce genre de roman ; eh bien, c'est le cas, puisque "Le journal d'une femme de chambre" a été publié en 1900. On est pourtant loin de la Comtesse de Ségur ! La jeune Célestine, délurée, courageuse, parfois médisante et calculatrice, est surtout particulièrement lucide sur sa situation et sur les dessous de la vie de ses maîtres. Elle parle de la position des domestiques qui sont à la merci de leurs maîtres et traités moins bien que des chiens, à qui l'ont refuse les droits les plus élémentaires ; ceux qui sont du matin au soir dans l'ombre de la maison sans qu'on les considère comme des êtres humains à part entière.  Lorsque Célestine parle de ses expériences et de celles d'autres domestiques qu'elle a croisés, on en reste attéré, et même s'il ne s'agit au fond que d'un roman, on y sent une dénonciation sociale qui tenait à coeur à l'auteur.

Mais il ne s'agit pas d'opposer les gentils domestiques exploités aux méchants bourgeois. Le portrait est beaucoup plus nuancé.  Lorsque les maîtres sont trop gentils, les domestiques n'hésitent pas à les gruger ; et lorsque les domestiques se retrouvent en position de force, ils l'exploitent sans honte. La critique n'est donc pas celle de la bourgeoisie, mais celle de l'humanité qui ne montre son bon côté que quand elle se trouve en position de faiblesse. Célestine elle-même reconnaît ses faiblesses sans culpabilité : elle sait quand elle fait le mal, elle se mèle aux médisances des domestiques, elle s'avoue émoustillée par le meurtre ou le vol... Et une nature au fond très frivolle ajoute un ton d'humour sur tout son récit.

L'histoire s'articule autour du séjour de Célestine chez les Lelaire et de l'évolution de sa situation à cette époque, mais Célestine dans son journal s'offre de nombreux retours en arrière sur ses expériences passées.  On ne s'y perd pas, et c'est un plaisir de découvrir toutes sortes d'expériences parfois comiques, parfois cruelles.  Seul le passage concernant "Mr Georges" m'a paru exagéré, mais à l'inverse j'ai particulièrement apprécié les anecdotes où Célestine dévoile les petits secrets d'alcôves de ses maîtresses...  Je n'imaginais pas ainsi la bourgeoisie du XIXème siècle !

Bref, une chouette lecture, une écoute agréable, à laquelle je dois le sauvetage d'un week-end qui aurait été particulièrement insupportable si cette histoire ne m'avait pas occupé l'esprit. Je dois beaucoup à Célestine et à Octave Mirbeau, et j'ai été ravie de cette découverte inattendue !


Pour en savoir plus :
- "Le journal d'une femme de chambre" à télécharger gratuitement sous forme d'audio-livre sur le site Littérature Audio.com ;
- La fiche bibliomania du livre :

18 octobre 2010

C'est lundi ! Que lisez-vous ? (2)

Et c'est reparti pour une semaine !  Que j'espère moins "prise de tête" que la dernière, je dois vous l'avouer.  J'ai encore des tas de retards de chroniques à rattrapper et encore une fois, je n'ai rien lu de ce que je devais lire, mais même comme ça, un petit bilan s'impose. 




Qu'est-ce que j'ai lu la semaine passée ? 

A nouveau, j'ai manqué de temps, et quand j'en ai eu, c'était surtout pour me vider entièrement la tête.  Résultat : je me suis replongée dans la relecture, à nouveau - je suis une grande relectrice dans les périodes de stress, j'aime pouvoir commencer un livre au milieu ou le laisser tomber au bout de quelques pages tout en sachant que je ne rate rien puisque je connais déjà l'intrigue.

Du coup j'ai repris le troisième tome de Millénium, "La reine dans le palais des courants d'air".  Tome 3 parce que c'est mon préféré, parce que c'est le premier qui m'est tombé sous la main (il déborde de la bibliothèque, saleté de format broché), parce que c'est celui que j'ai relu le moins souvent.  Je crois l'avoir relu en entier mais n'en suis pas sûre, vu que j'ai surtout grignoté par-ci par-là dans le désordre.
Pendant les trajets en commun j'ai commencé un roman qui traînait dans ma PAL : "Personne" de Gwenaëlle Aubry.  J'en suis à la moitié (il est assez court) et je verrai si je vous en parlerai tout de suite ou si j'en dirai quelques mots dans le prochain Livraddict Mag. 

Je ne sais pas si ça peut compter pour ce que j'ai "lu", mais étant donné que j'ai passé 8 heures en voiture avec au milieu un week-end à travailler à l'extérieur, j'avais pris soin d'enregistrer sur mon iPod un audio livre choisi au hasard.  Ce fut "Journal d'une femme de chambre" d'Octave Mirbeau.  Je  ne connaissais absolument pas et je l'ai presque terminé, je vous en parlerai bientôt. En tous cas, ce monsieur Mirbeau et sa Célestine m'ont sauvée d'un week-end qui aurait pu être encore plus infernal qu'il n'a été !


Qu'est-ce que je lis en ce moment ? 

Je vais écouter les dernières minutes du Journal d'une femme de chambre" dès que j'en ai l'occasion, et terminer "Personne" dès ce soir.


Que lirai-je la semaine qui vient ?

J'ai toujours "Warbreaker" de Brandon Sanderson sur le feu pour une lecture commune, et pour le reste, je pense me laisser porter par mon instinct  :)

Et vous, que lisez-vous ?

11 octobre 2010

C'est lundi ! Que lisez-vous ?

Mallou a lancé une petite habitude sympa, suivie ici et là sur le net, celle de parler chaque lundi de ses lectures de la semaine.  J'aime bien, c'est facile, rapide, sympa, Mallou nous a même concocté un mignon petit logo... alors je m'y mets aussi !

(et pour ne rien vous cacher, une petite voix au fond de moi me dit que ça fera au moins un article par semaine pour la paresseuse que je suis... mais ne le répétez pas où je me fâche !)


Alors, que lis-je ces temps-ci ?  Pas grand-chose je dois avouer.  Je manque de temps, entre deux boulots et des cours de finnois...  Mais quand même : répondons aux questions de Mallou !

Qu'est-ce que j'ai lu la semaine passée ? 

 La semaine passée a surtout été celle de la relecture, j'aime ça quand je n'ai pas le temps de m'attarder sur une histoire en particulier.  J'ai un peu traîné sur "La huitième couleur" de Pratchett, bien que je l'aie terminé la semaine avant pour une lecture commune.  J'ai aussi relu quelques passages de "Comme un roman" de Pennac, juste pour le plaisir.  J'ai commencé "Sinouhé l'Egyptien" de Mika Waltari, une relecture également, pour le book club de mercredi prochain sur Livraddict.  Et enfin, j'ai entamé "Warbreaker" de Brandon Sanderson sur l'iPad, mais je n'ai pas pu aller très loin vu que mon amoureux a squatté l'iPad la grande majorité du temps.

Qu'est-ce que je lis en ce moment ? 

Je continue avec Sinouhé et Warbreaker. Les deux sont de beaux pavés qui vont me garder occupée un certain temps je pense.

Que lirai-je la semaine qui vient ?

Outre les deux romans sur lesquelles je suis penchée en ce moment, je viens de recevoir "Le Silmarillion" de Tolkien que j'avais commandé et il me fait déjà de l'oeil, je ne sais pas combien de temps je lui résisterai... 


Voilà, comme vous voyez je n'ai pas beaucoup de temps pour les chroniques mais ça ne m'empêche pas d'être bien occupée  ;) 

03 octobre 2010

La huitième couleur, de Terry Pratchett

J'ai lu ce livre il y a un an ou deux, à l'époque où je n'avais pas de blog, et lorsque j'ai vu une lecture commune se profiler, je me suis dit que ce serait une bonne occasion pour le relire et le commenter.  Mauvaise idée : me voici avec un billet publié deux jours en retard... Ce qui ne m'empêche pas de vous donner mon avis !


Résumé :

Dans un monde en forme de disque porté par quatre éléphants debout sur le dos d'une tortue voguant dans l'espace intersidéral, les choses sont forcément un peu bizarres.  La magie fuit de partout, vaguement maîtrisée par des mages formés à l'université ; les Dieux jouent au monopoly avec leurs administrés comme pions ; les villes sont désordonnées et soumises à la loi du plus fort, tandis que les campagnes sont pleines d'êtres aussi étranges que dangereux.  Rincevent, mage renvoyé de l'université avant d'avoir obtenu son diplôme, se débrouille pour passer inaperçu au milieu de tout cela.  Jusqu'au jour où son destin se trouve lié à un petit homme enthousiaste venu d'un autre continent : un touriste... 


Mon avis :

Vous savez ce que c'est, de la fantasy humoristique ?  Si la réponse est non, achetez-vous tout de suite un Pratchett.  Et si la réponse est oui, achetez-vous quand même un Pratchett : il est sûrement bien meilleur que tout ce que vous connaissez.  Tant que vous y êtes, procurez-vous "The color of magic" ou "La huitième couleur", qui est le premier de sa série - la plupart des épisodes des aventures du Disque-Monde peuvent se lire indépendament les uns des autres, mais pourquoi pas commencer par le début...

Ce qui porte ce livre, ce qui le rend inimitable, c'est sans aucun doute l'humour.  Il en faut une sacré dose pour imaginer un monde aussi loufoque, aussi ironique que le Disque-Monde.  L'auteur revisite les thèmes les plus éculés de la fantasy, les mélange, les écornes, et les dépose en désordre sur le plateau de jeu qu'il s'est créé. C'est ébouriffant, c'est le moins qu'on puisse dire. Les héros deviennent des imbéciles fonctionnaire du pillage, les dieux de grands joueurs qui s'ennuient, la magie une espèce de ressource naturelle plutôt dangereuse qu'utile, les mages des vieux idiots empoisonnés par les vapeurs de mercure... Rien n'est prévisible, tout est nouveau et sympathique.

Humour aussi, et surtout, dans le style.  C'est absolument décapant et inimitable. Comme un humour est toujours impossible à décrire, je vous propose un petit exemple, issu de l'introduction de mon édition par l'auteur :
"If I had a penny for every time someone asked me where I got the idea of the Discworld, I'd have - hang on a moment - £ 4.67.
Anyway, the answer is that is was lying around and didn't look as though it belonged to anyone.
The world rides through space on the back of a turtle. It's one of the great ancient myths, found wherever men and turtles were gathered together; the four elephants were an Indo-European sophistication. The idea has been lying in the lumber rooms of legend for centuries. All I had to do was grab it and run away before the alarms went off."
 Ou, autrement dit :
Si j'avais reçu un penny à chaque fois que quelqu'un m'a demandé d'où m'est venue l'idée du Disque-Monde, j'aurais - un petit moment - £ 4.67.
De toutes façons, la réponse est que l'idée traînait et avait l'air de n'appartenir à personne.
Le monde navigue à travers l'espace sur le dos d'une tortue.  C'est l'un des grandes mythes anciens, que l'on trouve dans tous les endroits où hommes et tortues ont été rassemblés ; les quatre éléphants sont une sophistication indo-européenne.  Cette idée se trouvait dans les greniers des légendes depuis des siècles.  Tout ce que j'avais à faire était l'attrapper et m'enfuir en courant avant que les alarmes ne se déclenchent.

J'espère que ça vous donne une petite idée du sens de l'humour Pratchettien : factuel, terre-à-terre, jouant sur les mots et bourré de métaphores des plus originales.  Il enrobe chaque phrase et chaque personnage, jonglant avec les clichés, alternant des descriptions très - trop - conventionnelles des romans d'aventure et de fantasy avec des passages ironisant sur ces clichés. 

L'aventure est présente sans arrêt, on n'a pas une page de calme dans le tourbillon des péripéties qui entraînent Rincevent et le touriste, Deux-Fleurs, d'un bout à l'autre de leur monde.  C'est parfois un peu précipité et par moment j'ai eu l'impression que c'était un peu trop : ils tombent d'une catastrophe à une autre sans aucune prise sur les événements (la plupart du temps) et en fin de compte, le trop-plein d tension atténue l'impatience du lecteur.  Mais là je suis vraiment difficile, parce qu'au final on ne s'ennuie pas et on sourit aux moments où on s'y attend le moins, ce qui fait de cette lecture quelque chose de vraiment exceptionnel. 

Bref, je vous conseille vivement cette lecture, tout en vous prévenant : la fin se termine sur un cliffhanger - bien que le mot s'applique très mal à ce cas-ci, vous verrez pourquoi - qui vous obligera à vous lancer dans le second volume, le huitième sortilège. Mais quand on aime, plus c'est long, mieux c'est, n'est-ce pas ? 


La fiche bibliomania du livre :

Les avis de mes co-lecteurs :

27 septembre 2010

L'Empire Ultime (Fils-des-Brumes tome 1) de Brandon Sanderson

Voici un roman que j'ai déjà brièvement commenté dans le Livraddict Mag Special Fantasy, après l'avoir lu beaucoup trop rapidement à mon goût. Une lecture commune organisée par Lelf sur Livraddict m'a donné l'occasion de le relire plus a mon aise et de lui offrir un vrai commentaire digne du plaisir que j'ai pris a le lire...


Résumé :

Depuis son enfance, Vin la jeune voleuse se bat pour survivre dans un monde impitoyable où il pleut des cendres le jour, où les brumes envahissent la nuit, où le peuple d'esclaves, les skaa, meurt sous l'effort et les coups des maitres nobles. L'humanité est sous la coupe d'un Dieu vivant au pouvoir depuis mille ans et semble avoir renoncé a se rebeller. Mais Kelsier, le plus grand voleur connu, apprend a Vin qu'elle a un don extrêmement rare : c'est une fille des brumes qui peut utiliser la magie allomancienne tirée des métaux. Et il l'engage dans un projet complètement fou : renverser l'Empire Ultime...


Mon avis :

Je vous préviens tout de suite : n'attendez pas de moi un avis trop objectif a propos de ce livre. Quand je m'emballe, c'est pour de bon. J'aime beaucoup la fantasy et son pouvoir de dépaysement supérieur (d'après moi) aux autres genres littéraires, mais je ne suis pas gagnée d'avance (par exemple, je n'ai pas du tout aime Les Dames du Lac qui est pourtant largement plébiscité). Là pourtant, j'ai été très vite emportée et pour tout vous dire, je prends un plaisir particulier a rédiger ce billet rien que pour pouvoir retrouver un moment le pouvoir envoûtant de cette lecture.

Je ne sais pas ce qui m'a particulierement marquée dans cette histoire. Une partie du plaisir vient probablement du monde original et fantastique qui est créé ici. Avec ces histoires de pluies de cendre qui salissent tout, de végétation brune et aride, de brumes nocturnes où se cachent des monstres, jusqu'au palais du Seigneur Maître hérissé de pointes, tout reflète une atmosphère sombre et sans espoir mais pourtant bizarrement crédible.

Au milieu de tout ça débarque une brochette de personnages improbables : Kelsier d'abord, qui a vécu la pire des tortures aux mains du Seigneur Maitre et qui pourtant arbore constamment un grand sourire et un humour sympathique alors que le reste de son peuple courbe le dos. La troupe de voleurs qu'il rassemble fait franchement penser à l'équipe du film Ocean's eleven, des voleurs talentueux qui ne se prennent pas au serieux et s'embarquent dans une mission apparemment impossible. Chacun a sa petite personnalité qu'on apprend à découvrir - j'ai particulièrement aimé Ham, le Cogneur philosophe - et entre eux il y a une complicité qui est l'une des composantes rendant cette histoire si agréable a lire.

Une autre de ces composantes est la magie originale tournant autour de tout un système complexe créé par l'auteur : l'allomancie. Les allomanciens ont la capacité de "brûler" un ou plusieurs métaux après les avoir ingurgités (beurk...) et ces métaux leurs founissent, le temps de leur combustion, les pouvoirs qui leurs sont associés. Certains pouvoirs sont assez "communs" (gagner de la force, influencer les émotions,...) mais d'autres sont tout a fait inattendus, comme exercer une attraction ou une répulsion sur les métaux proches à la manière d'un aimant ce qui permet aux allomanciens de se déplacer de façon acrobatique. C'est bien conçu, bien expliqué et intégré dans l'intrigue de façon à en devenir un rouage essentiel.

Mais je crois que ce qui fait vraiment la valeur de ce roman, c'est l'intrigue.  L'action est incessante, le suspense très bien construit et les surprises pleuvent.  Pas un temps mort ne risque de décrocher le lecteur ; j'ai suivi avidement toutes les péripéties et je n'ai rien vu venir, ni défaites ni victoires.  L'histoire se construit autour de Vin qui n'est pas au courant de tout et qui se laisse surprendre comme le lecteur. Dans les dernières pages, tous les éléments se mettent en place et presque tous les mystères sont résolus.  Il ne reste que quelques minuscules fils d'intrigue dont on pressent qu'ils mèneront au tome 2, mais qui n'empêchent pas d'arrêter là sa lecture sans aucune frustration.

Bref, une lecture plaisir comme je les aime, un récit qui m'a vraiment emportée au point d'être triste de l'avoir déjà terminé.  Il me reste les tomes 2 et 3 pour poursuivre l'aventure, mais malheureusement ils n'ont pas encore été traduits, et j'hésite à acheter ces tomes en anglais quand je possède déjà le premier en français... Quel dilemme !


La fiche Bibliomania sur ce livre :


Les avis de mes co-lecteurs :
Lelf
Leyla
Taliesin
Miss Spooky Muffin
lexounet
Phooka

26 septembre 2010

Jane Eyre, de Charlotte Brontë

Jane et moi, c'est une longue histoire d'amour...  Ma mère me racontait déjà son histoire quand j'étais petite, je l'ai lu et relu en français, et je l'ai également découvert en anglais dès que mon niveau est devenu suffisant.  C'est aussi le premier livre que je lis en entier sur l'iPad.  J'ai donc sauté sur l'occasion d'une lecture commune pour vous en parler, enfin...


Résumé :

Dans l'Angleterre rurale du XIXème siècle, la petite Jane est élevée par sa tante, Mrs Reed. La petite orpheline imposée à sa famille d'adoption est détestée par sa tante, tourmentée par ses cousins, et trouve peu d'affection auprès du domestique.  Un jour où une punition particulièrement injuste lui cause une crise de nerf, le médecin conseille de l'envoyer en pension et Mrs Reed saute sur l'occasion pour se débarrasser de la petite fille encombrante.  Mais à la pension Lowood, la vie n'est pas rose pour les enfants...


Mon avis :

Que dire d'un tel monument de la littérature anglo-saxonne ?  J'ose à peine imaginer les milliers de pages d'analyse de cette oeuvre, les millions de petits anglo-saxons qui se sont obligés de le lire à l'école, les conférences, les thèses de doctorat, les adaptations...  Mon petit avis a peu de poids face à tout ça !

Qu'à cela ne tienne : je pense que vous serez intéressés de savoir ce que moi, j'y trouve. J'ai lu un jour une citation très juste : "Un bon livre est celui qu'on retrouve toujours plein après l'avoir vidé".  C'est tout à fait ce que je ressens en lisant et relisant ce livre.  

La première fois, j'étais envoûtée par l'histoire, les aventures de cette pauvre orpheline qui se bat pour trouver une place dans la société.  Sa soif d'affection étant enfant, ses souffrances à Lowood, son histoire d'amour avec Mr Rochester est tourmentée et romantique à souhait, son errance, ses espoirs...  Tout est si bien décrit qu'on les ressent avec elle.  Cette héroïne fait partie de mes préférées : elle est juste, vraie.  Elle ne s'appitoie pas sur son sort, reste intègre et fidèle à ses principes sans que ceux-ci ne l'empêchent d'être heureuse.  Elle n'est pas sans défaut et elle le reconnaît.  Je m'attache à elle à chaque fois que je relis ce livre, c'est autant une enfant qu'une jeune femme remarquable.

Aux lectures suivantes, j'ai pris le temps d'apprécier le style narratif. Certains le trouveront un peu lourd à cause de son caractère classique, mais ce n'est pas mon cas.  Chaque mot est bien choisi - en anglais, et en français les traductions sont généralement excellentes. Les descriptions sont surtout centrées sur les sentiments de Jane qui reste très sensible au travers de toutes ses aventures, et les sensations qu'elle dépeint gardent une actualité et une universalité étonnantes.  Elle parle de mélancolie, de joie, de bonheur ou de toute autre chose avec une telle vérité que le lecteur, même deux siècles plus tard, s'y reconnaît. Ce qui nous permet de vivre ce roman comme si on y était, et ce qui fait probablement son succès au cours du temps. 

Par la suite, alors qu'après maintes lectures je connais ce roman presque par coeur, je peux un peu prendre mes distances et le regarder avec l'oeil de la lectrice du XXIème siècle que je suis. J'aime alors y lire la modernité des vues de Charlotte Brontë.  La pauvre Jane se trouve dans la situation sociale la pire qui puisse exister à l'époque : née et élevée comme une petite fille riche, intelligente et cultivée, elle n'a pourtant aucune famille sur laquelle compter et aucun droit en société.  Elle se trouve entre deux classes sociales et n'appartient à aucune des deux, une situation que les soeurs Brontë connaissent d'autant mieux qu'elle est la leur. Comme la soeur de Charlotte, Anne, Jane Eyre va se tourner vers la seule situation qui lui soit accessible, celle de gouvernante. 

Le problème est que Jane a un caractère et une volonté très affirmés ainsi qu'une passion et une soif d'affection qui se marquent dès son plus jeune âge.  Si elle parvient à se dominer en grandissant, se conformant aux attentes vis-à-vis de son sexe et de sa classe sociale, elle reste sensible, rêveuse et volontaire à la fois. C'est pourquoi elle sera attirée vers le premier esprit aussi indépendant et intéressant que le sien, Mr Rochester, lequel ne se sent pas non plus tout à fait à l'aise dans la classe sociale privilégiée mais superficielle à laquelle il appartient. 

Mais voilà, ça ne pouvait pas fonctionner.  Les deux sont trop différents malgré tout, trop marqués par leur éducation.  Même si un événement cruel ne venait les séparer brutalement, on sent que les attentes ne sont pas les mêmes.  La société non plus ne les accepterait pas, d'ailleurs.  Il faudra que le destin se charge d'enrichir l'une et d'appauvrir l'autre pour qu'ils aient enfin le droit d'être pleinement heureux. 

Au travers de cette oeuvre, j'ai l'impression que Charlotte Brontë s'est amusée à renverser les barrières sociales qui l'emprisonnent elle-même en créant un conte de fée à sa façon.  Ce côté révolutionnaire est moins perceptible à l'heure actuelle, ce qui fait qu'en se remettant dans l'état d'esprit de l'époque, on peut apprécier cette lecture à un autre niveau et apprendre à admirer Jane et sa créatrice pour leur indépendance d'esprit.

Voilà le genre de livre dont je pourrais parler pendant des heures, mais je vais essayer de vous épargner.  Mon conseil : lisez-le.  Juste pour voir, parce que ça fait partie du patrimoine littéraire mondial et que c'est une oeuvre à laquelle on peut s'attacher, par laquelle on peut se laisser emporter et émouvoir, sans le moindre effort. Et en plus, elle est disponible gratuitement sur internet et très bon marché en version papier... Allez-y, foncez ! 


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